Essaimage ou pillage ? Les capteurs de ruches ont la réponse

Il est difficile pour les apiculteurs de surveiller leurs ruches en permanence. Celles-ci sont souvent dans des zones reculèes et parfois difficilement accessibles. Pourtant, garder un oeil sur ses ruches en direct est plutôt utile. Les colonies d’abeilles peuvent essaimer en quelques minutes, ce qui conduit l’apiculteur à perdre une partie non négligeable de ses abeilles. Elles peuvent aussi se faire piller par d’autres colonies d’abeilles, quand il y a peu de fleurs et que les abeilles ont faim, les colonies les plus fortes n’hésitent pas à voler le miel des plus faibles.

Comment les ruches connectées pourraient aider les apiculteurs ?

Depuis quelques années, on voit apparaître dans la littérature scientifique et dans les magasins apicoles de nouvelles méthodes pour surveiller ses ruches. Le nouveau champs de l’apiculture de précision regroupe tous les capteurs, ruches intelligentes ou connectées, que les apiculteurs peuvent ou pourront utiliser dans le futur pour mieux comprendre et gérer leurs abeilles.

Une des méthodes qui intéressent les chercheurs est l’utilisation d’un petit radar à l’entrée de la ruche, qui détecte l’activité des abeilles en vol devant la ruche. Lors d’un essaimage ou d’un pillage, de très nombreuses abeilles volent en même temps devant la ruche. Malheureusement, c’est aussi le cas quand les abeilles apprennent à voler et à s’orienter, ce que les jeunes abeilles ont tendance à faire tous les jours, toutes en même temps et généralement au milieu de l’après-midi.

Ce type de capteur avait donc été un peu délaissé, jusqu’à ce qu’une équipe de chercheurs et d’ingénieurs aient l’idée d’ajouter un micro de guitare acoustique dans la ruche [1]. Ce micro capte les vibrations causées par les abeilles près de l’entrée de la ruche. Grâce à cette astuce peu onéreuse, il est possible de différencier les essaimages des pillages et des vols d’orientations. En effet, lors d’un essaimage, le microphone et le radar enregistrent tous les deux un court pic d’activité. Lors d’un pillage au contraire, il y a plus de vols détectés par le radar durant une longue période et les vibrations augmentent encore plus car les abeilles pilleuses et celles de la ruche s’agitent grandement à l’entrée. Lors d’un vol d’orientation, le niveau de vibrations dans la ruche reste normal, mais les jeunes abeilles volent de longues minutes devant le radar, créant un pic d’activité.

Est-ce que la technologie est parfaite ?

Si tout marchait bien, ce serait bien sur trop beau. La méthode a toujours quelques défauts, qui seront peut-être résolu dans le futur, mais apporte tout de même un outil pratique pour certains apiculteurs.

En particulier, en fonction des saisons, l’équipe qui a développé ce système a noté des fausses alertes plus ou moins fréquentes. Il est aussi possible que les différents matériaux utilisés pour faire des ruches ne permettent pas tous de mesurer les vibrations.

L’autre problème que les chercheurs espèrent résoudre, c’est que les alertes fournies laissent tout de même très peu de temps aux apiculteurs pour se rendre sur place. Si les ruches sont loin, il est possible que l’essaimage soit déjà terminé ou la ruche déjà pillée quand l’apiculteur arrive sur place. Cependant, ils notent que jusqu’à dix jours avant l’essaimage, ils mesurent une activité réduite dans la ruche [2]. En parvenant à filtrer clairement cela, il serait peut-être possible de prédire les essaimages longtemps à l’avance...

[1] Aumann, H. M., Aumann, M. K., & Emanetoglu, N. W. (2021). Janus : a combined radar and vibration sensor for beehive monitoring. IEEE Sensors Letters, 5(3), 1-4.

[2] Ferrari, S., Silva, M., Guarino, M., & Berckmans, D. (2008). Monitoring of swarming sounds in bee hives for early detection of the swarming period. Computers and electronics in agriculture, 64(1), 72-77.