Des fourmis métalliques : les Rhytidoponera

Hymenoptera ; Formicidae ; Ectatomminae ; Rhytidoponera

Les fourmis à tête verte appartiennent au genre Rhytidoponera. Elles sont largement répandues en Australie et présentes en Papouasie Nouvelle Guinée ainsi que sporadiquement dans quelques autres îles de la région océanique [1]. Elles sont absentes de Tasmanie et ont été introduites en Nouvelle-Zélande. Elles ont des couleurs iridescentes allant du bleu au vert en passant souvent par le violet.

Une des espèces les plus iconiques est Rhytidoponera metallica, la fourmi à tête verte métallique. Cette espèce Australienne est l’une des plus iridescentes, elle peut être principalement verte à violette en fonction de l’angle et ses couleurs peuvent être très vives en fonction de l’éclairage.

Une fourmi à tête verte de l'espèce Rhytidoponera metallica prenant soin d'une larve. On voit bien la tête réticulée, ridée de la fourmi et son iridescence verte et violette avec des nuances de bleu.
Rhytidoponera metallica, fourmi verte, bleue et violette

Pourquoi les Rhytidoponera sont iridescentes ?

On ne sait pas grand chose de l’iridescence chez ces fourmis, ni de l’aspect ridé ou "réticulé" de leur cuticule [2]. Cependant, on sait que la piqûre des Rhytidoponera est très douloureuse et que leur venin cause des démangeaisons fortes et des allergies. Ceci, associé à leur couleur bleue ou violette très visible, suggère que les couleurs iridescentes remarquables de ces fourmis aident les prédateurs à se souvenir de leurs piqûres. Un autre indice qui indique que ces couleurs iridescentes ont probablement évolué pour avertir les prédateurs de la douloureuse piqûre de ces fourmis est qu’il existe des espèces de fourmis complètement inoffensives qui imitent les Rhytidoponera. C’est le cas des fourmis épineuses de l’espèce Polyrhachis hookeri, en photo ci-dessous, qui ne possèdent même pas d’aiguillons mais ont exactement les mêmes couleurs que les fourmis à têtes vertes.

Gros plan macro sur une fourmi épineuse de couleurs métalliques iridescentes bleues et violettes, un mimétisme probable des fourmis à têtes vertes du genre Rhytidiponera. La fourmi protège des larves.
Polyrhachis hookeri, fourmi iridescente mimétique

Une autre possibilité est que l’iridescence verte, au contraire, pourrait simplement aider les fourmis à têtes vertes à se camoufler, comme pour les hoplies argentées, ou les hoplies bleues qui sont aussi iridescentes.

Qu’est-ce qui différencie les Rhytidoponera des autres fourmis ?

Les fourmis du genre Rhytidoponera peuvent prendre des formes, des couleurs et des tailles variées en fonction des espèces. Cependant, la plupart ont des couleurs iridescentes très vives et mesurent environs 5 à 7mm. Les reines sont très similaires aux ouvrières, à peine plus grandes et avec un thorax et un abdomen légèrement plus développés.

Une fourmi bleue et violette du genre Rhytidoponera avec un corps très réticulé ou ridé et des couleurs iridescentes et métalliques.
Rhytidoponera sp, fourmi bleue

La coloration iridescente semble varier même au sein des espèces [3], mais la taxonomie de ces espèces a été peu étudiée et semble être complexe. Ces variations pourraient donc en fait être des espèces très similaires.

Quelle est la biologie des fourmis du genre Rhytidoponera ?

Les fourmis à têtes vertes vivent dans une grande variété d’habitats, dans des zones tempérées, subtropicales et désertiques. On trouve les nids au sol, sous des branches et troncs d’arbres morts et sous des pierres.
Ces fourmis sont omnivores et consomment du miellat de pucerons, des insectes qu’elles chassent ou ramassent, et des graines de plantes myrmécochores qui possèdent des élaiosomes. Il semble que de nombreuses espèces de plantes ont des graines qui attirent les Rhytidoponera car les fourmis aideraient à les disperser, à les faire germer et à les protéger des incendies [4].

Les ouvrières se Rhytidoponera sont généralement capables de s’accoupler avec des males et les colonies de ces fourmis peuvent donc se passer de reines. Ces ouvrières sont dites "gamergates" [5]. Cependant, les colonies de Rhytidoponera produisent tout de même des princesses ailées. Les fourmis volantes de ces colonies s’accouplent au printemps, les mâles meurent et les fourmis ailées femelles arrachent leurs ailes après l’essaimage et fondent des colonies. Les reines de cette espèce n’ont que peu de réserves et sortent chasser régulièrement pour nourrir leurs premières larves. Une fois qu’elles ont élevées les premières ouvrières, celles-ci prennent le relais et les reines restent dans le nid et leur rôle se limite à la ponte d’oeufs.


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Notes et références

[1D’après AntMaps.

[2Hellenbrand, J. P., & Penick, C. A. (2023). Ant cuticle microsculpturing : diversity, classification, and evolution. Myrmecological News, 33.

[3Brown, W.L. Jr. (1958). "Contributions toward a reclassification of the Formicidae. II. Tribe Ectatommini (Hymenoptera)" (PDF). Bulletin of the Museum of Comparative Zoology. 118 (5) : 175–362. doi:10.5281/zenodo.26958.

[4Beaumont, K. P., Mackay, D. A., & Whalen, M. A. (2018). The role of Rhytidoponera metallica (Hymenoptera, Formicidae) in facilitating post‐fire seed germination of three ant‐dispersed legume species. Austral Ecology, 43(2), 128-138.

[5Komene, Y., Higashi, S., Ito, F., & Miyata, H. (1999). Effect of colony size on the number of gamergates in the queenless ponerine ant Rhytidoponera aurata. Insectes Sociaux, 46, 29-33.



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