Grand coléoptère de la ruche : biologie et comment les contrôler

Oplostomus fuligineus, le grand coléoptère Africain des ruches

Oplostomus fuligineus et Oplostomus haroldi, communément appelés grand coléoptère des ruches, grand scarabée noir des ruches, ou grands coléoptères africain des ruches, sont des insectes potentiellement problématiques qui peuvent avoir un impact significatif sur l’apiculture et les populations d’abeilles sociales. Ils ne doivent pas être confondus avec le petit coléoptère des ruches, qui est déjà présent en France. Ces coléoptères se trouvent dans diverses régions d’Afrique et sont attirés par les colonies d’abeilles. Ils sont adaptés aux environnements arides et semi-arides, ce qui les rend prévalents en Afrique sub-saharienne, où ils sont une nuisance pour les apiculteurs. On retrouve Oplostomus fuligineus au Senegal, au Niger, au Kenya, en Zambie, en Namibie, au Botswana et dans six états d’Afrique du Sud. Ils ne sont pas encore présents en France (à la date de rédaction de cet article, en Septembre 2023) mais sont une menace potentielle pour l’apiculture et les abeilles, en particulier dans le contexte de changement climatique actuel [1].

Photo du scarabée Oplostomus fuligineus aussi appelé grand coléoptère des ruches, scarabée des ruches ou cétoine des ruches. Cet insecte est parasite des abeilles et dévore leurs larves ou leurs réserves.
Oplostomus fuligineus, grand coléoptère des ruches
Photo de Pr. Ben Oldroyd, avec son aimable autorisation.

Comment identifier Oplostomus fuligineus et Oplostomus haroldi ?

Le grand coléoptère des ruches appartient à la famille des Scarabaeidae ou scarabées, et au groupe des Cetoniidae ou cétoines. Ces coléoptères mesurent 20 à 23mm et ont des corps allongés noirs brillants.

Les oeufs sont blancs, de forme ovale, et mesurent entre 2 et 3mm (ils absorbent de l’eau en se développant) [2]. Les oeufs sont pondus dans des plantes en décomposition, des bouses de vaches et déjections d’autres ruminants comme les chevaux. Ils éclosent après six à dix jours.

Les larves qui éclosent se développent dans les déjections des ruminants, et peuvent atteindre plusieurs centimètres de long. Elles ressemblent aux larves des cétoines, c’est à dire de gros vers blancs à la tête rouge ou orange avec de grandes mandibules. Il leur faut 49 à 66 jours pour se métamorphoser en nymphe, dans le sol. Les nymphes s’enferment dans une coque faite de bouse qui durcit au soleil, et deviennent adultes après 21 à 29 jours [2]. Les adultes sortent probablement aux mois les plus chauds et peuvent vivre plus de 30 jours.

Seuls les adultes entrent dans les ruches. On peut différencier Opolostomus fuligineus de Oplostomus haroldi par la forme d’une large plaque à l’avant de la tête, le clypéus. Chez Opolostomus fuligineus, le clypéus est arrondi alors qu’il est droit et saillant de forme rectangulaire chez Opolostomus haroldi. De plus, Opolostomus fuligineus est entièrement noir, alors que Opolostomus haroldi peut prendre une variété de coulorations, soit noir, noir avec des rayures brunes, ou noir avec des rayures oranges [3]. Les femelles des grands coléoptères noirs des ruches dévorent des larves d’abeilles avant de sortir de la ruche pour pondre leurs oeufs.

Oplostomus haroldi est un grand coléoptère noir et orange qui vit dans les ruches des abeilles en Afrique. Il est aussi appelé grand coléoptère noir des ruches ou grand coléoptère Africain des ruches.
Oplostomus haroldi grand coléoptère Africain des ruches
Photo de Pr. Ben Oldroyd, avec son aimable autorisation.

Comportement et impact sur les abeilles

Les infestations de scarabées africains des ruches peuvent être importantes, avec parfois plus de 700 coléoptères retrouvés dans les colonies d’abeilles [1]. Les adultes préfèrent dévorer les larves des abeilles, mais si celles-ci sont absentes, ils consomment aussi le nectar, le miel et le pollen stocké dans la ruche. Les dégâts peuvent être difficiles à détecter dans les colonies d’abeilles en bonne santé car les abeilles réparent vite les dommages causés pour ces scarabées. Dans les colonies plus faibles, on peut voir les traces de ces coléoptères sous la forme de cellules abimées et de larves d’abeilles mortes partiellement dévorées.
Ces coléoptères sont une réelle menace pour les colonies d’abeilles et peuvent causer des dégâts importants en très peu de temps.

Comment protéger les ruches contre les grands coléoptères noirs des ruches

Protéger les ruches contre les grands coléoptères noirs des ruches est relativement simple et correspond au maintien de bonnes pratiques apicoles. En résumé, il faut réduire la taille du trou de vol pour les bloquer, inspecter les ruches régulièrement et maintenir des colonies fortes et populeuses [1].

  • Réducteurs ou grilles d’entrée : Installer des réducteurs d’entrée pour limiter la taille de l’entrée de la ruche est la principale mesure contre ce coléoptère. En France, cela permet aussi de bloquer le sphinx à tête de mort, les souris ou autres rongeurs, et de limiter le pillage des ruches par d’autres abeilles. Les scarabées étant plus grands que les abeilles, des grilles d’entrée étroites sont suffisantes pour les bloquer. Il faut bien sur aussi s’assurer que les ruches et les hausses n’aient pas de crevasses ou de trous assez larges pour laisser les scarabées rentrer.
  • Maintenir des colonies fortes : Une colonie d’abeilles forte et en bonne santé est mieux préparée pour se défendre contre les intrus. S’assurer que vos abeilles aient accès à une nourriture suffisante et aider la colonie a bien se développer est le meilleur moyen de lutter contre le grand et le petit coléoptère des ruches, ainsi que contre la fausse-teigne. Les colonies d’abeilles qui sont incapables de couvrir tous les cadres ne peuvent pas les défendre efficacement contre ces parasites et prédateurs. Il vaut donc mieux retirer ces cadres et utiliser un séparateur pour limiter le volume que les abeilles ont à protéger. Les colonies faibles peuvent éventuellement être renforcées en les nourrissant avec du sirop, du candy ou du pollen, en ajoutant des cadres de couvain operculé, ou en changeant la reine si celle-ci est trop vieille et ne pond plus assez. D’autres mesures incluent trouver un emplacement plus propices au développement des ruches et renforcer l’isolation de la ruche.

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Notes et références

[1Oldroyd, B. P. & Allsopp, M. H. (2017). Risk assessment for large African hive beetles (Oplostomus spp.) — a review. Apidologie, 48, 495-503.

[2Donaldson, J. M. (1989). Oplostomus fuligineus (Coleoptera : Scarabaeidae) : life cycle and biology under laboratory conditions, and its occurrence in bee hives. The Coleopterists’ Bulletin, 177-182.

[3Fombong, A. T., Mumoki, F. N., Muli, E., Masiga, D. K., Arbogast, R. T., Teal, P. E., & Torto, B. (2013). Occurrence, diversity and pattern of damage of Oplostomus species (Coleoptera : Scarabaeidae), honey bee pests in Kenya. Apidologie, 44, 11-20.



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