Publié le 21 juin 2023 et mis à jour le 11 octobre 2024.

Comment devenir apiculteur ?

Comment se lancer dans l’apiculture



L’apiculture est une pratique millénaire qui consiste à élever des abeilles sociales pour récolter le miel et d’autres produits de la ruche comme la cire ou la propolis, ou pour polliniser les cultures. L’apiculture remonte à l’Antiquité, où les premières traces d’élevage d’abeilles remontent à l’Égypte ancienne. Il est donc peu surprenant qu’autant de personnes souhaitent devenir apiculteurs ou apicultrices.

Cependant, l’apiculture est confrontée à de nombreux défis. Les maladies et les parasites, tels que le Varroa destructor, peuvent affaiblir et décimer les colonies d’abeilles. Les pesticides et les changements environnementaux, tels que la perte d’habitat et le changement climatique, représentent également une menace pour les abeilles et leur survie.
Avant de devenir apiculteur ou apicultrice, il est donc important de comprendre ce que demande la maintenance d’une ruche. Voici les informations essentielles avant de vous lancer :

En quoi consiste le travail d’un apiculteur ou d’une apicultrice ?

Le travail d’un apiculteur ou d’une apicultrice est de maintenir des colonies d’abeilles en bonne santé pour produire du miel, d’autres produits de la ruche comme le pollen, la cire, ou la propolis, et pour polliniser les cultures. Ce travail est très varié, exigeant et nécessite des connaissances théoriques approfondies sur les abeilles, des compétences pratiques et un dévouement constant envers la santé et le bien-être des colonies. Les principales taches des apiculteurs et apicultrices sont la maintenance des colonies, la maintenance du matériel apicole et la production de ressources comme le miel et autres produits de la ruche, ou la pollinisation de cultures

L’apiculteur ou l’apicultrice est responsable de la gestion des colonies d’abeilles. Cela inclut la surveillance régulière des ruches pour s’assurer que les abeilles sont en bonne santé et qu’elles disposent de suffisamment de ressources pour se développer. L’apiculteur ou l’apicultrice doit être constamment à l’affût des problèmes de santé liés aux abeilles. Les maladies et les parasites peuvent causer d’importants dégâts aux colonies d’abeilles et les apiculteurs doivent les surveiller et les traiter si nécessaire. L’apiculteur doit également prendre des mesures pour minimiser l’exposition des abeilles aux pesticides et aux autres produits chimiques nocifs, par exemple en choisissant des lieux appropriés pour placer ses ruches.

Deux apiculteurs en vareuse, l'habit de protection des apiculteurs, inspectent la santé d'une ruche. L'apicultrice à droite porte un cadre de ruche couvert d'abeilles dans ses mains.
Un apiculteur et une apicultrice inspectent des ruches

Les abeilles sont des insectes sociaux qui vivent en colonies organisées. Une colonie d’abeilles est composée d’une reine, de milliers d’ouvrières et de quelques faux-bourdons (lesmâles des abeilles). La reine est la seule femelle de la colonie capable de pondre des œufs fécondés. Le rôle de la reine est de pondre des œufs, par centaines. Les ouvrières elles entretiennent la ruche et la colonie. Sans reine, la colonie meurt. L’apiculteur doit donc vérifier la présence de la reine, la ponte des œufs, ainsi que l’approvisionnement en nourriture, à savoir le nectar et le pollen.

La gestion d’un rucher inclue bien sur également la gestion du cheptel, c’est-à-dire que les apiculteurs et apicultrices doivent s’assurer de la reproduction ou multiplication des colonies pour remplacer leurs pertes de colonies d’abeilles, agrandir leur rucher, ou vendre des colonies d’abeilles. La gestion de la reproduction des colonies peut impliquer la sélection de races d’abeilles, l’élevage de nouvelles reines ou la division des colonies pour créer de nouveaux essaims.

L’apiculteur doit également veiller à ce que les ruches soient placées dans un environnement approprié pour les abeilles. Les apiculteurs bougent souvent leurs ruches en fonction de la floraison de différentes fleurs pour maximiser la récolte de nectar et pollen par les abeilles. Changer l’emplacement des ruches en fonction des floraisons peut aussi aider les apiculteurs à produire des miels variés (miel de montagne, miel de prairie, miel d’acacia, miel de forêt etc…) pour vendre des produits plus diversifiés.

L’apiculteur est également responsable de la récolte du miel. Cela comprend la planification de la récolte en fonction de la production de miel des colonies, la préparation du matériel nécessaire (extracteur de miel, filtres, pots), et le processus de récolte lui-même. Extraire le miel est un processus intense. Les « hausses » chargées de miel sont souvent portées à bout de bras, les abeilles brossées hors des cadres ce qui peut engendrer de nombreuses piqures, puis les cadres doivent être transportés et extraits à l’aide d’une centrifuge. En plus de la récolte du miel, l’apiculteur peut également collecter d’autres produits de la ruche, tels que le pollen, la cire, la propolis, la gelée royale et le venin d’abeille. Chacun de ces produits a ses propres utilisations (souvent à des fins thérapeutiques non démontrées scientifiquement).

Comment devenir apiculteur ?

Se lancer dans l’apiculture est difficile. Les connaissances nécessaires pour être apiculteur ou apicultrice sont très vastes et complexes. Avant de se lancer dans l’apiculture, il est donc important de lire des livres sur les abeilles. Le "traité Rustica de l’apiculture" est un bon point de départ.

Pour devenir apiculteur, les livres ne suffisent cependant pas. Il vaut mieux suivre une formation spécifique, rejoindre des associations apicoles et il faut aussi bien sur se procurer du matériel d’apiculture. Il existe des formations professionnelles et des stages d’apiculture dispensés par des centres spécialisés, des associations apicoles et des institutions agricoles.

Cherchez des formations près de chez vous, en particulier celles offertes par les syndicats ou écoles d’apiculture qui proposent souvent des cours pratiques, et parfois même un endroit où placer ses ruches (par exemple un rucher école). Vous pouvez trouver des cours d’apiculture près de chez vous en contactant des associations apicoles locales, des fermes apicoles ou en recherchant en ligne des centres de formation. L’apiculture est très développée en France, Suisse, Belgique et Canada et les centres de formation apicole sont très nombreux. Certains apiculteurs proposent même des cours à domicile, et il est souvent possible de suivre des cours même en ville.

Si vous ne savez pas par où commencer, trouvez un magasin d’apiculture local et demandez conseil aux vendeurs, ils sauront probablement vous orienter vers le meilleur centre de formation près de chez vous.

En dehors des cours, pour devenir apiculteur ou apicultrice, je recommande un dos en bon état. L’apiculteur demande d’être capable de soulever des poids d’au moins 25kg, ce qui n’est pas toujours donné à tout le monde. Si ce n’est pas votre cas, lancez-vous avec un ami pour partager le poids et la charge de travail. L’apiculteur demande aussi de la passion. C’est un travail difficile, parfois ingrat quand les abeilles sont énervées ou quand les ruches meurent. Enfin, mieux vaut ne pas être allergique. Vous rencontrerez probablement des apiculteurs allergiques qui continuent tout de même leur activité mais les risques sont très élevés. Se faire piquer par des abeilles fait partie du quotidien pour les apiculteurs professionnels.

Quel équipement est nécessaire pour être apiculteur ?

L’équipement de base comprend une combinaison de protection ou « vareuse », des gants, un enfumoir, des outils de manipulation des cadres (lève-cadre), ainsi qu’une ruche et des cadres de cire.
Il vous faudra ensuite louer ou obtenir des équipements spécialisés pour l’extraction du miel. De même, élever des reines, multiplier des colonies ou extraire la cire, la propolis, le pollen et autres produits requiert souvent des équipements très spécialisés disponibles en magasin d’apiculture.

Quel est le salaire moyen d’un apiculteur ?

Les revenus d’un apiculteur peuvent varier considérablement en fonction de la taille de l’exploitation, et de l’activité principale de l’apiculteur ou de l’apicultrice. Les apiculteurs amateurs ne possèdent souvent que quelques ruches, juste assez pour offrir des pots de miels à leurs familles et amis. Les apiculteurs intermédiaires peuvent avoir quelques dizaines de ruches et avoir un revenu complémentaire de leur activité principale.

Les revenus des apiculteurs professionnels dépendent principalement de la taille de leur exploitation, de s’ils font de la vente directe au détail ou en gros, des types de miels ou de services qu’ils proposent, et de leurs pertes hivernales.

Il est donc très difficile de donner un chiffre exact, mais de manière générale les apiculteurs gagnent peu d’argent en raison des difficultés environnementales, des risques liés aux pesticides et des maladies de leurs abeilles. C’est un travail essentiel pour produire notre nourriture, mais que beaucoup font par passion plus que pour le rendement. Si vous aimez les abeilles, être apiculteur ou apicultrice peut être incroyablement satisfaisant et relaxant. Une grande partie du travail se passe à l’atelier ou dans la nature. Avec une bonne gestion, l’apiculture est aussi une activité qui laisse du temps libre aux apiculteurs en particulier en hiver, et offre une grande flexibilité de vie en dehors des miellées et des récoltes.

Où puis-je acheter des abeilles et des ruches ?

Vous pouvez acheter des abeilles et des ruches auprès d’apiculteurs ou magasins d’apiculteurs locaux, de fournisseurs d’équipements apicoles, de fermes apicoles, ou même les commander en ligne sur des sites spécialisés dans la vente de matériel apicole. Cependant, assurez-vous de vous être assez renseignés sur la biologie des abeilles, les techniques de l’apiculture, et d’avoir rejoint un syndicat ou une école apicole avant de vous lancer. Il vous faudra aussi effectuer une déclaration d’emplacement de rucher et obtenir un numéro d’apiculteur pour être autorisé à maintenir des abeilles.

L’apiculture en ville est-elle possible ?

La réponse est oui ! L’apiculture trouve aujourd’hui sa place en milieu urbain. L’apiculture urbaine a même fortement gagné en popularité ces dernières années. De nombreuses villes accueillent aujourd’hui des ruches sur les toits d’immeubles, dans les jardins, et même sur les balcons. Les abeilles peuvent très bien s’adapter à l’environnement urbain, car elles trouvent souvent une diversité de fleurs et de plantes qui leur permettent de produire du miel de qualité. Les jardiniers remplacent leurs plantes pour obtenir des fleurs en permanence et les arrosent, ce qui aide les fleurs à produire beaucoup de nectar.

Cependant, l’apiculture en ville n’est pas une chose facile. Les abeilles piquent. Cela semble trivial, mais c’est un gros problème si vous avez un espace réduit. Même les abeilles les plus calmes ont des mauvais jours. Et environs 4% de la population est très allergique aux piqures d’abeilles. Il faut donc pouvoir vos assurer que les personnes autour de vous ne se feront pas piquer lorsque vous ouvrez vos ruches ou lorsqu’elles sont à proximité de vos ruches.

Avoir un espace réduit rend l’apiculture difficile, il faut de la place pour stocker des hausses et des cadres, une vareuse, un enfumoir, pouvoir bouger confortablement autour de la ruche, et une presse ou un extracteur pour récolter le miel.

Avoir des ruches signifie aussi avoir des abeilles qui meurent et sont sorties par l’avant de la ruche, de la cire et de la propolis qui collent et tâchent, ainsi que du miel, très collant lui aussi (mais contrairement à la cire et à la propolis, un peu d’eau chaude suffit à le nettoyer).

En plus, chaque ville a ses propres règles concernant l’apiculture urbaine. Il est donc nécessaire de se renseigner sur les règles dans votre commune, comme les distances minimales à respecter par rapport aux habitations voisines. Ces règles sont généralement établies au niveau du département par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), mais d’autres règles communales peuvent s’appliquer.

Par exemple, dans l’Oise, les règles suivantes s’appliquent [1] :

  • Les ruches doivent être implantées à plus de 100 mètres des établissements collectifs (par exemple les hôpitaux ou écoles).
  • Les ruches doivent être implantées à plus de 20 mètres des voies publiques (comprendre routes et chemins).
  • Les ruches d’abeilles peuplées doivent être implantées à plus de 10 mètres de vos voisins pour une propriété "vide" (terrain inoccupé, bois, landes, friches ou parcelles non bâties). Mais dès que vos voisins ont une propriété sur laquelle se trouve une piscine, une maison, un jardin potager ou un jardin d’agrément, les ruchers doivent être à au moins 20 mètres pour les ruchers de 10 ruches, à 30 mètres pour les ruchers ayant entre 10 et 50 ruches, et 40 mètres pour les ruchers de plus de 50 ruches.

Par contre, les ruches séparés de vos voisins ou des voies publiques par un mur, une haie ou une palissade d’au moins deux mètres de haut n’ont pas à être placées à une certaine distance. Ces clôtures doivent s’étendre sur au moins deux mètres de chaque côté du rucher.

Ces règles sont similaires dans la plupart des départements, mais peuvent avoir des différences. Pour la France, vous pouvez facilement les consulter sur le document du Syndicat National d’Apiculture français qui publie un extrait du magazine Abeille de France [2].


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Notes et références

[1Direction départementale de la protection des populations (DDPP). 19/01/2023. Règles d’implantation des ruchers dans l’Oise. D’après le Code rural et de la pêche maritime (Art. L. 211-6, L.211-7 et Art. R. 211-2) et par l’arrêté préfectoral portant réglementation de l’emplacement des ruches dans l’Oise. Consulté le 11 Octobre 2024.

[2Abeille de France. 2013. Spécial Arrêtés Préfectoraux. n°1000 mars, 77-89.



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