Non à l’achat de fourmis

Pourquoi Myrmecofourmis.fr est contre les boutiques, l’achat, la vente, et le commerce de fourmis comme animaux de compagnie ?

Depuis plusieurs années, l’engouement pour les fourmis (suscité en partie par la série Les fourmis de Bernard Werber, et par les films 1001 Pattes, Fourmizzz et Minuscule) conduit de nombreuses personnes à élever des colonies de fourmis. Et de nombreuses boutiques en lignes sont apparues pour répondre à la demande des myrmécophiles (=les gens qui aiment les fourmis) les moins initiés, et donc les plus faciles à embobiner...

Donc, non, vous ne verrez jamais de vente de fourmis ici.

Pourquoi ne pas acheter des fourmis ? Les arguments vont des simples raisons financières, à des questions de sauvegarde de la biodiversité.

Pour commencer, les fourmis ne sont pas aussi simples d’élevage qu’un chien ou un chat [1], elles demandent un minimum de connaissances et de matériel. Les techniques d’élevages dépendent de chaque espèce [2]. On ne peut pas dans le milieu de la terrariophilie, se permettre d’acheter et de se renseigner après, ça ne marche pas. Et les vendeurs ne cherchent pas a vous renseigner sur les besoins de ces animaux.

Si vous fouillez les boutiques, vous finirez bien par trouver deux ou trois informations à but marketing sur les fourmis. Ces informations sont donc évidemment insuffisantes : les fourmis ont des modes de vie très différent selon les espèces, pour la nourriture, l’hygrométrie, la température, des périodes de diapause, des photopériodes,...

Par expérience, les nids vendus sont généralement défectueux, fragiles ou inadaptés à l’élevage. Trop petits, trop grands, le système d’humidification ne fonctionne pas bien et noie les fourmis. Les prix sont par ailleurs extrêmement élevés pour le résultat.

Les fourmis vendues sont ramassées dans la nature, soit pendant les essaimages [3] sur des zones très restreintes, en grande quantité, soit par pillage, c’est à dire en creusant des nids dans le sol. Vendre des colonies pillées dans le jardin est absolument contraire aux codes de déontologie appliqués par les entomologistes.

Si vous souhaitez trouver des reines, c’est assez simple. En été, on peut en voir des centaines, il suffit juste de se pencher par terre pour les ramasser, parfois même on doit éviter de les écraser. Pour en trouver, il faut chercher de préférence en été, dans les journées chaudes après ou avant une pluie. Démarrer un élevage ne nécessite presque aucun matériel et n’est pas onéreux.

Pour vous vendre de plus grosses colonies, plus chères, les vendeurs ramassent de nombreuses reines et leurs fournissent des cocons pillés dans des fourmilières, probablement celles de leurs jardins. Il arrive malheureusement que les ouvrières sortant de ces cocons finissent par tuer la reine. On voit d’ailleurs de manière récurrente des erreurs d’identification, les vendeurs n’étant ni scientifiques ni myrmécologues, ils sont généralement incapables d’identifier correctement les fourmis [4]. Le vendeur mélange alors deux espèces qui finiront par s’entre-tuer une fois arrivées chez vous. Ne comptez pas sur le service après-vente.

Les vendeurs ne se soucient pas des espèces qu’ils dispersent. Les fourmis du sud de la France ne sont pas les mêmes que celles du Nord. Il est donc possible qu’une espèce s’adapte aux conditions de vie d’une autre région et devienne envahissante dans cette région [5], certaines espèces s’adaptent même à d’autres climats et continents ! [6] Les espèces d’insectes invasifs sont nombreuses en France [7] , les plus connus sont le frelon et la coccinelle asiatique. Plusieurs espèces de fourmis exotiques envahissent déjà la France, leur impact est déjà visible [8]. Il arrive même qu’un parasite d’une région soit transféré dans une autre région et s’attaque alors à d’autres espèces beaucoup plus sensibles. [9]

Si des mâles ou des femelles ailés obtenus par une colonie achetée sont relâchés dans une autre région, par erreur ou négligence, il peut aussi y avoir pollution génétique [10]
 [11]. Des accouplements entre individus de populations isolées, qui perturbent les travaux des scientifiques et dont il est difficile de mesurer les conséquences. [12]


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Notes et références

[2Philippe CERDAN, l’élevage des Messor, fourmis moissonneuses. INSECTES n°72. 1989.

[5Dossiers Pour la Science - N°65 octobre - décembre 2009 - La conquête des espèces - Comment lutter contre les espèces invasives ?

[6Jacques Lhonoré et Christophe Bouge. Les invasions d’insectes. POUR LA SCIENCE - N° 310 2003.

[9Ruth Hauser. Aethina tumida : la menace se précise. Insectes n°134. 2004.

[12Jean-Claude Monney & Andreas Meyer. Point de vue du karch sur la réintroduction de la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) en Suisse. KARCH. 2008.


Vos commentaires et questions:

  • Le 24 juillet 2023 par Grégoire Colin :

    Bonjour, avez-vous le moyen de me fournir soit des Paraponera clavata soit des Harpegnathos venator ?


    • Réponse du 26 juillet 2023 par Théo :

      Bonjour,

      vous êtes au mauvais endroit pour acheter des fourmis tropicales et exotiques...

      cordialement



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