La galle du rosier : quand les insectes détournent les plantes

Hymenoptera ; Diplolepis rosae & Torymus bedeguaris

Le Cynips du rosier est une guêpe parasite des rosiers. Vous l’avez peut-être déjà croisé car il force le rosier à former une galle chevelue parfois appelée bédégar ou bédéguar. Cette petite guêpe est commune dans la nature, on peut observer ces galles sur les rosiers sauvages présents dans de nombreuses régions tempérées d’Europe.

Galle chevelue avec des excroissances oranges sur la tige d'un rosier sauvage.
Galle de Diplolepis rosae sur Rosa canina

Toutes les galles des plantes ne sont pas formées par des insectes [1], les autres sont causées par des bactéries ou des champignons. Les insectes parasites qui forcent les plantes à former des galles sont qualifiés d’insectes cécidogènes ou gallicoles [2].

Comment identifier le cynips du rosier ?

Le Cynips du rosier (Diplolepis rosae), est une espèce proche du Cynips du chêne, ainsi que du Cynips du châtaignier et il peut être difficile de les identifier en se basant sur l’insecte adulte, car ces guêpes sont très petites. Les femelles de cette espèce pondent des oeufs en grappe dans les bourgeons de fleurs de différentes espèces de rosiers. Sous l’action du venin et du développement des larves, les cellules végétales forment une nouvelle structure : une galle "chevelue" très caractéristique, le bédégar. Voici une photo d’un Cynips du rosier qui a émergé de l’une de ces galles :

Diplolepis rosae adulte (imago).
Cynips du rosier adulte
Galle de Diplolepis rosae sur Rosa canina, une galle chevelue du rosier avec des excroissances oranges, rouges et vertes qui ressemblent à des poils.
Galle de Cynips du rosier

Comment se reproduisent les cynips du rosier ?

Il est rare d’observer des mâles, en effet la reproduction se fait principalement par parthénogenèse thélytoque. Chez les insectes dits parthénogénétiques, les femelles peuvent féconder un ovule elles-mêmes avec un autre de leurs ovules. Ce type de reproduction ne produit que des femelles. Les mâles éventuellement présents dans la population sont issus de parthénogenèse arrhénotoque : en l’absence de fécondation, les femelles peuvent produire des mâles et seulement des mâles.

La parthénogenèse thélytoque peut être induite par une petite bactérie du genre Wolbachia [3]. Cette bactérie qui vit dans les cellules reproductrices dans insectes femelles ne se transmet que part les gamètes femelles. Donc pour cette bactérie transmise uniquement de femelle en femelle, forcer les femelles à ne produire que des femelles est le meilleur moyen de se multiplier et c’est ce qu’elle fait chez de nombreuses espèces d’insectes !

Une larve plus âgée de Cynips du rosier :

Larve de Cynips du rosier dans une galle.
Cynips du rosier, larve

Photo d’une galle en fin d’année :

Galle du rosier parasitée, parasites de Diplolepis rosae.
Vieille galle du rosier

Photo d’une galle en début d’année :

Galle chevelue de Cynips du rosier sur un plant de rose sauvage.
Bédégar du rosier

Donc, les femelles Cynips du rosier n’ont souvent pas besoin de s’accoupler et pondent leurs oeufs qui donneront principalement des femelle dans un bourgeon de rosier. La piqûre et des substances émises par la larve forcent ensuite la plante à produire une galle solide qui protège et nourrit la larve. Cette dernière se développe et sort au printemps suivant pour recommencer un nouveau cycle.

Quels sont les prédateurs et parasites du Cynips du rosier ?

Le Cynips du rosier à des prédateurs naturels, comme les oiseaux ou les araignées, ainsi que des parasites. Les parasites du Cynips sont d’autres guêpes. Ces parasites du Cynips du rosier sont très nombreux et très efficaces, ils causeraient la mort de 75% de ses larves [4]. En fonction des régions (et des auteurs), le nombre d’espèces parasites varie [5] [6] [7]. Aussi n’est-il pas étonnant, lorsque l’on ouvre une de ces galles, de découvrir un autre insecte que le Cynips, comme ce Torymus bedeguaris dont la larve s’est nourrie de celle du Cynips.

Photo de Torymus bedeguaris, nymphe dans la galle et adulte sur fond blanc. Comme la Guêpe coucou, Torymus bedeguaris possède d’impressionnantes couleurs bleues et vertes métalliques. :

Nymphe d'hyménoptère parasite de la Cynips du rosier.
Nymphe de Torymus bedeguaris
Torymus bedeguaris hyménoptère parasite du Cynips du rosier.
Torymus bedeguaris parasite de Diplolepis rosae

Que faire contre les Cynips parasites du rosier ?

Bien qu’embêtant, le Cynips du rosier n’a qu’un effet mineur sur les rosier. Lorsqu’il est détecté, il est trop tard pour le traiter car le bourgeon floral ne peut plus se remettre et deviendra une galle. Pour les jardiniers qui collectionnent ou affectionnent particulièrement les rosiers, la meilleure chose à faire est de couper la tige de rosier sous la galle, juste au-dessus d’un noeud (généralement juste au dessus d’un embranchement avec une autre tige ou juste au-dessus d’une feuille). La galle doit être détruite, pour cela elle peut simplement être enterrée dans le sol ou jetée au compost. Cela réduira localement la présence de ces guêpes. Étant très petites et ayant un vol très lent et inefficace, ces guêpes ne se déplacent souvent pas sur de longues distances. Contrôler les populations dans votre jardin en coupant les galles dès qu’elles apparaissent est suffisant pour les éliminer.

Cynips du rosier et entomophagie

Un fait étonnant qu’un botaniste aguerri m’a un jour confié est que lorsque les cheveux de la galle n’ont plus leur teinte verte ou rouge, les larves sont assez grosses et on peut les manger (on parle d’entomophagie). Les plus audacieux vous décriront un goût de noisette. J’en ai bien sûr goûté une avant de partager cette information, mais ces larves ne sont pas très grosses, et pour être honnête, il est un peu difficile de discerner leur goût.


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Notes et références

[1On parle de manière générale de zoocécidies pour les galles provoquées par des animaux.

[2A. Ramel explore ce sujet de manière plus large sur son site internet

[3Plantard, O., Rasplus, J. Y., Mondor, G., Le Clainche, I., & Solignac, M. (1998). Wolbachia induced thelytoky in the rose gallwasp Diplolepis spinosissimae (Giraud)(Hymenoptera : Cynipidae), and its consequences on the genetic structure of its host. Proceedings of the Royal Society of London. Series B : Biological Sciences, 265(1401), 1075-1080.

[4Stille, B. (1984). The effect of hosptlant and parasitoids on the reproductive success of the parthenogenetic gall wasp Diplolepis rosae (Hymenoptera, Cynipidae). Oecologia, 63(3), 364-369.

[5Schrader D. 1967. Diplolepis (= Rhodites) rosae (L.) (Hym.:Cynipidae) and a review of its parasite complex in Europe. Tech Bulletin no.9. Commonwealth Institute of Biological Control, 93-131.

[6Lotfalizadeh, H., Rasplus, J. Y., & Delvare, G. (2007). Rose gall wasps and their associated fauna (Hymenoptera) in Iran. Redia, 89, 73-85.

[7Todorov, I., Stojanova, A., Parvanov, D., & Boyadzhiev, P. (2012). Studies on the Gall Community of Diplolepis rosae (Hymenoptera : Cynipidae) in Vitosha Mountain, Bulgaria. Acta Zoologica Bulgarica, 27-37.



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