Publié le 8 janvier 2024 et mis à jour le 6 mars 2025.
Le Pou de l’Abeille : Braula coeca
Mouche parasite des abeilles

Les poux des abeilles forment la famille des Braulidae. Il en existe sept espèces, mais l’espèce que l’on rencontre le plus est Braula coeca. Ces petites mouches ont un physique pour le moins inhabituel : elles sont aptères, c’est à dire dépourvue d’ailes, et mesurent moins de 1,5 mm de long. Ce sont des parasites dits à la fois ectoparasites, car ils s’accrochent aux abeilles (comme le Varroa destructor) et cleptoparasites, car ils volent la nourriture des abeilles.

Quels sont les problèmes liés aux poux des abeilles ?
Le pou de l’abeille n’est pas une grande menace pour l’apiculture : c’est un parasite qui ne cause qu’une nuisance mineure lorsque ses larves endommagent l’apparence des opercules de cire sur les rayons de miel, les rendant moins attrayant à la vente sous forme directe de rayons sur les marchés.
Les poux des abeilles adultes, eux, ne causent presque aucun dégâts car ils se nourrissent en volant de petites quantités de nourriture aux abeilles adultes.
Quelle est la répartition du pou des abeilles, Braula coeca ?
La mouche Braula coeca est actuellement répandue sur tous les continents. Elle est cependant très difficile à observer en raison de sa petite taille et du fait qu’elle se cache souvent sous le corps des abeilles [1]. Cette petite mouche est même présente Australie, mais uniquement en Tasmanie.
Cycle de vie, de la ponte à l’adulte, du pou de l’abeille Braula coeca
Braula coeca ponds sur diverses surfaces de la ruche, mais seuls ceux pondus sur les opercules de cire des rayons de miel éclosent [2]. Les mettent 2 à 7 jours à éclore après leur ponte en fonction de la température. Une fois que l’œuf a éclos, les larves ressemblant à de petits asticots blancs creusent des tunnels sous les opercules de cire, laissant un tunnel d’environ 1 mm de large visible sur toute les surfaces des rayons de miel [3].
Les larves se nourrissent de miel et de pollen, tout en creusant des tunnels et subissent trois stades larvaires avant de se nymphoser en pupes lorsqu’elles ont 7 à 11 jours. La pupe a une forme très particulière chez cette espèce de mouche, car elle est enfermée dans la cuticule (la "peau" des insectes) non modifiée de la larve du troisième stade [2]. Braula coeca reste sous forme de nymphe pendant 1 à 3 jours avant d’émerger à l’état adulte.
Les femelles s’accouplent peu de temps après leur émergence et doit alors trouver rapidement une abeille adulte pour la transporter et la nourrir, ou elles meurent en moins de 24h ! Une fois qu’elle a trouvé une abeille adulte, le pou de l’abeille adulte utilise des griffes spécialisées pour s’accrocher aux poils de l’abeille [4]. Tomber de son hôte s’avère souvent fatal pour le pou de l’abeille qui est un faible marcheur, n’a pas d’ailes, et ne peut pas se nourrir sans être sur une abeille. Les pattes de Braula coeca s’ajustent parfaitement à la surface complexe de l’abeille grâce à des griffes considérablement élargies en forme de peigne, qui s’agrippent parfaitement aux poils de l’abeille et peuvent aussi s’en détacher rapidement [3].


gh=poils en balais ; pv=pulvillus ; t=dents de la griffe en forme de peigne ; TA=tarsomeres
Une fois attaché, le pou de l’abeille chevauche le thorax ou l’abdomen de l’abeille, se déplaçant occasionnellement vers la tête de l’abeille pour voler de la nourriture pendant que l’abeille se nourrit ou nourrit d’autres abeilles par trophallaxie. Il se camoufle grâce à sa petite taille, à sa couleur sombre et en copiant l’odeur des abeilles [5].
Les mouches Braula mettent entre 10 et 21 jours pour se développer des œufs aux adultes, en fonction, à nouveau, de la température. On pense que Braula coeca passe l’hiver au stade adulte sur les abeilles adultes. Une fois que les conditions sont redevenues favorables, les femelles pondent des œufs et le cycle de vie se poursuit.
Le pou de l’abeille est dispersé entre colonies par les abeilles mellifères adultes. Braula coeca se fixe aux ouvrières, aux faux-bourdons et préférentiellement aux reines. La propagation entre colonies se fait lors du pillage des ruches, des essaimages ou lorsque les abeilles fourrageuses rentrent dans la mauvaise ruche (dérive).
Identification de Braula coeca et confusions possibles
La mouche Braula coeca est minuscule, elle mesure 0,9 mm de large sur 1,5 mm de long. Sa couleur rouge-brun est typique des parasites de l’abeilles. Comme nous l’avons vu, cette mouche ne possède pas d’ailes. On la trouve plus facilement et plus souvent sur les reines.
Malheureusement, cette petite mouche est difficile à différencier de Varroa destructor et des acariens Tropilaelaps qui sont aussi petits et ont des couleurs similaires. Cependant, la mouche Braula coeca étant un insecte, elle ne possède que six pattes contrairement aux acariens.
Autres genres et espèces de poux de l’abeille
La famille Braulidae compte deux genres, Braula et Megabraula et 7 espèces : Braula coeca, Braula kohli, Braula orientalis, Braula pretoriensis, Braula schmitzi, Megabraula antecessor et Megabraula onerosa. Très peu d’informations sont connues à leur sujet.
Articles liés
-
Comment reconnaître les cellules royales, d’ouvrières, de faux-bourdons et les alvéoles de miel et pollen dans une ruche
Reconnaître les alvéoles d’une ruche permet d’anticiper l’état de la colonie. Voici un guide rapide pour permettre aux apiculteurs et apicultrices d’identifier facilement les cellules royales, les cellules de faux-bourdons ou d’ouvrières ainsi que celles contenant du pollen ou du miel.
-
Comment reconnaître les oeufs d’abeilles ?
Être capable d’identifier les oeufs d’abeilles est indispensable pour tout bon apiculteur. Pas de panique, cet article est là pour vous aider à apprendre à les reconnaître ou pour peaufiner votre technique.
-
Protéger ses ruches contre les rongeurs en hiver
En hiver, une série de mesures doivent absolument être prises pour éviter que les rongeurs ne rentrent dans les ruches et tuent les abeilles. Voici une fiche complète pour aider les apiculteurs à préparer leurs ruches pour l’hiver.
Notes et références
[1] Seulement trois observations de ce parasite sur iNaturalist !
[2] Ellis, J. D., & Nalen, C. Z. (2010). Bee Louse, Bee Fly, Braulid, Braula coeca Nitzsch (Insecta : Diptera : Braulidae). Department of Entomology and Nematology, UF/IFAS Extension. Original Publication, 1-3.
[3] Imms, A. D. (1942). On Braula coeca Nitsch and its affinities. Parasitology, 34(1), 88-100.
[4] Büscher, T. H., Petersen, D. S., Bijma, N. N., Bäumler, F., Pirk, C. W., Büsse, S., ... & Gorb, S. N. (2022). The exceptional attachment ability of the ectoparasitic bee louse Braula coeca (Diptera, Braulidae) on the honeybee. Physiological Entomology, 47(2), 83-95.
[5] Martin, S. J., & Bayfield, J. (2014). Is the bee louse Braula coeca (Diptera) using chemical camouflage to survive within honeybee colonies ? Chemoecology, 24, 165-169.