Les Strongylognathus, des fourmis qui parasitent d’autres fourmis

Hymenoptera ;Formicidae ;Strongylognathus testaceus

Le genre Strongylognathus contient des espèces de fourmis qui sont des parasites sociaux de fourmis du genre Tetramorium [1]. Ces fourmis se distinguent en particulier des Tetramorium par leurs mandibules lisses et pointues, en forme de sabres. Trois espèces sont présentes en France : Strongylognathus testaceus, Strongylognathus alpinus et Strongylognathus huberi [2]. Strongylognathus testaceus (sur les photos de l’article) possède une forte échancrure à l’arrière de la tête, ce qui n’est pas le cas chez les deux autres espèces. Les Strongylognathus ont évolué au sein du groupe des Tetramorium, ce qui est courant chez les espèces de fourmis parasites.

Une fourmi ailée (princesse, future reine) de Strongylognathus testaceus sous une ouvrière de la même espèce. On peut différencier les ouvrières de Strongylognathus testaceus des ouvrières Tetramorium par leur couleur brun doré.
Strongylognathus testaceus
Strongylognathus testaceus, une princesse fourmi ailée parasite de Tetramorium.
Strongylognathus testaceus, profil

Ces fourmis sont, comme les fourmis amazones, des fourmis esclavagistes. Cela signifie que les colonies de Strongylognathus effectuent des raids dans les nids des fourmis du genre Tetramorium pour leur voler des nymphes et des larves. Les Tetramorium adultes issus de ces raids servent alors les Strongylognathus. Peu d’observations ont permis de mettre en évidence l’activité de raids de vol de nymphes et de larves de Tetramorium par les Strongylognathus. En effet, les raids auraient lieu durant la nuit [3] [4].

De plus, il semblerait que S. testaceus n’effectue que peu de raids (il y a peu d’ouvrières S. testaceus dans les nid de Tetramorium, par comparaison avec les autres espèces du genre Strongylognathus). Cette espèce se rapproche donc de certaines fourmis parasites chez qui les ouvrières sont complètement absentes (comme Anergates atratulus ou Teleutomyrmex schneideri) [5].

Une princesse ailée de Strongylognathus testaceus entourée par des fourmis ouvrières de Tetramorium sp.
Strongylognathus testaceus et Tetramorium

Malgré le faible nombre d’observations, il semblerait que dans certains cas au moins les reines Strongylognathus testaceus cohabitent avec la reine de Tetramorium [6], tout en l’empêchant de produire des mâles et des femelles reproductrices [7].

Une princesse ailée de fourmis de l'espèce Strongylognathus testaceus. On voit bien chez cette future reine la tête très échancrée et les mandibules en forme de sabre.
Strongylognathus testaceus, princesse
Fourmi ailée volante Strongylognathus testaceus de face sur fond blanc avec des mandibules en forme de sabre.
Strongylognathus testaceus, mandibules en sabre

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Notes et références

[1Tinaut, A., Ruano, F., & Martinez, M. D. (2005). Biology, distribution and taxonomic status of the parasitic ants of the Iberian Peninsula (Hymenoptera : Formicidae, Myrmicinae). Sociobiology, 46(3), 449-489.

[2Casevitz-Weulersse, J., & Galkowski, C. 2009. Liste actualisée des fourmis de France (Hymenoptera, Formicidae). Bulletin de la Société entomologique de France, 114(4), 475-510.

[3Sanetra, M. & A. Buschinger. 1996. Slave raiding behaviour in socially parasitic Strongylognathus ants (Hymenoptera, Formicidae). Proceedings XX international Congress of Entomology. Firenze. in Tinaut et al. 2005

[4Sanetra, M. & R. Gasten. 2001. The socially parasitic ant genus Strongylognathus Mayr in North Africa (Insecta : Hymenoptera : Formicidae). Zootaxa, 20:1-20.

[5Sanetra, M., & Buschinger, A. (2000). Phylogenetic relationships among social parasites and their hosts in the ant tribe Tetramoriini (Hymenoptera : Formicidae). European Journal of Entomology, 97(1), 95-118.

[6Sanetra, M., Gasten, R., & Schulz, A. 1999. On the taxonomy and distribution of Italian Tetramorium species and their social parasites. Memorie della Societe entomologica italiana, 77:317-357.

[7Wheeler, W.M. 1910. Ants, their structure, development and behavior. Columbia University Press, New York, 663 pp. in Tinaut et al. 2005



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