Publié le 4 juin 2023 et mis à jour le 4 août 2025.
Tropilaelaps, un autre acarien parasite de l’abeille

Les Tropilaelaps sont des acariens parasites redoutables de l’abeille domestique Apis mellifera, bien plus invasifs que les varroas. Originaires d’Asie, ils se propagent rapidement et viennent d’être détectés en Géorgie. Leur petite taille leur permet de se cacher dans le couvain, rendant leur détection difficile et leur traitement complexe. Ils se nourrissent sur les larves d’abeilles, provoquant des malformations graves. Les traitements standards contre Varroa sont peu efficaces contre eux, car ils se réfugient dans les cellules operculées. Face à cette menace émergente, la prévention et la biosécurité sont cruciales pour empêcher leur arrivée en Europe.
Les Tropilaelaps sont des acariens parasites de l’abeille sociale Apis mellifera de la famille des Laelapidae. Ils sont plus petits que les varroas, mais leur couleur est similaire. Leur petite taille leur permet de se déplacer plus facilement dans la ruche et contribue à les rendre encore plus problématiques que le varroa pour les abeilles. Il en existe plusieurs esp1eces, dont Tropilaelaps mercedesae, présente en Géorgie. Une autre espèce commune en Asie est Tropilaelaps clareae, et on retrouve aussi Tropilaelaps koenigerum et Tropilaelaps thaii [1].
D’où viennent les acariens Tropilaelaps ?
Les acariens Tropilaelaps proviennent d’Asie. Ils vivent dans la nature dans les colonies d’abeilles géantes d’Asie (Apis dorsata, Apis laboriosa, et Apis breviligula) [2]. Ce parasite est passé des abeilles géantes aux abeilles Européennes Apis mellifera en Asie, là où toutes les espèces d’abeilles sont présentes. Pour cette raison, il y a de nombreuses craintes qu’il puisse se disperser et s’installer en Europe. Pour l’instant, les Tropilealaps sont présents en Asie. En Octobre 2024, des Tropilaelaps mercedesae ont été observés en Géorgie dans des colonies d’Apis mellifera [3]. Mais ils sont toujours absents de France, Suisse, Belgique et du Canada.
On ne sait pas exactement comme les Tropilaelaps se dispersent, mais ils ont été récemment observés attachés à des abeilles quittant des ruches infestées [4].
Quel est le cycle de vie des acariens Tropilaelaps ?
Contrairement au Varroa destructor qui ne perce les larves d’abeilles qu’à un seul endroit, les Tropilaelaps percent la peau des larves d’abeilles a plusieurs endroits. Cela cause des cicatrices importantes sur les larves qui entrainent l’apparition de malformations sur les abeilles adultes. Ces malformations peuvent notamment empêcher les abeilles de bouger leurs antennes, leurs ailes ou leurs pattes [5]. Forcément, les abeilles affectées sont souvent incapables de contribuer à la vie de la colonie et meurent plus rapidement. En plus de cet effet direct, les acariens Tropilaelaps peuvent transmettre de nombreux virus de l’abeille comme des virus de paralysie de l’abeille, le virus des cellules royales noires (BQCV), et le virus des ailes déformées de l’abeille (DWV).
Les populations de Tropilaelaps grandissent plus vite que celles du varroa, les colonies d abeilles meurent rapidement après avoir été infectées. Alors que les varroas se nourrissent aussi des adultes et ne se reproduisent pas pendant deux semaines de leur cycle, les Tropilaelaps se nourrissent de larves d’abeilles en permanence et n’ont pas d’interruption de reproduction durant leur cycle de vie.
Les Tropilaelaps sont aussi plus difficiles à détecter que les varroas. Ils passent la plupart de leur temps dans le couvain des abeilles et pas sur les abeilles adultes, il est tout de même possible de les trouver sur des abeilles adultes mais il pourrait être difficile d’estimer la taille de leur population. Pour cette raison, désopérculer les cellules de couvain est la méthode qui permet de détecter le plus grand nombre d’acariens. Il est aussi possible d’utiliser des pièges collants sur le fond de ruche et ces approches peuvent être combinés à un test au sucre glace, effectué en secouant des abeilles adultes dans un pot de sucre glace pour faire tomber les acariens [6].
Pourquoi les traitements contre le Varroa ne fonctionnent pas contre le Tropilaelaps ?
Le varroa passe du temps sur les abeilles car il doit se nourrir des adultes, cela fait partie de son cycle de vie. C’est à ce moment que les traitements contre le varroa agissent, car le varroa est le plus vulnérable lorsqu’il ne se cache pas dans les cellules des abeilles avec leurs larves.
Le Tropilaelaps, contrairement au varroa, passe la plupart de son temps dans les cellules des abeilles et pourrait donc être moins sensible aux traitements contre le Varroa. En effet, les cellules d’abeilles contenant des larves ou des nymphes sont fermées par un opercule de cire qui bloque les traitements pendant la majorité du cycle de développement de l’abeille. Seuls les traitements capables d’affecter les Tropilaelaps ou les varroas dans leurs cellules (comme l’acide formique et le traitement à la chaleur) sont potentiellement capables de tuer les Tropilaelaps dans les cellules fermées, mais il n’y a pas assez de recherche faites à ce jour pour répondre à cette question [7].
Et même si un produit était capable de tuer les Tropilaelaps, il faudrait tout de même vérifier que ce produit ne cause pas trop de dégâts aux abeilles. Pour qu’un produit soit efficace, il ne faut pas que ce produit tue tous les acariens, mais qu’il en tue suffisamment en ayant peu d’effet sur les abeilles. Malheureusement, un tel produit n’existe pas encore et il est donc préférable d’empêcher les Tropilaelaps de se disperser hors d’Asie, en établissant des contrôles stricts comme en Australie.
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Notes et références
[1] Anderson, D. L., & Morgan, M. J. (2007). Genetic and morphological variation of bee-parasitic Tropilaelaps mites (Acari : Laelapidae) : new and re-defined species. Experimental and Applied Acarology, 43(1), 1-24.
[2] Anderson, D. L., & Roberts, J. M. (2013). Standard methods for Tropilaelaps mites research. Journal of Apicultural Research, 52(4), 1-16.
[3] Janashia et al. 2024. First Report on Tropilaelaps mercedesae Presence in Georgia : The Mite is Heading Westward ! Journal of Apicultural Research.
[4] Tokach, R., Aurell, D., Chuttong, B., & Williams, G. R. (2025). Observation of Tropilaelaps mercedesae (Mesostigmata : Laelapidae) on Western honey bees (Apis mellifera) exiting colonies. Journal of Economic Entomology, 118(2), 966-969.
[5] de Guzman, L. I., Williams, G. R., Khongphinitbunjong, K., & Chantawannakul, P. (2017). Ecology, life history, and management of Tropilaelaps mites. Journal of economic entomology, 110(2), 319-332.
[6] Gill, M. C., Chuttong, B., Davies, P., Etheridge, D., Panyaraksa, L., Tomkies, V., ... & Budge, G. E. (2024). Assessment of the efficacy of field and laboratory methods for the detection of Tropilaelaps spp. PloS one, 19(9), e0301880.
[7] Chantawannakul, P., Ramsey, S., Khongphinitbunjong, K., & Phokasem, P. (2018). Tropilaelaps mite : an emerging threat to European honey bee. Current opinion in insect science, 26, 69-75.