Les acariens de compost : Uroobovella

Avez-vous remarqué la présence de nombreux petits acariens, de couleur rouge, marron, orange ou brune, dans votre compost ou votre lombricomposteur ? Certains de ces acariens se nourrissent de matière en décomposition et des levures qui se développent dans le compost, ce qui explique leur présence fréquente dans les composts et les lombricomposts où ils prospèrent en raison de la disponibilité d’une source de nourriture abondante et du faible nombre de prédateurs.

Les acariens de composts sont-ils problématiques ?

Les acariens sont de petits arthropodes à huit pattes proches des araignées. Il existe de nombreuses espèces d’acariens, et il est possible que certains acariens soient parasites et s’attaquent aux vers de terre, bien que cela soit rare. Lorsque vous en observez des milliers et qu’ils se trouvent fréquemment sur la surface des fruits, il s’agit probablement de petits acariens inoffensifs appartenant au genre Uroobovella. Plus de 8000 acariens du genre Uroobovella peuvent être trouvés dans du compost par mètre carré [1] !

Ces acariens demeurent relativement méconnus, principalement en raison de leur difficulté d’identification. Au moins 256 espèces sont connues à ce jour [2]. Étudier leur comportement, leur cycle de vie ou leur biologie s’avère complexe sans la certitude de travailler avec une seule espèce à la fois. Toutefois, ces petits acariens semblent être dispersés par les humains, vraisemblablement via le transport de fruits et de légumes. On les trouve, par exemple, dans les composts en Turquie, en Hongrie et en Australie [3] [4] [5].

Comment se débarrasser des acariens de compost ?

Si vous constatez leur présence dans votre compost, il n’y a probablement aucune raison de vous inquiéter. Les vers de terre qui cohabitent avec ces acariens dans le lombricompost semblent se porter bien. Il est probable que ces petits acariens se nourrissent des déchets en décomposition en surface, tandis que les vers préfèrent creuser à l’intérieur des restes alimentaires. Si vous souhaitez réduire la population de ces petits acariens, vous pouvez modifier légèrement les conditions de votre compost. Les acariens de ce groupe préfèrent généralement les habitats chauds et humides et se promener à la surface des épluchures. Vous pouvez recouvrir votre compost d’un linge ou de papier journal humide pour limiter l’espace à la surface des épluchures, le protéger du soleil ou faire varier son humidité. Essayez aussi de diminuer la quantité de nourriture que vous ajouter dans votre lombricompost pendant quelques jours, pour que les vers de terre aient le temps de digérer les épluchures déjà présentes. Ces acariens semblent préférer la nourriture sucrée, il peut donc aussi être utile de ne placer que des épluchures de légumes dans votre composteur pendant un certain temps.

En général, même si nous en savons peu sur la vie de ces acariens, il est préférable de les laisser tranquilles. Dans la nature, les Uroobovella jouent un rôle essentiel dans le cycle de la vie, et ils sont souvent observés en train de se nourrir d’insectes morts [6]. Il est probable qu’ils aident les processus de dégradation dans le compost, comme les cloportes et mouches soldates noires qui s’invitent parfois aussi dans les composts.

De plus, il est probablement très difficile de se débarrasser de ces acariens complètement. Ces acariens se déplacent par phorésie [7], cela signifie qu’ils s’attachent à d’autres insectes pour se déplacer. S’ils s’attachent à des mouches ou des scarabées attirés par le compost, ils peuvent donc facilement revenir plus tard ou coloniser un compost auparavant sans acariens.

[1] Ekiz, A. N., & Urhan, R. (2003). A new record of Uroobovella Berlese, 1903 (Acari : Uropodina) from Turkey with some ecological notes. Zoology in the Middle East, 29(1), 105-111.

[2] Voir Ekiz & Urhan 2003.

[3] Voir Ekiz & Urhan 2003.

[4] Kontschán, J., Ács, A., & Suták, A. (2016). Contribution to the soil-dwelling mite fauna of the Hungarian agroecosystems (Acari). Acta Phytopathologica et Entomologica Hungarica, 51(1), 133-143.

[5] Voir distribution sur iNaturalist.

[6] Observations disponibles sur le site iNaturalist.

[7] Voir Ekiz & Urhan 2003.