La fausse-teigne et petite fausse-teigne des ruches

La petite fausse teigne des ruches (Achroia grisella) et la grande fausse teigne des ruches (Galleria mellonella) sont deux espèces de papillons de nuit considérés comme des parasites nuisibles pour les abeilles. Ces papillons de nuit appartiennent tous deux à la famille des Pyralidae et à la sous-famille des Galleriinae et sont communément appelés « fausses teignes » en raison de leur ressemblance avec d’autres papillons qui s’attaquent à la laine et aux mites de farine qui mangent les graines séchées de nos placards. Ces deux espèces sont parfois présentes en même temps dans les ruches.

La petite fausse teigne des ruches Achroia grisella

Achroia grisella, également connue sous le nom de petite teigne de la cire, est un parasite des ruches. Les larves d’Achroia grisella, qui sont techniquement des chenilles, se nourrissent préférentiellement des larves et nymphes des abeilles dans les ruches, ainsi que du pollen stockés par les abeilles. Si ces ressources ont déjà été consommées par d’autres larves de fausses-teignes, elles peuvent aussi se nourrir de miel. Les larves endommagent les cadres en rongeant la cire et en créant des tunnels tapissés de soies et de leurs déjections, ce qui empêchent l’accès aux abeilles. Lorsque les ruches sont complètement envahies, il arrive que les abeilles essaiment en urgence pour fonder une colonie dans un nouvel endroit.

Cycle de vie de la petite fausse-teigne des ruches
Les oeufs de la petite fausse teigne sont sphériques et de couleur blanc crème, ils éclosent en 5 à 8 jours. Les larves d’Achroia grisella sont blanches avec une tête marron à noire et mesurent jusqu’à 20 mm de long. Les chrysalides sont présentes dans les ruches et sont brunes. Les adultes sont des papillons de nuit de couleur beige-brun mesurant environs 1,3cm de long et d’envergure, avec des ailes antérieures brunes et des ailes postérieurs beiges pâles ou blanches. Ils ont généralement une tache jaunâtre distinctive à l’avant de la tête.

Durant la nuit, les mâles des petites fausses teignes produisent des sons pour attirer les femelles [1] [2]. Ils se placent généralement sur ou à proximité des ruches et battent leurs ailes. Les mâles utilisent des ultrasons et des phéromones pour attirer les femelles. Après l’accouplement, les femelles rentrent dans les ruches et pondent leurs œufs sur la cire.

Distribution
La petite fausse-teigne est présente dans la plupart des régions du monde, à l’exception des zones où les abeilles ne vivent pas. Les activités humaines, telles que le commerce et le transport des abeilles et des produits des ruches, ont involontairement facilité leur propagation dans diverses régions. Elles prospèrent plus facilement dans des régions chaudes et tropicales que dans des climats plus froids, mais résistent à des températures plus basses que la grande fausse teigne.

La grande fausse teigne des ruches Galleria mellonella

Galleria mellonella, également connue sous le nom de grande fausse teigne de la cire, est un autre parasite de la cire d’abeille. Les larves de Galleria mellonella se nourrissent des larves et pupes d’abeilles, ainsi que du pollen et du miel stockés par les abeilles. Les larves peuvent également causer des dommages structurels en rongeant la cire et en créant des tunnels dans les cadres.

Les oeufs de la grande fausse-teigne sont ovales, mesurent environs 0,5 mm de long et 0,4 mm de large et sont de couleur rose ou blanc crème [3]. Les larves de Galleria mellonella sont de couleur brun et blanc crème avec des taches brunes sur le corps. À l’éclosion, elles mesurent 1 à 3 mm de long et grandissent jusqu’à 3 cm de long. Les pupes ou chrysalides sont jaunes ou brunes et mesurent 2 cm. Les adultes sont des papillons de nuit de couleur argentée et brun-rougeâtre avec des ailes antérieures finement rayées de brun foncé. Les femelles mesurent 1,5 à 2cm de long et 3cm d’envergure. Les mâles sont plus petits et de couleur plus claire. Les femelles pondent leurs œufs sur la cire des ruches et les larves émergent environ 4 à 5 jours plus tard.

Répartition Géographique de la grande fausse-teigne des ruches
Galleria mellonella a originellement été observé en Asie puis s’est probablement répandu à l’échelle mondiale, infestant les colonies d’abeilles dans tous les continents [3]. Le papillon est étroitement lié aux zones où les abeilles sont élevées, rendant les régions propices à l’apiculture vulnérables aux infestations.

Stratégies de prévention et de contrôle contre les fausses-teignes

La lutte contre Achroia grisella et Galleria mellonella dans les colonies d’abeilles nécessite l’inspection fréquente des cadres, en particulier des cadres de côtés et des hausses. Si les colonies d’abeilles sont trop petites, les fausses-teignes commencent généralement par attaquer les cadres qui ne sont pas couverts par les abeilles. Le meilleur moyen de lutte contre la petite fausse-teigne est de maintenir des colonies en bonne santé en renforçant les colonies d’abeilles faibles en leur donnant du sirop, du pollen, des cadres de couvain ou de jeunes abeilles d’autres colonies en fonction de leurs besoins pour les aider à se développer rapidement. Si cela n’est pas possible, il vaut mieux placer les abeilles dans une ruchette de taille adaptée à la colonie, ou retirer les cadres inutilisés en les remplaçant par des partitions isolantes. L’idée est de s’assurer que les abeilles couvrent toujours tous les cadres afin qu’elles puissent détecter et tuer les fausse-teignes adultes et leurs larves.

Placer une grille pour réduire l’entrée des ruches peut aussi aider les abeilles à défendre la ruche contre les femelles fausse-teignes cherchant à y pondre leurs oeufs. Les abeilles préfèrent généralement des entrées ou trous de vol plus petits et plus faciles à défendre.

Pour empêcher les fausses-teignes de s’attaquer aux cadres stockés (par exemple, en hiver ou en dehors des miellées), les apiculteurs peuvent utiliser diverses stratégies pour contrôler et prévenir les infestations de petites fausses teignes. Les cadres stockés ne doivent pas contenir de restes de couvain, de pollen ou d’abeilles. Si c’est le cas, il convient de placer ces cadres dans une ruche pour que les abeilles puissent les nettoyer. Les cadres retirer doivent idéalement être congelés pendant 72h à -18 degrés Celsius pour tuer les fausses-teignes, leurs larves et leurs oeufs. Les cadres peuvent ensuite être placés dans une boite fermée hermétiquement ou au moins empêchant les fausse-teignes et les petits coléoptères de la ruche d’y rentrer. Idéalement, un produit absorbant l’humidité y est placé, et les cadres sont placés verticalement et conservés à une température inférieure à 20 degrés pour éviter qu’ils ne se déforment.

Les apiculteurs professionnels utilisent souvent une chambre froide à moins de 4 degrés Celsius pour stocker ces cadres. Bien que la fumigation avec certains gaz toxiques puisse être utilisée, ces produits sont généralement nocifs et peuvent représenter un danger pour les apiculteurs lorsqu’ils sont stockés dans des espaces clos.

Des appâts collants à phéromones peuvent aussi être utilisés pour piéger les fausses-teignes présentes autour des ruchers et des lieux de stockage des cadres et des cires. Ceux-ci peuvent parfois être achetés en magasin apicole, et consistent généralement en un petit bouchon contenant une substance qui attire les fausses-teignes placée dans un carton en triangle couvert de glue.

Il existe peu de prédateurs naturels des fausses-teignes, cependant, les chauves-souris sont capables de détecter les mâles lorsqu’ils produisent des ultrasons [4]. Il peut donc être utile de placer des abris à chauve-souris autour des ruchers pour augmenter la présence des ces prédateurs naturels. Certaines guêpes parasitoïdes peuvent aussi pondre leurs oeufs dans les chrysalides des grandes fausses teignes mais ne semblent pas être vendues dans le commerce [5].

[1] Spangler, H. G., & Takessian, A. (1986). Further observations on sound production by the lesser wax moth, Achroia grisella (F.)(Lepidoptera : Pyralidae). Journal of the Kansas Entomological Society, 555-557.

[2] Greenfield, M. D., & Coffelt, J. A. (1983). Reproductive behaviour of the lesser waxmoth, Achroia grisella (Pyralidae : Galleriinae) : signalling, pair formation, male interactions, and mate guarding. Behaviour, 287-315.

[3] Kwadha, C. A., Ong’amo, G. O., Ndegwa, P. N., Raina, S. K., & Fombong, A. T. (2017). The biology and control of the greater wax moth, Galleria mellonella. Insects, 8(2), 61.

[4] Cordes, N., Engqvist, L., Schmoll, T., & Reinhold, K. (2014). Sexual signaling under predation : attractive moths take the greater risks. Behavioral Ecology, 25(2), 409-414.

[5] Ryan, R. B. (1971). Interaction between Two Parasites, Apechthis Ontario and Itoplectis quadricingulatus. Survival in Singly Attacked, Super-, and Multiparasitized Greater Wax Moth Pupae. Annals of the Entomological Society of America, 64(1), 205-208.