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L’araignée la plus venimeuse du monde est-elle vraiment mortelle ?


Arachnida, Araneae, Mygalomorphae, Atracidae, Atrax robustus

dimanche 26 août 2018 à 07:30 par Théo

L’araignée la plus venimeuse du monde est une mygale Australienne du nom de Atrax robustus. Mais est-elle vraiment si dangereuse ? Personne n’en est mort depuis 1981, voici pourquoi :

Atrax robustus est l’araignée la plus venimeuse au monde. C’est une espèce de mygale d’Australie communément appelée "araignée à toîle en entonnoir". En réalité, sous ce nom on trouve de nombreuses espèces d’araignées très difficiles à distinguer, même si Atrax robustus est la plus commune et la plus célèbre. Pourtant, personne n’est mort d’une morsure de cette araignée depuis 1981 grâce à un programme de fabrication d’anti-venins très efficace menée par le Parc des Reptiles proche de Sydney. Cette araignée n’est donc plus mortelle grâce au travail des biologistes qui fabriquent l’anti-venin et des médecins qui l’administre, mais elle n’en demeure pas moins très dangereuse.

À quel point cette araignée est-elle dangereuse ?

En plus d’être extrêmement venimeuse, cette araignée se trouve dans la région la plus densément peuplée de l’Australie. Les araignées à toîle en entonnoir se trouvent en effet partout dans la ville de Sydney et les alentours jusque dans la région touristique des montagnes bleues, à une heure de voiture du centre de Sydney. Cette araignée se rencontre parfois dans les jardins humides situés à proximité de rivières ou qui contiennent de gros rochers et des troncs d’arbres mort [1].
Une des araignées les plus venimeuses et dangereuses au monde
En plus d’être présente dans les jardins, elle est commune aux abords des campings qui souvent situés près de la côte ou des rivières. Les bordures de ruisseaux sont effet l’habitat préféré d’Atrax robustus. Il est donc recommandé lorsque vous allez faire du camping en Australie de bien secouer vos chaussures le matin, de fermer les portes de vos tentes et de faire attention à là où vous marchez la nuit.

Pour ne rien arranger, cette araignée est relativement agressive lorsqu’elle sent que sa vie est en danger. Bien qu’elle ne puisse pas sauter, lorsqu’elle se sent menacée, elle lève ses pattes avant et fait parfois perler des gouttes le long de ses crochets à venin situés à l’avant de ses chélicères (les "crocs" des araignées), comme on les voit sur les photos macro ci-dessous.

Entre 1926 et 2004, près de 200 morsures de ces mygales à "toîle en entonnoir" ont été recensées (soit 2,5 morsures par an rapportées aux hopitaux en moyenne ou 0.000049% de la population actuelle de Sydney), dont 130 confirmées par des arachnologues experts en identification des araignées. Les symptômes de ces morsures peuvent se déclencher en moins de 10 minutes. Parmis ces morsures, les médecins rapportent 77 cas d’envenimation sévères (avec changement du rythme cardiaque et effets neurologiques) dont 13 décès, tous avant l’invention de l’anti-venin en 1981 [2]. Depuis 1981, l’anti-venin a été administré plus de 50 fois [3].
Crochets à venin de l'araignée
Fait surprenant, le venin de ces mygales australiennes paralyse les arthropodes et cause des fibrillations chez les primates, mais il affecte peu les chiens et chats qui se débarassent généralement du venin en quelques dizaines de minutes [4] !

Mygale de Sydney, Australie

Comment fonctionne le programme anti-venin ?

Le Parc des Reptiles près de Sydney collecte les mygales dangereuses ramenées par les habitants de Sydney. Les araignées sont élevées dans des petites boites et nourries avec des insectes. Les mâles sont utilisés pour la collecte du venin : un soigneur équipé de gants stresse l’araignée à l’aide de pinces souples pour ne pas la blesser et collecte le venin qui perle à l’éxtrémité des chélicères à l’aide d’une pipette.

De minuscules doses d’antivenins sont ensuite injectées à des lapins, qui produisent des anticorps leur permettant de survivre au venin de l’araignée. Ces anticorps sont prélevés et stockés, puis éventuellement administrés si besoin à une personne souffrant d’envenimation sévère par le venin de cette araignée [5] [6].

Mygale de Sydney : position de défense

Quel est le cycle de vie des mygales de Sydney ?

Ces araignées vivent dans les lieux humides, souvent en bordure de ruisseaux sous des pierres plates ou des troncs d’arbres morts. Elles construisent des tunnels en soie non collante ressemblant à de longues chaussettes, parfois avec des ramifications et chassent des arthropodes (mille-pattes, araignées, insectes,...). Les plus grandes femelles atteignent seulement six centimètres de long. Les mâles deviennent adultes à quatre ans et les femelles à cinq. Les femelles restent le plus souvent dans leur terrier, et les mâles sortent et cherchent activement des femelles. Après s’être accouplés, ils ne vivent généralement que quelques mois alors que les femelles peuvent vivre plusieurs années. Après l’accouplement, les femelles pondent des dizaines d’oeufs dans un sac qu’elles protègent jusqu’à l’éclosion des jeunes araignées [7].

Ces araignées sont très communes mais peu actives et restent cachées dans leur terrieur la plupart de l’année, ce qui explique que de nombreux Australiens ne les ai jamais vues [8].

Araignée dangereuse de la famille des Atracidae

Cet article est agrégé au site du Café des Sciences


Références et définitions

[2Isbister, G., et al. "Funnel-web spider bite : a systematic review of recorded clinical cases." (2005).

[3Fisher, M.M. ; Raftos, J. ; McGuinness, R.T. ; Dicks, I.T. ; Wong, J.S. ; Burgess, K.R. ; Sutherland, S.K. (1981). "Funnel-web spider (Atrax robustus) Antivenom. 2. Early Clinical Experience". The Medical Journal of Australia. 2 (10) : 525–26.

[5Sutherland, Struan K. "Antivenom to the venom of the male Sydney funnel-web spider Atrax robustus : preliminary report." The Medical journal of Australia 2.8 (1980) : 437-441.

[6Hartman, L. J., and S. K. Sutherland. "Funnel-web spider (Atrax robustus) antivenom in the treatment of human envenomation." The Medical journal of Australia 141.12-13 (1984) : 796-799.

[8The truth about funnel-web spiders, sur News/com.au.

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