Comment les abeilles contrôlent-elles la température de la ruche ?

Comment les abeilles réchauffent et refroidissent la ruche.

Comment les abeilles contrôlent-elles la température de la ruche ? Quel est la température optimale d’une ruche pour les abeilles ?

Les oeufs, larves et nymphes des abeilles de l’espèce Apis mellifera ne se développent normalement qu’entre 32 et 36°C et la température optimale d’une ruche est de 35°C [1] [2]. Certaines observations montrent que la température d’une ruche peut atteindre 37°C en été lorsqu’il fait trop chaud à l’extérieur pour que les abeilles puissent maintenir la température optimale. De la même manière, la température à l’intérieur de la ruche peut descendre à 12°C en hiver lorsqu’il fait froid [3].

Mais comment les abeilles parviennent-elles à contrôler la température à l’intérieur de la ruche lorsqu’il fait plus chaud ou plus froid dehors ? Comment les abeilles produisent-elles de la chaleur, et surtout comment refroidissent-elles la ruche ?

Comment les abeilles réchauffent-elles la température de la ruche ?

Pour réchauffer la ruche lorsqu’il fait froid dehors, les abeilles font appel à plusieurs comportement :
 Les abeilles sélectionnent le lieu où elles bâtissent leurs ruches dans des endroits particulièrement bien isolés. Par exemple, elles aiment beaucoup les troncs d’arbres morts et le bois est un très bon isolant thermique. Parfois les essaims d’abeilles s’installent aussi dans les murs de briques ou derrière les volets. De la même manière, les apiculteurs utilisent le plus souvent des ruches en bois.
 Quand il fait très froid, les abeilles se resserrent dans la ruche et forment un paquet très serré d’abeilles. Les abeilles le plus à l’extérieur de ce paquet isolent les autres abeilles, la reine, et parfois le peu de couvain qu’il reste pendant l’hiver [3].

Essaim d'abeilles Apis mellifera, avec plusieurs dizaines d'ouvrières serrées les unes contre les autres pour laisser de la place dans la ruche.
Barbe d’abeilles


 Les abeilles remplissent chaque crevasse de propolis, un mélange de résines d’arbres très collant dont elles se servent aussi pour bloquer les parasites hors de la ruche. En faisant ainsi, elles limitent les courants d’air.
 Les abeilles et leurs larves produisent de la chaleur directement par le simple fait d’être en vie. Les ouvrières consomment le sucre contenu dans le miel ou dans leurs propres réserves de graisses (eh oui les abeilles ont du gras !). Lorsqu’elles décomposent ces sucres et graisses en dioxyde de carbone et en eau, elles produisent de la chaleur [4] [5].
 Lorsqu’il fait très froid, les abeilles au centre du paquet d’abeilles contractent leurs muscles alaires sans pour autant voler. En faisant cela, elles augmentent leur métabolisme dans le but de produire de la chaleur [6] [7] [8].

Comment les abeilles refroidissent-elles la ruche ?

Pour au contraire refroidir la température quand il fait trop chaud dehors :

  • Les abeilles ventilent la ruche en battant leurs ailes à l’entrée de la ruche (aussi appelé "trou de vol" par les apiculteurs) [9]. L’eau s’évapore et la ruche se refroidit, il est même possible que l’évaporation de l’eau contribue aux variations de poids de la ruche [10] !
    Voici une courte vidéo montrant comment les abeilles refroidissent la ruche :
  • Les abeilles ramènent des gouttelettes d’eau qu’elles disposent près du couvain ou étalent avec leurs "langues" ou proboscis. Lorsque cette eau s’évapore, la ruche se refroidit [11] [12].
    Deux abeilles mellifères buvant de l'eau dans un ruisseau. Les abeilles utilisent de l'eau qu'elles ramènent à la ruche pour la refroidir. Quand l'eau s'évapore, la température de la ruche diminue.
    Abeilles buvant de l’eau dans un ruisseau
  • Les abeilles sortent à l’extérieur de la ruche pour ne pas émettre plus de chaleur à l’intérieur. Elles forment une grappe en l’entrée ou restent sur la face avant de la ruche, les apiculteurs disent que "les abeilles font la barbe".
    Lorsqu'il fait trop chaud ou que la ruche est trop peuplée, les abeilles sortent à l'entrée en forment une grappe. On dit qu'elle font la barbe.
    Ces abeilles font la barbe

Les abeilles ne sont pas les seuls insectes à contrôler la température de leur nid, voici comment les fourmis des bois régulent la température de la fourmilière.


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Notes et références

[1Seeley, T. & B. Heinrich. Regulation of temperature in the nests of social insects. (1981).

[2Degrandi-Hoffman, G., Spivak, M., & Martin, J. H. (1993). Role of thermoregulation by nestmates on the development time of honey bee (Hymenoptera : Apidae) queens. Annals of the Entomological Society of America, 86(2), 165-172.

[3Watmough, J., & Camazine, S. (1995). Self-organized thermoregulation of honeybee clusters. Journal of Theoretical Biology, 176, 391-402.

[4Simpson, J. (1961). Nest climate regulation in honey bee colonies. Science, 133. 1327-1333.

[5Fahrenholz, L., Lamprecht, I., & Schricker, B. (1989). Thermal investigations of a honey bee colony : thermoregulation of the hive during summer and winter and heat production of members of different bee castes. Journal of Comparative Physiology B, 159, 551-560.

[6Heinrich, B., & Esch, H. (1994). Thermoregulation in bees. American Scientist, 82(2), 164-170.

[7Stabentheiner, A., Pressl, H., Papst, T., Hrassnigg, N., & Crailsheim, K. (2003). Endothermic heat production in honeybee winter clusters. Journal of Experimental Biology, 206(2), 353-358.

[8Stabentheiner, A., Kovac, H., & Brodschneider, R. (2010). Honeybee colony thermoregulation–regulatory mechanisms and contribution of individuals in dependence on age, location and thermal stress. PLoS One, 5(1), e8967.

[9Jones, J. C., & Oldroyd, B. P. (2006). Nest thermoregulation in social insects. Advances in insect Physiology, 33, 153-191.

[10Meikle, W. G., Holst, N., Colin, T., Weiss, M., Carroll, M. J., McFrederick, Q. S., & Barron, A. B. (2018). Using within-day hive weight changes to measure environmental effects on honey bee colonies. PloS one, 13(5), e0197589. Doi : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0197589

[11Lindauer, M. (1954). Temperaturregulierung und Wasserhaushalt im Bienenstaat. Journal of Applied Entomology, 36, 108-112.

[12Heinrich B. 1985. The social physiology of temperature regulation in honeybees. Pages 393-406. Fortschritte der Zoologie 31.



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