Cloportes
Isopoda ; Armadillidium vulgare


Les cloportes (ou isopodes) comme cet Armadillidium vulgare (un des plus communs), possèdent non seulement une armure sans faille, mais peuvent aussi se rouler en boule (on parle de volvation) ! Cela permet de ne laisser que très peu de prises à un éventuel prédateur.

En plus de cette protection physique, les cloportes ont une protection chimique. Les cloportes produisent des substances qui recouvrent leur cuticule (la "peau" des insectes et autres arthropodes) et dont le goût repousse les araignées [1] et musaraignes. Malgré tout, ces protections ne sont pas efficaces contre certains coléoptères (comme les cicindèles), ou contre les salamandres et les lézards qui se nourrissent occasionnellement de cloportes. Certaines petites mouches sont aussi capables de parasiter les cloportes [2]. Un peu comme les mouches phorides qui parasitent les fourmis, elles pondent leurs oeufs dans les cloportes et leurs larves se développent en les dévorant de l’intérieur.

Pour protéger leurs petits, les femelles les gardent même pendant un moins dans une poche ventrale, appelée marsupium [3]. Quand les petits quittent cette poche, ils ont déjà la forme des adultes. La croissance des jeunes cloportes se fait ensuite par des mues successives.

Les cloportes sont omnivores, ils se nourrissent principalement de feuilles et de végétaux morts [4], de champignons mais sont aussi charognards (ils mangent des animaux morts) et coprophages (comme les bousiers, ils mangent les déjections d’autres animaux). Il leur arrive même parfois de dévorer les cadavres des individus de leur espèce.

Ces isopodes terrestres vivent à l’abri de la lumière, dans la litière humide, sous les branches mortes, et parfois dans les trous creusés par les rongeurs. Lorsqu’il fait trop chaud et que le sol est trop sec, ils s’enfoncent dans le sol.

Les cloportes se regroupent afin de limiter l’évaporation [5], ce qui peut en partie expliquer la raison pour laquelle on les retrouve souvent en petits groupes en été.
Même si cela est moins courant, d’autres espèces ont développé des stratégies différentes pour se protéger des prédateurs. Certains cloportes par exemple, vivent dans les fourmilières.
Photographie d’un autre cloporte de couleur grise observée dans un jardin à Paris, caché sous une planche de bois pourris :
Photographie macro de Armadillidium pictum un petit cloporte noir à taches vertes avec un liseré brun ou rouge sur le bord des tergites (les plaques qui recouvrent le dos) :
Références
[1] Gorvett, H. 1956. Tegumental glands and terrestrial life in woodlice. Proc. zool. Soc. Lond. 126:291-314
[2] Thompson, W. R. 1934. The tachinid parasites of wood-lice. Parasitology 26:378-448.
[3] F. Lefebvre, Stratégie de reproduction chez les crustacés isopodes terrestres, Université de Poitier, 2002, 161 p.
[4] Oscar H. Paris 1963. The Ecology of Armadillidium vulgare (Isopoda : Oniscoidea) in California Grassland : Food, Enemies, and Weather. Ecological Monographs 33:1-22.
[5] Allee, W. C. 1926. Studies in animal aggregations : causes and effects of bunching in land isopods. J. exp. Zool. 45:255-277.