Le gyrin ou tourniquet, un coléoptère nageur

Insecta, Coleoptera, Gyrinidae, Gyrinus - Orectochilus - Aulonogyrinus

Comment reconnaitre les Gyrins ?

Les gyrins sont des coléoptères aquatiques, comme les dytiques ou les hydrophiles, qui flottent généralement à la surface de l’eau. Lorsqu’ils sont dérangés, il nagent très vite en zigzagant (jusqu’à 50 cm/s ! [1]), ce qui leur vaut le surnom de gyrins tourniquets. Ils ont un corps fuselé, avec les deux paires de pattes arrières très élargies (en forme de palettes natatoires - c’est à dire de rame) et deux antennes posées sur l’eau de chaque côté de la tête. Ils possèdent quatre yeux composés, deux sont situés sur le dessus de la tête, et deux autres sous la tête. Ces insectes appartiennent à la famille des Gyrinidae, qui comprend trois genres en France. Le genre Orectochilus (1 espèce en Europe et en France, O. vilosus [2]) est composé d’espèces recouvertes de poils sur le thorax et les élutres, elles sont de couleur brune ou noire. Le genre Gyrinus (14 espèces en Europe, dont 12 en France [3]) est composé d’espèces glabres et qui possèdent un sillon transversal sur le pronotum, ils sont bruns ou noirs metallisé, avec de nombreux reflets. Enfin, les espèces du genre Aulonogyrinus (2 espèces en Europe et en France) sont également glabres, elles ne possèdes pas de sillon transversal sur le pronotum et sont bleues ou vertes métallisé [4] [5].

Vidéo du déplacement d’un gyrin en état d’alerte :

Où vivent les Gyrins ?

Les gyrins sont présents partout en France, Suisse, Belgique et dans le reste de l’Europe. Ils sont présents sur tous les continents hormis l’Antarctique [6].
Les gyrins de l’hémisphère Nord apprécient les eaux acides et calmes des mares, étangs, lacs et bassins de récupération ou de gestion des eaux pluviales [7]. Ils semblent préférer les plans d’eaux riches en végétation, avec des touffes de racines immergées et de nombreuses plantes, mais assez grands pour qu’il y ait des zones complètement dégagées de tout débris et de toute végétation.

De quoi se nourrit le Gyrin ? Quelle est son alimentation à l’état de larve ?

Les gyrins mangent principalement d’autres arthropodes et principalement des insectes et araignées, qu’ils soient morts ou vivants. On peut donc qualifier le régime alimentaire de ces insectes d’insectivore et de carnassier. Ils se nourrissent d’une part des insectes et arthropodes aquatiques qui s’approchent de la surface (daphnies, larves de moustiques,...) et des insectes qui tombent dans l’eau (moucherons, petits hyménoptères,...). Les gyrins adultes se servent des vibrations à la surface de l’eau et de leur vue pour capturer les proies ou trouver les cadavres d’invertébrés dont ils se nourrissent [8]. Leurs larves sont également prédatrices et se nourrissent de petits arthropodes aquatiques présents sur le fond des points d’eaux.
Photo macro d’un gyrin observé en Seine-et-Marne (Île-de-France), appartenant au genre Gyrinus et probablement à l’espèce très commune Gyrinus substriatus :

Le gyrin (famille des Gyrinidae, souvent le genre Gyrinus) est un coléoptère aquatique brun ou noir brillant qui se déplace extrêmement vite à la surface de l'eau. C'est l'un des insectes les plus rapides.
Gyrin, coléoptère aquatique
Photographie macro sur fond blanc d'un gyrin vu de dessus. Il s'agit d'un petit coléoptère noir avec des pattes jaunes très larges, un corps très fuselé entièrement noir et qui flotte à la surface de l'eau où il se déplace très vite dans tous les sens, d'où son surnom de tourniquet.
Gyrin vu de dessus
Le gyrin ou tourniquet est un coléoptère ultra rapide qui se déplace sur l'eau. Il flotte à la surface et ses pattes élargies le propulsent à toute vitesse à la surface de l'eau. C'est un petit coléoptère noir appartenant à la famille des Gyrinidae. Photo macro sur fond blanc de dessus.
Gyrin ou tourniquet

Quel est le cycle de vie du Gyrin ?

Durant le jour, particulièrement le matin, les gyrins s’agrègent (voir la vie en société chez les insectes) au bord des plans d’eaux sur lesquels ils vivent [9]. Ce comportement pourrait être un exemple d’aposématisme : les grands groupes de gyrins flottant à la surface seraient plus facilement reconnaissables par les poissons que les gyrins isolés, et comme les gyrins sont toxiques, les poissons apprendraient à ne pas les attaquer [7] [10]. Vivre en groupe pourrait également leur permettre de se prévenir les uns les autres lorsqu’un prédateur arrive : lorsque l’un des gyrins du groupe détecte un prédateur sous l’eau, il se déplace en produisant des vagues. Les vagues sont détectées par les autres gyrins qui se déplacent à leur tour [11]. Les gyrins sont généralement peu actifs le jour, et se dispersent lorsqu’ils deviennent actifs, le soir et la nuit.

Le cycle biologique des gyrins est mal connu. Les insectes passent généralement l’hiver à l’état adulte, puis se retrouvent au printemps et en été, période durant laquelle aurait lieu la reproduction. Chaque femelle pondrait une trentaine d’oeufs [1]. Les oeufs seraient pondus en particulier sur les éléments flottants dans l’eau à proximité de plantes et de racines immergées [9]. La larve est, comme l’adulte, aquatique. Seule la nymphe ne vivrait pas (ou n’a jamais été trouvée) dans l’eau [12] et construirait un cocon attaché aux plantes juste au-dessus du niveau de l’eau [13], ou dans les zones vaseuses en bord de plan d’eau [1]. Les larves sont prédatrices et vivent au fond de l’eau où elles chassent de petits arthropodes (principalement des larves de diptères [1]). On peut trouver des larves de Gyrins jusqu’à la fin de l’automne et parfois au printemps, ce qui laisse penser qu’elles sont capables de survivre durant l’hiver, probablement en s’enterrant dans la vase [13].

Le gyrin est un coléoptère noir de la famille des gyrinidae, parfois appelé tourniquet, il flotte sur l'eau où il se déplace très vite lorsqu'il est dérangé.
Le gyrin, un coléoptère flotteur

Qui mange les gyrins ? Quels sont ses prédateurs et parasites ?

Le gyrin a en réalité peu de prédateurs. Il est très bien préparé aux attaques de prédateurs aériens, car il possède des yeux sur le dessus de la tête, bouge très vite en zigzagant et peut plonger sous l’eau. Mais il ne se laisse pas pour autant attaquer par les prédateurs aquatiques, puisqu’il possède des yeux sous l’eau. Les gyrins sécrètent également des substances défensives, à l’aide de leur glande pygidiale, qui les rendent répulsifs et toxiques pour les poissons [7] [14] [15].

Comme de nombreux insectes (par exemple les fourmis et les coccinelles), les gyrins sont parasités par de petits champignons de la famille des Laboulbeniales [16]. Certains acariens du genre Eylais sont aussi fréquement retrouvés sur les gyrins adultes [17] [18].

De nombreuses espèces de coléoptères de la famille des Gyrinidae ont été décrites comme menacées, en particulier en Grande-Bretagne [13]. Les causes sont probablement la destruction de leurs habitats, l’introduction d’espèces invasives et la pollution de leurs milieux de vie par les pesticides utilisés en agriculture. Les années à faible pluviométrie peuvent également causer une réduction des populations de gyrins [18].


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Notes et références

[1Renon J-P. (2004). Petite histoire naturelle d’un insecte aquatique de surface. Les gyrins : des champions de la glisse. Insectes n°135(4) : 25-29.

[2Nombres d’espèces de la famille des Gyrinidae selon la liste Fauna Europaea, consultée le 19 Avril 2016.

[3Queney, P. (2004). Liste taxonomique des Coléoptères « aquatiques » de la faune de France (avec leur répartition sommaire). Le Coléoptériste, 7(3), 3-27.

[4Tachet, H., Richoux, P., Bournaud, M., & Usseglio-Polatera, P. (2002). Invertébrés d’Eau Douce (2nd corrected impression). CNRS éditions, Paris.

[5Leblanc, P. (1991). Atlas permanent des Hydrocanthares de France. 2. Gyrinidae, Hygrobiidae, Noteridae. Publications scientifiques du Pavillon Saint-Charles. Association de Gestion de l’Unité de Recherche sur la Nature.

[6Beutel, R. G., & Leschen, R. (Eds.). (2005). Volume 1 : Morphology and Systematics (Archostemata, Adephaga, Myxophaga, Polyphaga partim) (Vol. 4). Walter de Gruyter.

[7Henrikson, B. I., & Stenson, J. A. (1993). Alarm substance in Gyrinus aeratus (Coleoptera, Gyrinidae). Oecologia, 93(2), 191-194.

[8Kolmes, S. A. (1983). Ecological and sensory aspects of prey capture by the whirligig beetle Dineutes discolor (Coleoptera : Gyrinidae). Journal of the New York Entomological Society, 405-412.

[9Fitzgerald, V. J. (1987). Social behavior of adult whirligig beetles (Dineutus nigrior and D. discolor (Coleoptera : Gyrinidae). American Midland Naturalist, 439-448.

[10Heinrich, B., & Vogt, F. D. (1980). Aggregation and foraging behavior of whirligig beetles (Gyrinidae). Behavioral Ecology and Sociobiology, 7(3), 179-186.

[11Vulinec, K., & Miller, M. C. (1989). Aggregation and predator avoidance in whirligig beetles (Coleoptera : Gyrinidae). Journal of the New York Entomological Society, 438-447.

[12Nilsson A. N., 1996. Aquatic Insects of North Europe. A Taxonomic Handbook Vol.1 Ephemeroptera - Plecoptera - Heteroptera - Neuroptera - Megaloptera - Coleoptera - Trichoptera - Lepidoptera : 1-274. Stenstrup : Apollo Books.

[13Foster, G. N. (2010). A review of the scarce and threatened Coleoptera of Great Britain Part (3) : Water beetles of Great Britain. Species Status, 1.

[14Miller, J. R., Hendry, L. B., & Mumma, R. O. (1975). Norsesquiterpenes as defensive toxins of whirligig beetles (Coleoptera : Gyrinidae). Journal of Chemical Ecology, 1(1), 59-82.

[15Benfield, E. F. (1972). A defensive secretion of Dineutes discolor (Coleoptera : Gyrinidae). Annals of the Entomological Society of America, 65(6), 1324-1327.

[16Balazuc, J. (1971). Notes sur le Laboulbeniales. II. Laboulbenia parasites des Gyrinus (plus particulierement europeens et nord-africains). Soc Linn Lyon Bull Mens.

[17Fairn, E. R., Schulte-Hostedde, A. I., & Alarie, Y. (2008). Water mite parasitism is associated with body condition and sex of the whirligig beetle Dineutus nigrior (Coleoptera : Gyrinidae). Ecoscience, 15(3), 327-331.

[18Svensson, B. W. (1985). Local extinction and re-immigration of whirligig beetles (Coleoptera, Gyrinidae). Ecology, 1837-1848.


Vos commentaires et questions:

  • Le 7 juin 2016 par Saxod Raymond :

    Il y a quelques années j’ai réalisé plusieurs etudes,publiées, sur les gyrins en particulier sur les oeufs ,l’éclosion, les larves, les nymphes et la métamorphose..Saxod R. 1964. Loeuf,l’éclosion,la cuticule embryonnaire et la larve néonate de, Gyrinus subsriatus Steph. Trav.Lab.Hydrobio.Grenoble,56,17-28.
    Saxod R.1965.Cycle biologiquede quatre espèces de gyrinidae Bull.Soc.zool.Fr.1,155-163.
    Saxod R.1965.Larves et nymphes de quatre espèces de gyrinidae.Bull.Soc.zool.Fr.1,163-174.
    Saxod R.1974. Etude au microscope electronique de l’Å“uf de gyrinus substriatus Steph.Trav.lab.Hydrobiol.Grenoble,64-65,263-267.


    • Réponse du 26 juin 2016 par La fourmi :

      Bonjour,

      merci beaucoup pour ces références, je ne sais pas comment j’ai pu passer à côté !

      Bien cordialement,
      Myrmecofourmis.fr


  • Le 3 janvier 2019 par leiza :

    Merci pour cet article !
    Il y a deux jours mes enfants on trouvé des gyrins sur le ruisseau qui borde notre propriété ici au Togo (Afrique de l’Ouest). Nous avons pu les observer mais nous n’avions aucune idée de quel animal il s’agissait. Nos voisins nous ont dit que c’était des bêtes qui “nettoyaient l’eau†. Après une recherche sur Google, nous sommes tombés sur votre article. Maintenant nous avons pu mettre un nom sur nos nouveaux amis ! Merci


    • Réponse du 23 janvier 2019 par La fourmi :

      Bonjour,

      je suis ravi d’avoir pu vous aider, merci d’avoir partage cette observation.

      Bien cordialement.



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