Publié le 10 juillet 2014 et mis à jour le 19 février 2024.
Comment une petite guêpe peut éliminer les pucerons sur vos plantes
Hymenoptera ; Braconidae ; Aphidius colemani

Les guêpes ont mauvaise réputation, mais la guêpe Aphidius colemani ne risque pas de vous piquer : ces guêpes solitaires dépassent à peine quelques millimètres de long. Les seuls à les craindre sont en réalité les pucerons ! En effet, ces petites guêpes du genre pondent leurs oeufs à l’intérieur des pucerons, et leurs larves se développent en dévorant les pucerons de l’intérieur. Ces guêpes appartiennent à la grande famille des Braconidae, qui regroupe de nombreuses guêpes solitaires parasites d’autres insectes, fourmis y compris.


Quel est le cycle de vie d’Aphidius colemani ?
Lorsque certaines plantes sont attaquées par des pucerons, elles émettent parfois des substances appelées allomones qui attirent des parasites et prédateurs des pucerons. Les femelles d’Aphidius (ici Aphidius colemani) se posent alors sur la plante, repèrent les pucerons et pondent un oeuf dans chacun des plus gros d’entre eux. Cela ne dure que quelques secondes, ce qui assure aux Aphidius de ne pas être embêtés par les fourmis éventuellement présentes qui protègent les pucerons. La femelle d’Aphidius passe ensuite son abdomen sous ses pattes et pond l’oeuf à l’intérieur du puceron. La larve de la guêpe se développe en dévorant le puceron de l’intérieur, c’est donc un insecte dit parasitoïde : il entraîne la mort de son hôte. Durant les premiers jours, le puceron, sous l’influence de la larve de la guêpe, consomme un peu plus de sève qu’à la normale. Certains pucerons pourraient même encore se reproduire alors qu’ils sont parasités. Mais rapidement, la larve de l’Aphidius tue le puceron et se tisse un cocon dans ce dernier. Le puceron prend alors une teinte brunâtre, on dit qu’il est momifié ! La durée du cycle complet dépend de la température, il faut généralement entre 12 et 40 jours pour que naisse une nouvelle génération de guêpes parasitoïdes [1].
Ces petites guêpes seraient-elles donc capables de vous débarrasser efficacement des pucerons ? Oui, mais il ne faut pas utiliser d’insecticides à côté ! Des scientifiques ont en effet montré que l’usage de certains insecticides réduisait fortement la survie de ces guêpes tueuses de pucerons [2]. Planter de la bourrache à côté de vos fleurs et légumes pourrait également aider à attirer ces petits insectes parasites. Une étude suggère que cette plante émet des substances chimiques capables d’attirer les parasites de pucerons [3].
Ces guêpes ne sont par ailleurs pas les seules à s’attaquer aux pucerons, c’est aussi le cas des larves prédatrices de pucerons de certaines mouches, des perce-oreilles, des coccinelles, des chrysopes,... En maintenant une diversité de plantes locales importantes dans votre jardin, et à condition de ne pas utiliser d’insecticides ni de pesticides en général, ces insectes viendront naturellement chasser vos pucerons ! Tous ces prédateurs et parasites des pucerons ont également une action indirecte sur les pucerons : lorsqu’un puceron se sent en danger, il émet des molécules qui signalent aux autres pucerons de sa colonie qu’il est attaqué. Les autres pucerons, paniqués, se laisseraient alors tomber au sol, où ils meurent ou se font dévorer par une multitude d’insectes et d’araignées.



Quelles espèces de pucerons sont parasitées par les guêpes du genre Aphidius ?
Il existe plusieurs espèces d’Aphidius sont présentes en France, dont Aphidius colemani, Aphidius ervi, Aphidius matricariae, Aphidius avenae, Aphidius rhopalosiphi et Aphidius uzbekistanicus. Toutes ces espèces sont très difficiles à différencier [4]. Toutes ces espèces de guêpes ont leurs affinités en terme de pucerons.
Mais de manière générale, les Aphidius parasitent une très grande diversité d’espèces de pucerons, ils s’attaquent par exemple aux pucerons noirs de la fève Aphis fabae, aux pucerons russes du blé Diuraphis noxia, aux pucerons du merisier à grappes (ou pucerons bicolores des céréales) Rhopalosiphum padi, aux pucerons verts du pêcher Myzus persicae, aux pucerons de l’artichaut Brachycaudus cardui,... [5]
Même si Aphidius colemani est présent en France, des populations brésilienne ont été introduites récemment comme traitement biologique contre les pucerons. Ces populations seraient en effet plus polyphages que les populations locales, cela signifie qu’elles pondent dans un plus grand nombre d’espèces de pucerons différentes [6].
Enfin, il est intéressant de noter que les Aphidius peuvent eux aussi être parasités. Des petites guêpes sont en effet capable de pondre leurs oeufs dans les larves des Aphidius : ce sont des parasites de parasites, ce que les scientifiques appellent des hyper-parasites.
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Notes et références
[1] Jerbi-Elayed, M., Tougeron, K., Grissa-Lebdi, K., & Hance, T. (2022). Effect of developmental temperatures on Aphidius colemani host-foraging behavior at high temperature. Journal of Thermal Biology, 103, 103140.
[2] Van Driesche, R. G., Lyon, S., Sanderson, J. P., Bennett, K. C., Stanek III, E. J., & Zhang, R. (2008). Greenhouse trials of Aphidius colemani (Hymenoptera : Braconidae) banker plants for control of aphids (Hemiptera : Aphididae) in greenhouse spring floral crops. Florida Entomologist, 91(4), 583-591.
[3] Fujinuma, M., Kainoh, Y., & Nemoto, H. (2010). Borago officinalis attracts the aphid parasitoid Aphidius colemani (Hymenoptera : Braconidae). Applied Entomology and Zoology, 45(4), 615-620.
[6] RABASSE, J. M., Tardieux, I., & Pintureau, B. (1985). Comparaison de deux populations française et brésilienne d’Aphidius colemani Viereck (Hym., Aphidiidae). In Annales de la Société entomologique de France (Vol. 21, No. 1, pp. 45-49). Société entomologique de France.