Le Cynips du châtaignier et ses galles
Insecta, Hymenoptera, Cynipidae, Dryocosmus kuriphilus
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Qui est le Cynips du châtaignier ? Comment le reconnaître ?
Le cynips du châtaignier, Dryocosmus kuriphilus est un insecte de la famille des Cynipidae, comme le cynips du rosier ou le cynips du chêne par exemple. Ces insectes sont de petites guêpes solitaires qui pondent leurs oeufs dans les plantes. Lors de la ponte ou durant la croissance de la larve, l’insecte injecte dans la plante des substances qui modifient sa croissance. Au lieu de produire une fleur, une feuille ou une tige, la plante produira une galle. Les larves se nourrissent de cette galle (généralement d’une petite partie autour de la larve qui est riche en nutriments). La galle fournit également une protection solide aux larves contre les intempéries, les prédateurs et les parasites.
En été, les galles sont situées sur les feuilles à proximité du pétiole ou sur les tiges. Elles déforment les feuilles et sont de couleur verte avec souvent une coloration rose ou jaune sur une partie de la galle. L’insecte est difficile à identifier lorsqu’il n’est pas capturé sur la galle. Il ressemble fortement aux autres Cynipidae. Il s’agit d’un insecte au corps noir brillant avec un abdomen très arrondi.
Photographies de galles causées par le Cynips du châtaignier :
Cynips du châtaignier adulte dans une galle, prêt à émerger :
D’où vient le cynips du châtaignier ?
Le cynips du châtaignier est originaire de Chine. Il s’est par la suite répandu en Corée (1941), au Japon (1958), au Népal (1999) et aux Etats-Unis (1974), puis plus récemment en Europe (2002). Le cynips du châtaignier à d’abord été trouvé en Italie en 2002 [1], puis en Slovénie en 2005 [2] et en France en 2007 [3].
L’expansion du cynips du châtaignier est rapide [4], probablement en raison du fait que l’insecte est capable de voler, d’être transporté par le vent, ou dispersé par les activités humaines (transport de feuilles ou de plantes contaminées, importations de châtaignes avec insectes piégés dans les sacs,...).
Quels sont les problèmes liés au Cynips du châtaignier ?
Les galles causées par le cynips du châtaignier empêchent la croissance normale des tiges et des feuilles, et coûtent de l’énergie à l’arbre. Lorsque de nombreuses galles sont produites par l’arbre, la croissance de l’arbre et la production de châtaignes sont fortement diminuées [5].
Cette diminution de la production menace la pérennité de certaines forêts principalement constituées de châtaigniers, ainsi que la production de bois de chauffe ou de construction et la production de châtaignes destinées à l’alimentation humaine ou animale.
La baisse de production liée au cynips serait comprise entre 15 et 30% dans son aire d’origine [6] et atteindrait 80% dans les régions introduites [7].
Quel est le cycle de vie du Cynips du châtaignier ?
La larve se nourrit de l’intérieur de la galle au printemps, puis l’adulte émerge en été et pond ses oeufs à l’intérieur de bourgeons. Les oeufs éclosent et passent l’hiver au stade larvaire en attendant le retour du printemps, et le cycle recommence [8]. Il est intéressant de noter que la reproduction du cynips du châtaignier se fait par parthénogénèse thélytoque : il n’y a que des femelles.
Quel traitement existe-t-il pour lutter contre le Cynips du châtaignier ?
Il n’existe pas de traitement chimique efficace contre le cynips du châtaignier. Cependant, une espèce d’insecte parasitoïde pourrait permettre de limiter la prolifération des cynips. Un insecte parasitoïde est un insecte dont les larves se développent en dévorant les larves d’autres espèces de l’intérieur. Il s’agit souvent de petites guêpes solitaires ou de mouches.
Une petite guêpe du nom de Torymus sinensis, connue depuis longtemps comme étant un parasitoïde du cynips du châtaignier en Chine, a été introduit aux Etats-Unis avec succès en 1977 [9] et a permis de réduire efficacement la présence de galles. Ce même parasite en ensuite été relâché en Italie en 2005 [10] puis en France (y compris en Corse) en 2011, 2012 et 2013 [11] [12]. Les scientifiques ont réussi à implanter Torymus sinensis sur 19 des 23 sites étudiés, mais ne savent pas encore s’il sera capable de réduire durablement le nombre de galles, ou de se disperser tout seul de forêts en forêts.
Une étude scientifique réalisée aux Etats-Unis, où le cynips est présent depuis plusieurs années, a montré que près de 50% des larves de cynips mourraient dans les galles et que des insectes parasitoïdes étaient responsables de plus de 70% de cette mortalité [13]. Lors de leur étude, les scientifiques ont montré que 6 différentes espèces de guêpes parasitoïdes pondaient leurs oeufs dans les galles du cynips du châtaignier. Les galles sont également attaquées par une espèce de charançon et par un champignon.
D’autres parasites du cynips du châtaignier sont également connus en Europe, et pourraient participer au contrôle du nombre de galles présentes sur les châtaigniers [14] [15].
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Notes et références
[1] Brussino, G., Bosio, G., Baudino, M., Giordano, R., Ramello, F., & Melika, G. (2002). Dangerous exotic insect for the European chestnut. Informatore Agrario, 58(37), 59-61.
[2] Seljak, G. (2006). Chestnut gall wasp Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu. Report-Phytosanitary Administration of the Republic of Slovenia.
[3] EPPO. (2007).Dryocosmus kuriphilus found in the south of France (Alpes Maritimes). EPPO Reporting Service, Pests & Diseases, 5(086) : 2.
[4] Graziosi, I., & Santi, F. (2008). Chestnut gall wasp (Dryocosmus kuriphilus) : spreading in Italy and new records in Bologna province. Bulletin of Insectology, 61(2), 343-348.
[5] Kato K. & Hijii N. (1997). Effects of gall formation by Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu (Hym., Cynipidae) on the growth of chestnut trees. Journal of Applied Entomology, 121 : 9-15.
[6] Zhang, Z. Y., Tarcali, G., Radacz, L., Feng, Y. Q., & Shen, Y. Y. (2009). Chestnut gall wasp, Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu in China and in Hungary. Journal of Agricultural Sciences, 38, 123-128.
[7] Baker, R., Candresse, T., Simon, E. D., Gilioli, G., Grégoire, J. C., Jeger, M. J., ... & Navajas, M. (2010). Risk assessment of the oriental chestnut gall wasp, Dryocosmus kuriphilus for the EU territory and identification and evaluation of risk management options. Efsa Journal.
[8] European and Mediterranean Plant Protection Organization. (2005). Dryocosmus kuriphilus. EPPO Bulletin, 35:422-424.
[9] Rieske, L. K. (2007). Success of an exotic gallmaker, Dryocosmus kuriphilus, on chestnut in the USA : a historical account. EPPO bulletin, 37(1), 172-174.
[10] Quacchia, A., Moriya, S., Bosio, G., Scapin, I., & Alma, A. (2008). Rearing, release and settlement prospect in Italy of Torymus sinensis, the biological control agent of the chestnut gall wasp Dryocosmus kuriphilus. BioControl, 53(6), 829-839.
[11] Borowiec, N., Thaon, M., Brancaccio, L., Warot, S., Vercken, E., Fauvergue, X., ... & Malausa, J. C. (2014). Classical biological control against the chestnut gall wasp ’Dryocosmus kuriphilus’(Hymenoptera, Cynipidae) in France. Plant Protection Quarterly, 29.
[12] Gibbs, M., Schanrogge, K., Alma, A., Melika, G., Quacchia, A., Stone, G. N., & Aebi, A. (2011). Torymus sinensis : a viable management option for the biological control of Dryocosmus kuriphilus in Europe ? BioControl, 56(4), 527-538.
[13] Cooper, W. R., & Rieske, L. K. (2007). Community associates of an exotic gallmaker, Dryocosmus kuriphilus (Hymenoptera : Cynipidae), in eastern North America. Annals of the Entomological Society of America, 100(2), 236-244.
[14] Aebi, A., Schanrogge, K., Melika, G., Alma, A., Bosio, G., Quacchia, A., ... & Seljak, G. (2006). Parasitoid recruitment to the globally invasive chestnut gall wasp Dryocosmus kuriphilus. In Galling arthropods and their associates (pp. 103-121). Springer Japan.
[15] Aebi, A., Schanrogge, K., Melika, G., Quacchia, A., Alma, A., & Stone, G. N. (2007). Native and introduced parasitoids attacking the invasive chestnut gall wasp Dryocosmus kuriphilus. EPPO bulletin, 37(1), 166-171.