Miellat de pucerons et fourmis

Elevage des pucerons par les fourmis et production du miellat

Qu’est-ce que le miellat ?

Les pucerons se nourrissent de la sève des plantes. Comme ils sont presque toujours immobiles, les pucerons n’ont pas besoin de beaucoup de sucres. Mais les pucerons se multiplient très vite, ils ont donc besoin de beaucoup de protéines pour leur croissance. Sauf que la sève des plantes n’est pas particulièrement riche en protéines, elle contient surtout de l’eau et des sucres. L’enjeux pour le puceron est donc de filtrer au maximum la sève de la plante pour en extraire les protéines, et d’éliminer rapidement les sucres et l’eau dont il n’a pas besoin. Le miellat correspond donc aux déjections des pucerons, et il est très riche en sucres (comme le mélézitose, synthétisé à partir du glucose et du sucrose). Le miellat contient tout de même aussi certaines protéines rejetées par les pucerons, ainsi que des vitamines, des minéraux, et des acides aminés. Les fourmis collectent donc les déjections des pucerons car elles sont riches en sucre et autres éléments.

Les abeilles aussi récoltent du miellat. Le miellat est également le principal constituant du miel de sapin. En effet, les mélèzes, les pins et les sapins ne produisent pas de fleurs nectarifères comme la plupart des autres plantes que nous connaissons. Le miel de sapin est donc principalement constitué de miellat de pucerons récolté par les abeilles. Eh oui, les fourmis ne sont pas les seules à prendre soin des pucerons.

On peut cependant plus facilement observer des fourmis récolter le miellat des pucerons sur les plantes que les abeilles qui le récoltent généralement très en hauteur dans les sapins [1].

Pucerons et fourmis sur une plante.
fourmis et pucerons

Comme les fourmis veulent protéger cette source de miellat sucré, elles chassent les prédateurs et parasites des pucerons qu’elles parviennent à détecter. Même si les fourmis protègent les pucerons, de très nombreux insectes parviennent à les attaquer. C’est le cas de certaines guêpes solitaires parasitoïdes de pucerons comme Aphidius colemani, ou de guêpes solitaires prédatrices de pucerons et qui nourrissent leurs larves avec, mais aussi des coccinelles et de leurs larves, de certaines mouches comme les Leucopis ou les Syrphes dont les larves sont prédatrices de pucerons, des larves de chrysopes, des perce-oreilles, des petites punaises géocores, etc...

Le plus souvent, quand une plante du jardin a quelques pucerons, il n’est pas réellement nécessaire de traiter. Les pucerons ne présentent normalement pas de danger sauf pour les fleurs ou les jeunes feuilles qui risquent de pousser déformées. Pour se débarrasser des pucerons, un jet d’eau à faible débit est généralement suffisant, donc pas la peine de dépenser de l’argent ou d’intoxiquer les abeilles avec des produits toxiques (même les remèdes naturels peuvent être dangereux pour les abeilles). Un jet d’eau permet de les faire tomber au sol où ils seront dévorés par d’autres insectes ou mourront de faim.

De jeunes pucerons boivent la sève d'un arbre sur une branche.
Pucerons sur une branche d’arbre

Un puceron attendant quelques fourmis avec une goutte de miellat :

Photographie d'un puceron en train d'excréter une goutte de miellat au bout de son abdomen. On voit que le puceron relève son abdomen vers le haut pour que la goutte de miellat sucré soit récupérée par une fourmi.
Goutte de miellat de puceron

Vidéo de la récolte du miellat de pucerons par les fourmis :

Les fourmis peuvent aussi avoir un rôle bénéfique pour les plantes lorsqu’elles s’occupent des pucerons. Si les fourmis n’étaient pas présentes pour récolter le miellat de pucerons, des champignons se développeraient sur les plantes, tuant les pucerons mais aussi la plante concernée. En effet, si les fourmis ne viennent pas récupérer le miellat le puceron l’éjectera le plus loin possible de sa position, c’est à dire généralement sur la feuille d’en dessous. Le miellat rejeté par le puceron permet le développement de champignons et maladies comme la fumagine, qui profite des sucres présents dans le miellat pour s’implanter et recouvrir les feuilles des plantes. La fumagine bloque la lumière et donc la photosynthèse et affaiblie les plantes. Les fourmis, en récoltant le miellat, permettent d’éviter la fumagine.

Trois fourmis partagent une goutte de miellat au-dessus de leur élevage de pucerons, fixés sur la nervure centrale d'une feuille de noyer.
Fourmis et trophallaxies

Les pucerons se trouvent rarement seuls sur les plantes. On ne peut pas réellement parler de colonies de pucerons car ces derniers ne vivent pas en société, ils s’agglutinent juste aux endroits où ils accèdent à la plus grosse quantité de sève. Lorsqu’ils deviennent trop nombreux, certains développent des ailes [2] et s’envolent.


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Notes et références

[2Geneviève Labrie. Synthèse de la littérature scientifique sur le puceron du soya, Aphis glycines. PDF.


Vos commentaires et questions:

  • Le 27 mai 2018 par plantation Aubriet :

    Bonsoir chers amis de la terre,
    Je vous remercie pr vos remarques et conseilles,
    Par expérience, le mieux serait de laver vos jeunes plants au spray ne serait serait-ce qu’avec de l’eau (j’ai essayé le jus de tabac mais cela ne m’a pas l’air efficace... Il serait judicieux d’essayer avec certaines huiles essentielles..., le genre dont les coccinelles adorent... peut être... je vous invite à expérimenter toutes vos idées et de nous les faires partager
    Merci et à bientôt


    • Réponse du 4 juin 2018 par La fourmi :

      Merci, le spray à l’eau est un très bon conseil, très efficace contre les pucerons, surtout sur les choux.



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