La première peinture rupestre connue montrant la récolte du miel
Histoire de l’origine de l’apiculture
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À Bicorp, en Espagne, se trouvent les grottes de l’araignées ou Cuevas de la Araña avec la plus ancienne peinture rupestre d’un humain récoltant du miel.
Quand les humains ont-ils commencé à récolter du miel ?
Parce que les abeilles stockent tant de miel dans leurs nids, il n’est pas étonnant qu’elles soient la cible de vols par effraction depuis quelques millénaires. Les ours, les rongeurs et les oiseaux sont parmi les principaux coupables, sans oublier, bien sur, nous, les humains. Il est probable que les premiers humains arrivés en Asie et en Europe depuis l’Afrique aient rapidement découvert cette source précieuse de nourriture, en particulier durant l’hiver quand les abeilles sont engourdies par le froid et que les ressources se font rares.
Malgré cela, la première preuve de cette relation compliquée entre humains et abeilles date seulement de 7000 à 8000 ans avant l’an zéro, durant l’Epipalaeolithic. Il s’agit d’une peinture rupestre des grottes de l’araignée (Cuevas de la Araña) à Bicrop, dans la région de Valence et dans la province de Castellón, en Espagne. Ces grottes découvertes par un professeur des alentours, Jaime Porch y Gari dans les années 1920 et décrites par Hernández Pacheco et ses collègues en 1924 [1] ont été classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998 comme une partie de l’Art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule Ibérique.
Qui est l’Homme de Bicorp et que sait-on de cette peinture ?
Cette peinture dépeint une silhouette humaine appelée "l’Homme de Bicorp" (bien qu’il puisse aussi s’agir d’une femme), qui semble escalader une échelle probablement faite de cordes ou de lianes et attachée à un rocher ou à une branche. La personne semble tenir dans sa main droite un panier pour récolter le miel, et atteindre avec sa main gauche des rayons de miel dans une grotte, représentée sur la peinture par une cavité préexistante dans la roche. La personne y est dépeinte entourée d’abeilles. Cette peinture typiquement levantine a été effectuée avec une seule couleur rouge, probablement obtenue à partir d’oxyde de fer ou de manganèse, mélangé avec de la graisse animale ou des résines végétales agissant comme liants, puis appliqué avec des pinceaux rudimentaires faits de poils d’animaux [2].
On ne peut cependant probablement pas encore parler d’apiculture ce qui impliquerait l’élevage des abeilles. Il s’agit plutôt de simple collecte ou vol de miel sans que les humains n’apporte quoi que ce soit aux abeilles.
Peut-on visiter la grotte de l’araignée et voir la peinture de la récolte du miel ?
Oui, il est possible (tout du moins à la date de cet article, au 19 Octobre 2024) de visiter les caves de l’araignée lors d’une visite guidée organisée par l’Écomusée de Bicorp. L’Écomusée se trouve au 11, Calle San Roque à Bicorp près de Valencia, en Espagne et il est nécessaire de louer un véhicule pour s’y rendre depuis Valencia. Il n’est pas possible d’accéder aux peintures sans un guide de l’Écomusée, car celles-ci sont situées au bout d’une longue route avec un terrain escarpé et protégées par des grilles. J’ai visité le site après avoir contacté l’écomusé qui a organisé une visite guidée pour cinq personnes avec un tarif de 5euros par personne. Les réservations sont possibles du Mercredi au Dimanche, la visite commence aux alentours de 10h30 et dure jusqu’à 13h30. Il faut être capable de marcher au soleil sur un terrain relativement escarpé avec plusieurs marches.
Après avoir traversé le musée orné de céramiques et plaques à l’effigie de l’Homme de Bicorp, nous avons rejoint le musée. La visite a commencé avec un bref tour de l’écomusé, le guide était capable de traduire en partie le contenu mais la visite était principalement en Espagnol (un seul guide est présent et nous comprenons l’espagnol, pensez à indiquer si vous ne parlez qu’anglais lors de la réservation). L’écomusé est un petit espace assez limité qui détaille les différents styles de peintures qui sont apparus au fur et à mesure des années sur le site. La visite du musée est utile car de nombreuses peintures successives ont été faites sur le site archéologiques et il n’est pas toujours évident de les distinguer une fois sur place. On peut voir des scènes de chasse avec des hommes tenant des lances et des arcs, des animaux chassés dont certains ont des flèches dans le corps et d’autres sont simplement peints de profil. On discerne des animaux ressemblants à des cerfs, des bovins et des chèvres sauvages.
Après quelques explications, le guide nous a ensuite emmené avec un véhicule tout terrain jusqu’au site, où il a expliqué l’écologie des plantes environnantes et l’histoire des différentes peintures, plus ou moins visibles, présentes sur deux murs du site. Le lieu est situé non loin d’une gorge où coule une petite rivière (Barranco de Hongares) qui s’assèche en été. On retrouve une végétation typique des zones arides du Sud de l’Europe, avec de nombreux plants de romarin sauvage qui ont sans doute contribué au succès des abeilles dans cette région. Les peintures sont situées sur trois pans du mur d’une grotte très ouverte et correspondent à des styles de l’art levantin (de -10000 à -6500 ans avant l’an zéro) et de l’art schématique ibérique (de -6500 à -3500 ans avant l’an zéro). Un des pans est exposé à la pluie et il est difficile de discerner les peintures. Le pan principal, avec la peinture de la récolte du miel, est relativement bien conservé. Les peintures sont toutes très petites ce qui peut être surprenant et on ne peut pas s’en approcher afin de les protéger. Sur le troisième pan, on peut deviner grâce aux explications du guide la forme d’un grand taureau et de plusieurs humains.
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Notes et références
[1] Hernández-Pacheco, E., Poch, J., Benitez, F., & Hernández-Pacheco, F. (1924). Las pinturas prehistoricas de las cuevas de la Araña (Valencia).online book
[2] Víctor Cantos. (2015) Comentario Cueva la Araña. Bicorp. Valencia. Pintura Levantina. Aula de Historia.