Publié le 4 juillet 2025 et mis à jour le 4 juillet 2025.
Le traitement du varroa l’acide lactique
Que sait-on des traitements à l’acide lactique contre le Varroa destructor ?

Le Varroa destructor menace gravement les colonies d’abeilles en s’attaquant à leur santé et en transmettant des maladies. L’acide lactique apparaît comme une solution potentielle similaire à l’acide oxalique. Appliquée en spray sur les cadres de la ruche, cet acide organique détruit les varroas en altérant leurs coussinets adhésifs, ce qui les empêche de s’accrocher aux abeilles. Selon plusieurs études, l’efficacité varie entre 60% et 98% selon la saison, la dose et la fréquence des applications. Ce traitement ne semble pas laisser de résidus dangereux dans le miel, mais n’est pas encore approuvé. Voici toutes les informations sur les recherches en cours sur l’acide lactique pour protéger les abeilles contre les varroas.
Pourquoi le traitement des colonies d’abeilles est-il envisagé ?
Le varroa ou Varroa destructor est un petit acarien parasite de l’abeille qui se nourrit de l’équivalent de son foie et peut leur transmettre des maladies. Malgré sa présence dans les ruches d’Europe et d’Amérique du Nord depuis les années 80, il n’existe toujours pas de traitement anti-varroas complètement satisfaisant pour son contrôle.
Différents traitements chimiques, physiques et culturels existent pour limiter les dégâts des varroas sur les abeilles. Le problème est que les traitements physiques sont considérés comme difficiles à mettre en place, et les traitements chimiques ont des effets délétères sur la santé des abeilles. Les résidus de certains acaricides posent même un risque pour la santé humaine et ne peuvent pas être utilisés lorsque les abeilles stockent du miel dans les hausses.
L’acide lactique, comme d’autres acides organiques, est envisagé comme une des solutions pour traiter le varroa sans danger pour la santé humaine des consommateurs de miels. Ces traitements pourraient aussi être moins néfastes que d’autres pour les abeilles. L’acide lactique est naturellement présent dans la nourriture fermentée (yaourt, choucroute, pain,...) et est déjà présent en faible quantité dans le miel [1].
Comment fonctionne l’acide lactique dans le traitement du Varroa destructor
Les varroas tombent sur le fond de ruche entre trois et sept jours après le traitement, ce qui semble être dû à l’action de l’acide lactique sur les bouts des pattes des varroas [2]. Le bout des pattes des varroas sont pourvus de structures rappelant un peu les coussinets mous des chats et chiens. Ils servent probablement de ventouse, et aident en tout cas les varroas à se tenir aux abeilles. Ces coussinets sont gonflés d’hémolymphe qui est un liquide en partie équivalent au sang des vertébrés. L’acide lactique semble les abîmer et donc empêcher les varroas de s’agripper aux abeilles [2].
Quelle est l’efficacité du traitement à l’acide lactique contre le varroa ?
Différentes études rapportent différentes efficacités en fonction de la période de l’année et de l’intensité et de la fréquence des traitements [3]. L’acide lactique, contrairement à l’acide formique, ne pénètre pas dans les cellules de couvain operculé. Malgré cela, certaines études rapportent 84% de mortalité après 4 traitements à la fin de l’été, 98% d’efficacité après deux traitements d’hiver, 60% d’efficacité après trois traitements de printemps, 96% à 98% d’efficacité pour le traitement des essaims artificiels (sans couvain) avec respectivement trois traitements à 5mL ou deux traitements à 8mL [3].
L’acide lactique est-il dangereux pour les abeilles ?
Une étude n’a pas trouvé de dégâts sur le couvain (oeufs et larves), ce qui suggère que ce traitement peut être appliqué aux cadres de couvain non operculés. Plusieurs études et apiculteurs rapportent n’avoir trouvé aucun effet néfaste sur le long terme sur les colonies d’abeilles à des températures supérieures à 4°C [3]. Cependant, une étude a bien trouvé une augmentation de la mortalité des abeilles, en particulier à des températures ambiantes inférieures à 4°C, mais sans effets importants au long terme en comparaison avec un traitement chimique. Cette étude n’ayant malheureusement pas de groupe contrôle sans aucun traitement, il est difficile de déterminer si l’acide lactique a un effet positif ou négatif au long terme sur les colonies d’abeilles [3].
Quel est le mode d’application de l’acide lactique ?
L’acide lactique est utilisé en spray dans les ruches, en tous cas par les scientifiques qui étudient ce traitement potentiel. Dans les premières études sur le sujet, les scientifiques ont utilisé une dilution d’acide lactique à 15% et pulvérisé de 5mL à 8mL de cette solution sur chaque face de chaque cadre de la ruche entre deux à quatre fois [3]. La manière dont les scientifiques ont établi ces concentrations, volumes et nombre de traitements n’est cependant pas claire et il est possible que des doses plus faibles soient également efficaces. Certaines études suggèrent que la mortalité du varroa après ces traitements n’est pas assez haute avec 5mL et recommandent d’utiliser 8mL [3]. En réalité, ce qui importe en apiculture, ce n’est pas le nombre de varroas qui meurent, mais la santé de la colonie d’abeille après le traitement. Peu importe si les varroas meurent ou non, tant qu’ils ne se reproduisent plus ou ne piquent plus les abeilles. Il faudrait donc idéalement une étude au long terme mesurant la survie et la productivité des colonies d’abeilles après qu’elles aient été exposées à différentes concentrations et volumes d’acide lactique.
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Notes et références
[1] Mato, I., Huidobro, J. F., Simal-Lozano, J., & Sancho, M. T. (2006). Analytical methods for the determination of organic acids in honey. Critical Reviews in Analytical Chemistry, 36(1), 3-11.
[2] Vilarem, C., Blanchard, S., Julien, F., Vétillard, A., & Piou, V. (2024). Lactic acid treatment on infested honey bees works through a local way of action against Varroa destructor. Scientific Reports, 14(1), 27092.
[3] Kraus, B., & Berg, S. (1994). Effect of a lactic acid treatment during winter in temperate climate upon Varroa jacobsoni Oud. and the bee (Apis mellifera L.) colony. Experimental & applied acarology, 18, 459-468.