Pompiles, guêpes chasseuses d’araignées

Hymenoptera, Pompilidae, Auplopus

Les pompiles ou Pompilidae sont des guêpes solitaires appartenant à une vaste famille qui compte plus de 5000 espèces différentes de part le monde. Les pompiles se remarquent par leur comportement atypique : ils chassent des araignées pour nourrir leurs larves. Les pompiles sont communs et souvent présents autour des maisons où ils trouvent de nombreuses araignées et de nombreuses crevasses où faire leurs nids.

Généralement inoffensives, certaines espèces tropicales sont particulièrement grandes et pourraient piquer si on les dérange, comme ce pompile orangé d’Australie (Cryptocheilus bicolor) :

Sous les tropiques toujours, leur grande taille et leur couleurs vives leur ont valu des noms comme "guêpe tueuse de cheval" (matacaballos) en Colombie et de "guêpe étrangleuse" au Brésil, bien que ces noms soient probablement de simples légendes urbaines. Il semble d’ailleurs que le venin des pompiles soit juste douloureux, mais peu toxique pour les humains, chevaux et autres vertébrés [1].

Une petite espèce de pompile australien, des guêpes chasseuses d'araignées aux ailes souvent colorées pour les espèces qui vivent hors de France. Cette guêpe a capturé une araignée qu'elle ramène à son nid.
Guêpe chasseuse d’araignées (pompile) d’Australie

Ci-dessus on peut voir un petit pompile Australien observé au coeur d’un parc naturel proche de Sydney. Il a bien des ailes colorées ce qui avertit généralement les prédateurs d’une douloureuse piqûre ou de la toxicité d’un insecte.

Mais en France, les quelque 23 espèces [2] de pompiles présentes sur le territoire sont simplement de petites guêpes noires qui abandonnent leur proie et s’en vont au moindre dérangement. Pas de quoi s’inquiéter si vous les voyez autour de votre maison ou dans votre jardin.

Un pompile (guêpe solitaire qui paralyse les araignées) transporte une araignée paralysée vers son nid, après lui avoir coupé les pattes. Hymenoptera, Pompilidae, Auplopus carbonarius.
Guêpe pompile et araignée

Les pompiles se reconnaissent facilement par leur rapidité et par le fait qu’ils inspectent constamment les plantes ou les crevasses des murs à la recherche d’araignées [3]. Leur corps est élancé et leur vol très rapide. Au repos, ils se distinguent des autres guêpes par leurs thorax très large (ces guêpes ont besoin de force à l’avant du corps pour creuser leurs nids [4]) et leurs pattes arrières très allongées, probablement pour avoir plus de force de traction lorsque les femelles tirent les proies jusqu’à leur nid.

Guêpe pompile Auplopus carbonarius, une guêpe noire tueuse d'araignée et sa proie, une araignée dont elle a découpé les pattes.
Guêpe pompile et araignée paralysée

Seule les femelles chassent des araignées, les mâles se content de voler pour trouver des fleurs ou des femelles avec lesquelles se reproduire. Les femelles adultes se nourrissent également de nectar, et ne capturent des araignées que pour nourrir leurs larves.

Pour trouver des araignées, les femelles comment par inspecter des plantes ou des cavités sous les pierres. Ou plus souvent dans les villes, les murs des maisons, murets et trottoirs. Une fois qu’une araignée a été repérée, la guêpe la bloque généralement avec ses mandibules et la pique en recroquevillant son abdomen. Si l’araignée résiste, la guêpe peut simplement s’envoler et revenir après quelques secondes ou s’en aller. Une seule piqûre est généralement suffisante pour paralyser l’araignée. Le venin des pompiles a été très peu étudié [5] mais il semble que la plupart des pompiles paralysent l’araignée de manière permanente [6] [7] (mais pas toutes non plus... [8]).

Une fois l’araignée paralysée, la guêpe la tire jusque dans son nid, une petite cellule en terre où le pompile dépose une seule araignée et un unique oeuf. La larve qui sortira de l’oeuf pourra alors se nourrir de l’araignée.

Une guêpe chasseuse d'araignées (Auplopus carbonarius) noire nettoie ses mandibules au dessus d'une araignée paralysée qu'elle vient de capturer et dont elle a découpé les pattes.
Auplopus carbonarius et araignée

Dans cet article, les macrophotographies du Pompile noir sont d’une espèce française commune, Auplopus carbonarius qui se promenait dans mon jardin. On peut observer que le pompile à sectionné les pattes de l’araignée pour la transporter plus facilement. Je n’ai pas réussi à identifier l’araignée, ce qui est difficile sans ses pattes, mais laissez un commentaire après cet article si vous voulez suggérer une identification.

Une guêpe pompile (Pompilidae: Auplopus carbonarius) et une araignée qu'elle vient de capturer.
Guêpe chasseuse d’araignée et proie

Voici une deuxième vidéo du même pompile géant Australien Cryptocheilus bicolor, qui chasse des araignées loups et des Sparassidae. Vous pouvez y voir le pompile tirer une énorme araignée, et observer la rapidité et la taille de cette guêpe :

Cet article est agrégé au café des sciences.


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Notes et références

[1Schmidt, Justin O. "Venom and the good life in tarantula hawks (Hymenoptera : Pompilidae) : how to eat, not be eaten, and live long." Journal of the Kansas Entomological Society 77.4 (2004) : 402-413.

[2Gros, Edgard. "Notes comportementales sur 23 espèces de Pompilidés de la faune franco-ibérique (Hymenoptera, Pompilidae)." Bulletin de la Société entomologique de France 109.4 (2004) : 387-408.

[3Day, Michael C. Spider wasps : Hymenoptera : Pompilidae. Vol. 6. No. 4. Royal Entomological Society, 1988.

[4Daly, Howell V. ; Doyen, John T. ; Purcell, Alexander H. (1998). Introduction to Insect Biology and Diversity. Oxford : Oxford UP. ISBN 978-0-19-510033-4.

[5Schmidt, Justin O. "Biochemistry of insect venoms." Annual review of entomology 27.1 (1982) : 339-368.

[6Evans, H. E., Yoshimoto, C. M. 1962. The ecology and nesting behavior of Pompilidae (Hymenoptera) of the Northeastern United States. Misc. Publ. EntomoL Soc. Am. 3:67-119.

[7Rathmayer, W. 1966. The effect of the poison of spider and digger wasps on prey (Hymenoptera : Pompilidae, Sphecidae). Mem Inst. Butantan 33:651-58.

[8Iwata, K. 1932. Ecological notes on Ceratina japonica Cockerell (Hym. : Ceratinidae). Mushi 5:14-20.


Vos commentaires et questions:

  • Le 25 juin 2009 par Captcha :

    Elle lui coupe les pattes ... ! pas bête la bête ...

    La grosse poche blanche, c’est l’abdomen de l’araignée ou un sac avec ses oeufs ?


    • Réponse du 26 juin 2009 par L@ fourmi :

      C’est bien l’abdomen de l’araignée !

    • Réponse du 29 août 2016 par Jean-Philippe CHAILLOUS :

      "Elle lui sectionne les pattes pour la transporter plus facilement..." C’ètait la théorie du Dr Erasmus Darwin, le père de Charles. Jean-Henri Fabre conteste cette explication et prétend que c’est uniquement parce que les pattes ne sont pas... comestibles pour sa larve et font partie des déchets. Ce n’est en effet pas le poids supplémentaire des pattes qui empêcherait la guêpe de transporter l’araignée à travers les airs...

    • Réponse du 30 août 2016 par La fourmi :

      Bonjour,

      merci pour votre remarque, je pense que vous avez raison et qu’il faut nuancer ces propos. Toutefois, le poids reste un argument valable à mon avis, et il y a aussi l’encombrement lié aux pattes de l’araignées.
      Toutes les différentes hypothèses seraient très difficiles à tester, mais je pense qu’elles se rejoignent. Pourquoi transporter des pattes lourdes et encombrantes que la larve ne mangera pas. Qu’en pensez-vous ?

      Bien cordialement,

    • Réponse du 5 août 2017 par fanny :

      Bonjour,
      J’ai entendu des bruits étranges sortir de mes poutres du salon et un temps après j’ai trouvé un bout de boue séchée sur mon canapé (il est juste sous une poutre)
      Plus tard une guêpe à volée au dessus de ma tête et elle ressemble étrangement à une guêpe solitaire.
      Sont-elles dangereuses pour l’homme, demain mon fils revient à la maison ??
      Dois-je faire intervenir quelqu’un ?
      Merci à ceux qui prendront le temps de me répondre

    • Réponse du 4 août 2018 par Franck Herbrecht :

      Bonsoir,
      Seuls les pompiles du genre Auplopus coupent les pattes des araignées qu’ils capturent, les autres jamais. Les Auplopus sont des pompiles potiers : ils enferment l’araignée paralysée et sur laquelle ils ont pondu leur oeuf dans un petit tonnelet de terre. On peut supposer que les pattes gêneraient la mise en pot. Parois, chez les autres pompiles, les pattes de l’araignée sont également consommées par la larve, c’est fréquent chez les Dipogon par exemple. Seules les griffes des pattes de l’araignées sont délaissées. Par ailleurs, transporter (et parfois tirer sur une surface verticale, vers le haut) une araignée qui peut faire plusieurs fois son propre poids ne fait pas peur aux femelles de nombreuses espèces, comme Agenioideus apicalis qui chassent les ségestries. Je pense donc que Fabre se trompait en généralisant les "moeurs" d’une seule espèce à tous les représentants d’une famille (5000 espèces connues)... alors que les comportements de prédation et de reproduction sont si variées chez les pompiles !
      Bien cordialement,
      Franck

    • Réponse du 18 août 2018 par La fourmi :

      Merci beaucoup pour ces informations complémentaires très intéressantes.


  • Le 25 juin 2017 par Florence :

    Bonjour,
    Il semble qu’une pompile ait élu domicile dans ma cuisine, sur mes étagères et je souhaiterais qu’elle aille nicher ailleurs. Elle reconstruit ses nids avec ténacité. Connaissez vous un moyen de la faire partir ? Merci d’avance


    • Réponse du 26 juillet 2017 par La fourmi :

      Bonjour,

      si vous continuez à retirer ses constructions elle arrêtera de revenir après quelques jours.

      Bien cordialement



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