Les fourmis du genre Cardiocondyla

Hymenoptera ; Formicidae ; Myrmicinae ; Cardiocondyla elegans

On trouve en France deux espèces appartenant au genre Cardiocondyla : C. elegans et C. obscurior. Elles se distinguent facilement des autres gens car elles possèdent un pétiole et un postpétiole (sous-famille des Myrmicinae [1]) et que le postpétiole est très élargi (genre Cardiocondyla [2]). Ce sont de très petites fourmis (moins de 2mm) qui fourragent généralement seules et peuvent recruter d’autres ouvrières par la méthode du tandem-running.

Voici le critère de distinction du genre Cardiocondyla : la flèche bleue montre le post pétiole élargi d’une fourmi ouvrière :

Photographie macro d'une fourmi ouvrière de l'espèce Cardiocondyla elegans. La flèche bleue montre un critère d'identification du genre: le post-pétiole très large par rapport au pétiole.
Identification du genre Cardiocondyla, postpétiole élargi

Et une photographie macro d’une ouvrière de Cardiocondyla ramenant au nid une larve d’insecte capturée :

Ces deux fourmis ouvrières de l'espèce Cardiocondyla elegans ramènent une proie à leur nid. Macrophotographie prise dans une gravière au parc de Miribel-Jonage, dans l'Ain.
Deux fourmis de l’espèce Cardiocondyla elegans transportent une larve

Cardiocondyla elegans est une espèce originaire d’Europe et naturellement présente dans la moitié Sud de la France. Elle est cependant plus commune sur le pourtour méditerranéen. Les colonies sont monogynes (il n’y a qu’une seule reine par colonie) et les mâles sont aptères, ce qui signifie qu’ils ne possèdent pas d’ailes, et se tolèrent sans trop de difficultés au sein des colonies [3]. Les accouplements se déroulent à la fin de l’été, chaque reine s’accouplant avec plusieurs mâles (polyandrie). Les reines fécondées restent dans leurs colonies durant l’hiver et ne quittent leur nid qu’au printemps. Les reines encore ailées essaiment alors seules et partent à la recherche de nouveaux sites de nidification. On trouve les nids de cette fourmi dans le sol, sur les plages de sable ou d’alluvions avec des bancs rocheux ou des galets, ainsi que dans les gravières.

Vidéo macro d’un nid de Cardiocondyla sp sur une plage des Îles Canaries (Fuerteventura, plage de Corralejo) :

Cardiocondyla obscurior est au contraire une espèce originaire d’Asie du Sud-Est [4]. C’est une espèce dite "vagabonde" car on la retrouve localement dans de nombreux endroits du globe où elle est localement présente sans pour autant causer de problèmes évidents pour la biodiversité. Une récente étude suggère cependant que cette espèce pourrait être une menace potentielle pour la faune et la flore locale puisqu’elle peut occuper de manière très dense certains milieux. Elle possède également certaines des caractéristiques communes aux autres espèces de fourmis invasives [5] comme la multiplication des colonies par bourgeonnement (une partie des ouvrières et des reines émigrent pour fonder une nouvelle colonie). On la retrouve ainsi hors de son aire de répartition naturelle en Afrique, en Amérique du Sud et Amérique du Nord, ainsi qu’en Europe et en particulier à Paris. Les colonies sont polygynes (plusieurs reines par colonie) et possède à la fois des mâles aptères et des mâles ailés. Les mâles aptères de cette espèce entrent en conflit au sein des colonies pour l’accès à la reproduction, et les combats peuvent être mortels. Les nids se trouvent dans la végétation au-dessus du sol, comme par exemple dans des brindilles creuses.

Sur la macrophotographie ci-dessous, deux fourmis ouvrières de Cardiocondyla elegans photographiées au parc de Miribel-Jonage (dans l’Ain, près de la ville de Lyon) ramènent une proie dans leur nid.

Deux fourmis de l'espèce Cardiocondyla elegens transportent une proie (larve d'insecte) dans leur nid.
Deux ouvrières de Cardiocondyla transportant une proie

La différenciation des deux espèces de Cardiocondyla présentes en France n’est pas facile : C. elegans ne possèdent pas de "coin" ou "d’épine" anguleuse sous son pétiole, et le dessous du pétiole est droit. Chez C. obscurior on distingue des "coins" anguleux à l’avant et à l’arrière sous le pétiole, et le dessous du pétiole est concave à l’avant [6]. On peut cependant s’aider des couleurs pour l’identification : les ouvrières de Cardiocondyla elegans sont entièrement et uniformément noires, alors que celles de Cardiocondyla obscurior ont une tête et un thorax de couleur roux ou jaunâtre et un abdomen plus foncé, de couleur brune à noire.


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Notes et références

[1La sous-famille des Leptanillinae possède également un double-pétiole mais ces fourmis sont rares et très caractéristiques

[2Les mâles et femelles reproductrices d’Anergates atratulus possèdent également un postpétiole très élargi, mais il n’y a pas d’ouvrières chez cette espèce et ce sont des parasites de fourmis du genre Tetramorium

[3LENOIR, J. C., Schrempf, A., Lenoir, A., Heinze, J., & MERCIER, J. L. (2007). Genetic structure and reproductive strategy of the ant Cardiocondyla elegans : strictly monogynous nests invaded by unrelated sexuals. Molecular ecology, 16(2), 345-354.

[4Fiche de l’espèce Cardiocondyla obscurior sur AntWeb

[5Heinze, J., Cremer, S., Eckl, N., & Schrempf, A. (2006). Stealthy invaders : the biology of Cardiocondyla tramp ants. Insectes sociaux, 53(1), 1-7.

[6Seifert, B. (2002). The ant genus Cardiocondyla (Insecta : Hymenoptera : Formicidae)-a taxonomic revision of the C. elegans, C. bulgarica, C. batesii, C. nuda, C. shuckardi, C. stambuloffii, C. wroughtonii, C. emeryi, and C. minutior species groups. Annalen des Naturhistorischen Museums in Wien. Serie B fur Botanik und Zoologie, 203-338. PDF.



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