Les araignées à trappes d’Australie
Arachnida, Lycosidae, Lycosa simsoni
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Certaines araignées d’Australie utilisent une incroyable stratégie pour capturer leurs proies, tout en restant à l’abris de leur prédateur et du soleil australien. Ces araignées fabriquent de véritables trappes, à l’aide de leur soie et du sable qu’elles trouvent aux alentours et qui dissimulent parfaitement l’entrée de leurs nids.
Dans cette courte vidéo, je soulève la trappe d’une araignée-loup pour la faire remonter et pouvoir l’observer :
Etonnamment, la construction de ces portes est très répandue chez les araignées australiennes et on trouve des espèces capables de fabriquer et d’utiliser ces portes dans de nombreuses familles d’araignées, parfois éloignées sur le plan phylogénétique. Les familles d’araignées dont certaines espèces construisent des portes incluent des mygales (Idiopidae, Actinopodidae, Ctenizidae, Migidae and Cyrtaucheniidae) et des araignées-loups (Lycosidae) [1]. Pour cette raison, il est difficile de définir les caractéristiques générales de l’écologie de ces espèces qui sont parfois très différentes. Cependant, la plupart des araignées à trappes d’Australie vivent sur la côte Est et au centre du désert australien. Cette région du monde est caractérisée par des climats tropicaux à désertiques et les températures dépassent régulièrement 45 degrés celsius en été. Pour ces raisons, une porte est utile car elle permet aux araignées d’éviter la dessication (mort par manque d’humidité) et que la poussière ou le sable ne remplissent leurs abris [2]. Ces portes permettraient également aux araignées de se protéger des incendies [3]. Une grande partie de l’Australie est aussi régulièrement inondée durant les orages, en raison du faible dénivelé, du peu de végétation dans les zones désertiques et des caractéristiques du sol (l’eau ruisselle facilement sur les sols secs et compacts), et il a été suggéré que les trappes pourraient aussi permettre aux araignées construisant leurs nids dans le sol de ne pas être inondées [4]. Ces trappes sont comparables à de véritables portes dérobées et elles gardent aussi bien évidemment les araignées camouflées, ce qui leur permet de passer inaperçues auprès de leurs prédateurs, comme les lézards, geckos et varans, ou auprès de leurs proies, le plus souvent des grillons et criquets.
Photos d’une araignée loup (Lycosa cf simsoni, l’araignée-loup grise) refermant la trappe qui dissimule l’entrée de son nid :
L’effet des changements climatiques globaux et du développement intense des zones urbaines australienne sur ces araignée n’a été que très peu étudié, mais il semble que les jardins bénéficient à certaines araignées à trappes qui préfèrent les zones ouvertes, comme les pelouses, aux forêts [5].
Photo d’une jeune araignée loup (lycose) australienne, construisant des terriers parfois recouvert d’une trappe :
Les araignées à trappes sont présentes à différents endroits de la planète et on les trouve par exemple aussi dans les dunes de sable en Californie, aux États-Unis [6].
Photos d’un terrier d’une araignée à trappe appartenant probablement à une mygale australienne (regardez comme l’opercule dépasse largement le diamètre du nid !) :
Photos d’un terrier d’une araignée loup, parfaitement camouflé avec les sable aux alentours :
Cette araignée loup ne construit pas de porte mais elle utilise le même système de toîle au sol pour détecter ses proies :
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Notes et références
[2] Main, B. Y. (1978). Biology of the arid-adapted Australian trapdoor spider Anidiops villosus (rainbow). Bulletin of the British Arachnological Society, 4, 161-175.
[3] Main, B. Y. (1995). Survival of trapdoor spiders during and after fire. CALMScience Supplement, 4, 214-215.
[4] Main, B. Y. (1993). From flood avoidance to foraging : adaptive shifts in trapdoor spider behaviour. Memoirs of the Queensland Museum. Brisbane, 33(2).
[5] Main, B. Y. (2001). Historical ecology, responses to current ecological changes and conservation of Australian spiders. Journal of Insect Conservation, 5(1), 9-25.
[6] Bond, J. E., Hedin, M. C., Ramirez, M. G., & Opell, B. D. (2001). Deep molecular divergence in the absence of morphological and ecological change in the Californian coastal dune endemic trapdoor spider Aptostichus simus. Molecular Ecology, 10(4), 899-910.