Publié le 3 décembre 2015 et mis à jour le 26 février 2025.

Les pucerons cendrés des choux

Hemiptera ; Homoptera ; Aphididae ; Brevicoryne brassicae


Les pucerons du choux sont des insectes blancs-verts à l’aspect cireux ou poudreux qui sucent la sève des plantes de la famille du choux. Laissé sans contrôle, ils peuvent occasionner des pertes dans les cultures et jardins, ou augmenter le travail nécessaire pour laver les choux. Voici comment les reconnaître et vous en débarrasser.


Vous venez de planter fièrement des choux, des brocolis, des choux de bruxelles, des choux-chinois, de la moutarde ou des choux-fleurs dans votre potager. Mais catastrophe, vous venez de repérer qu’il y avait sous leurs feuilles de petits insectes globuleux, de couleur grise ou bleu-verte et à l’aspect cireux ou pruineux. Il s’agit probablement du puceron cendré des choux, Brevicoryne brassicae. Eh oui, en terme d’insectes prédateurs, tous les choux et autres plantes de la famille des brassicacées citées plus haut, ainsi le colza, peuvent être dévorés par le puceron cendré du chou [1]. Mais rassurez-vous, vous mangerez des brocolis cet hiver.

Un groupe de pucerons cendrés du chou de couleur vert à jaunâtre et recouverts de cire blanche, photographiés sous une feuille de chou repliée, dans un jardin potager en Alsace :

Brevicoryne brassicae, pucerons cendrés du choux cachés sous une feuille de choux repliée, dans un potager en Alsace.
Colonie de puceron cendré du choux

Comment reconnaître le puceron du chou ?

Si vous observez que les bords de vos feuilles de chou se replient sur eux-mêmes, c’est un indice non négligable qu’une petite bête a élu domicile sous la feuille. Retournez la feuille de votre plante et inspectez-la à la recherche d’un petit groupe de pucerons. Ils sont généralement verts ou jaunâtres, parfois bleutés et toujours recouverts d’une sorte de cire blanche ou grise leur donnant un aspect pruineux, cireux ou "cendré". Ils se regroupent et se serrent les uns aux autres sous les feuilles, formant une masse que vous ne devriez pas avoir de mal à repérer. Ils possèdent par ailleurs de très courts cornicules (sortes de petits tubes dressés au bout de l’abdomen et par où sort le miellat des pucerons) [2].

Plusieurs pucerons cendrés du choux femelles rassemblées sous une feuille de choux.
Brevicoryne brassicae, puceron cendré du choux

Comment prévenir les infestations de pucerons du chou ?

Protéger vos choux contre ces pucerons est difficile, mais certains gestes permettent au moins de retarder les infestations. Premièrement, assurez vous de retirer tous vos choux et plantes de la famille des choux, les crucifères, avant de planter vos premiers choux. Il faut donc comprendre, le kale, les radis, les choux de Bruxelles, les broccolis et les choux-fleurs (toutes ont des fleurs en croix, avec quatre pétales, d’où le nom de crucifère ou Cruciferaceae en latin). Prévoyez une à deux semaines sans plantes de la famille des choux dans votre potager avant d’en semer des nouvelles.

Ensuite, couvrez vos plantes d’un filet fin. À moins que vous ne souhaitiez collecter les graines pour vos futurs semis, il n’y a normalement pas de raison de vouloir que ses choux fleurissent, car les broccolis, choux et choux-fleurs sont meilleurs avant qu’ils ne fleurissent. Les pucerons du choux arrivent généralement en volant à proximité de plantes proches, qu’elles soient sauvages ou cultivées. Un simple filet peut les protéger, et vous évitera aussi d’avoir à gérer les piérides des choux et autres chenilles.

Enfin, si vous détectez une infestation, n’attendez pas pour la traiter. Cela peut être aussi simple qu’écraser les pucerons manuellement ou les laver au tuyau d’arrosage. Si l’infestation persiste, les pucerons peuvent marcher vers les plantes qui se touchent entre elles. Si l’infestation est avancée, certains développeront même des ailes et s’envoleront vers d’autres choux ou plantes crucifères du jardin.

Un puceron vert du chou, sur un chou, possédant des ailes pour se disperser vers d'autres plantes.
Forme ailée du puceron du choux

Comment vous débarrasser des pucerons du chou ?

S’ils sont peu nombreux, commencez par les écraser à la main, ou faites-les tomber en arrosant les feuilles au tuyau d’arrosage, lorsqu’il n’y a pas trop de soleil. S’ils comment à envahir un peu trop la plante, ils peuvent poser problème : ils ralentissent la croissance de votre chou, augmentent le risque que des champignons comme la fumagine se développent sur les feuilles. Ils rendent aussi la préparation du chou difficile pour le cuisinier qui aura la lourde tache de préparer le repas cet hiver.
Il faut alors, comme pour la cochenille farineuse pulvériser un peu de savon noir dilué dans de l’eau aux endroits les plus atteints de la plante. Le purin d’ortie pulvérisé sous les feuilles pourrait aussi permettre de limiter le développement de la colonie de pucerons.

Idéalement, il faut réappliquer ce traitement tous les deux ou trois jours pendant une semaine. Les pucerons muent régulièrement pour grandir, et c’est à ce stade qu’ils sont le plus sensible. Lorsqu’ils muent, ils se débarrassent de leur ancienne peau appelée cuticule, qu’ils recouvrent progressivement d’une cire blanche qui les protège contre les liquides et prédateurs. Juste après avoir mué, ils n’ont pas encore de cire et sont plus sensibles aux traitements. En répétant votre application de savon noir ou de purin d’ortie, vous augmenterez vos chances de les affecter juste après une mue.

Une étude menée par des scientifiques de l’Université de Californie a également montré que les populations de pucerons cendrés Brevicoryne brassicae étaient plus faibles lorsque les choux étaient plantés sur des parcelles recouvertes de paillis vivant [3]. La technique consisterait donc à associer la culture du chou à la culture d’autres plantes qui recouvrent le sol entre les choux. La diminution du nombre de pucerons pourrait s’expliquer par une augmentation du nombre ou de l’efficacité des parasites des pucerons lorsque les choux sont cultivés avec un paillage vivant ("living mulch" en anglais).
Plusieurs parasites de ces pucerons sont en effet connus, ils appartiennent pour la plupart au genre Aphidius (voir l’article sur Aphidius colemani, un parasite de pucerons) [4] [5].


Articles liés

  • Les cercopes : responsables de la bave blanche sur les plantes

    Les Cercopidae ou cercopes forment une famille d’insectes proches des cigales et cicadelles. Ils sont responsables des amas de bulles que l’on retrouve parfois sur les tiges des plantes, parfois appelée crachat de coucou. Ces bulles qui ressemblent à une sorte de bave mousseuse fixée sur la tige ou sur les feuilles des plantes du jardin sont produites par les larves des Cercopidae, pour se protéger des prédateurs. Parfois les cercopes sont improprement appelés cicadelles.

  • Les méloés : des coléoptères bleus parasites

    Les méloés sont des insectes de l’ordre des coléoptères, comme les scarabées et les coccinelles. L’espèce de méloé la plus courante est Meloe proscarabaeus, les femelles de cette espèce ont un abdomen énorme et sont de couleur bleu ou noir métallique. Leur thorax est très nettement séparé de leur tête et de leur abdomen, et ressemblent vaguement à de grosses guêpes ou fourmis sans ailes. Les larves de méloés sont appelées triongulins et parasitent certaines espèces d’abeilles solitaires.

  • Le pholque : une araignée au plafond

    Vous avez une araignée au plafond ? C’est très certainement le pholque (Pholcus phalangioides), une araignée qui se débarrassera des moucherons à votre place. On le reconnait facilement à ses longues et fines pattes...

Notes et références

[1Liste des prédateurs du puceron cendré du chou sur le site de l’Université de Floride (englais).

[2Fiche INRA sur le puceron cendré des choux

[3Costello, M. J., & Altieri, M. A. (1995). Abundance, growth rate and parasitism of Brevicoryne brassicae and Myzus persicae (Homoptera : Aphididae) on broccoli grown in living mulches. Agriculture, ecosystems & environment, 52(2), 187-196.

[4George, K. S. (1957). Preliminary investigations on the biology and ecology of the parasites and predators of Brevicoryne brassicae (L.). Bulletin of Entomological Research, 48(03), 619-629.

[5Hafez, M. (1961). Seasonal fluctuations of population density of the cabbage aphid, Brevicoryne brassicae (L.), in the Netherlands, and the role of its parasite, Aphidius (Diaeretiella) rapae (Curtis). Tijdschrift over plantenziekten, 67(5), 345-548.



Poser une question:

Votre message
Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.