Traitement du varroa à la chaleur : l’hyperthermie dans les ruches

Traitement thermique pour protéger les abeilles de Varroa destructor


Accueil / Abeille, apiculteur et apiculture

Le Varroa destructor est un petit acarien parasite de l’abeille domestique. Les varroas se nourrissent des corps adipeux des larves d’abeilles, ce qui correspond en termes humains à leur foie. Cela affaiblit l’immunité des abeilles et cause des malformations. En plus de cela, le varroa transmet plusieurs virus aux abeilles. Certains de ces virus, comme le virus des ailes déformées, peuvent empêcher les abeilles de voler avec des conséquences forcément dramatiques pour la colonie.

Pourquoi chercher des nouveaux traitements contre le Varroa destructor ?

Les apiculteurs, jusqu’à maintenant, sont généralement obligés d’utiliser des pesticides pour tuer le Varroa destructor dans leurs ruches. Il existe quelques techniques pour tuer le Varroa sans acaricides, mais celles-ci sont difficiles à mettre en place et prennent beaucoup de temps aux apiculteurs [1]. La plupart de ces produits, qu’ils soient appelés acaricides, miticides, varroacides, et qualifiés d’organiques, chimiques, synthétiques, naturels ou d’huiles essentielles, sont souvent aussi utilisés comme insecticides dans les champs et tous semblent affecter la santé des abeilles d’une manière ou d’un autre [2]. Certains traitement, comme l’acide formique ou l’acide oxalique, présentent aussi des risques pour les apiculteurs qui les manipulent et d’autres des risques pour les consommateurs.

Le pari que les apiculteurs doivent faire à chaque fois, c’est que ces traitements vont affecter les varroas plus que les abeilles, et donc aider la colonie à se porter un peu mieux avec traitement que sans traitement. Forcément, ce n’est pas très satisfaisant. Et malgré tous les traitements disponibles aujourd’hui, les pertes des apiculteurs sont très importantes, à 30% chaque année en moyenne, en partie à cause du varroa et des virus qu’il transporte (mais aussi à cause des pesticides, du manque de fleurs et du réchauffement climatique).

De nombreux chercheurs et apiculteurs essaient donc de développer d’autres méthodes qui ne reposent pas sur l’utilisation de pesticides pour tuer le varroa. Cela inclue la sélection de lignée d’abeilles résistantes au varroa, le développement de varroas avec des gènes modifiés qui les rendent fragiles [3] et l’interruption de la ponte de la reine pendant quelques jours pour couper entièrement le développement du Varroa, qui a besoin de larves d’abeilles. Malheureusement ces méthodes sont soit très complexes, soit demandent beaucoup de temps aux apiculteurs.

Chercher de nouvelles méthodes pour éviter de devoir utiliser des pesticides contre le varroa est donc nécessaire, et une de ces méthodes pourrait être de réchauffer les ruches pour tuer les varroas, qui sont plus sensibles à la température que les abeilles.

Quels sont les risques associés au traitement thermique du Varroa destructor ?

Malheureusement, chauffer une ruche n’est pas simple non plus, et pas sans risques pour les abeilles. Réchauffer la ruche peut augmenter les besoins en eau de la colonie, les dépenses en énergies des abeilles (elles sont plus active quand il fait chaud, donc dépensent plus d’énergie) ou affecter le développement et la survie du couvain.

Les larves d’abeilles se développent mieux à 34.5°C, les abeilles ouvrières essaient donc constamment de réguler la température de la ruche à cette température. Lorsque la ruche est réchauffée, les abeilles ramènent de l’eau qu’elles étalent sur les surfaces et évaporent à battant des ailes pour refroid la ruche. Réchauffer la ruche risque donc de changer les activités des abeilles qui vont se mettre à collecter de l’eau et à ventiler au lieu de continuer leur tâches habituelles.

En plus, les systèmes pour chauffer les ruches doivent atteindre des températures supérieures à 40°C pour tuer les varroas. Les larves d’abeilles vont donc être exposées à des températures plus élevées que leur température idéale, ce qui change probablement leur comportement une fois adulte, si elles survivent à ce choc thermique [4].

Quels systèmes existent aujourd’hui pour le traitement hyperthermique des ruches ?

Jusqu’à présent (en Septembre 2023...), la plupart des systèmes développés pour traiter les ruches sont loin d’être parfaits [5]. Les traitements à la chaleur développés jusqu’à présent reposent sur l’utilisation du soleil pour concentrer la chaleur soit en plaçant les colonies d’abeilles dans des ruches à vitres pour créer un effet de serre, soit en reflétant les rayons du soleil pour créer un effet de barbecue solaire. Les autres méthodes incluent des bains-marie électriques ou à gaz, avec ou sans eau, qui ne réchauffent généralement qu’un groupe d’abeilles qui y sont placées. Un peu plus récemment, des systèmes entièrement électriques placés dans les ruches ont été développés, mais semble rester à l’état de prototypes ou sont très onéreux.

À ce jour, le principal système disponible en Europe semble être le "Varroa controller" qui nécessite de placer des cadres de couvains dans une machine chauffante. Cette méthode pourrait tuer jusqu’à 97% des varroas et réduire l’incidence du virus qui déforme les ailes des abeilles [6]. Cependant ces recherches ont été conduites et validées par une ou des entreprises privées et des recherches indépendantes pourraient être nécessaires pour s’assurer de ces résultats très prometteurs. Le problème majeur de ce système est le prix, à plus de 2800 euros l’unité pour le modèle le plus basique, et l’effort et le temps nécessaires pour extraire les cadres de couvain et les placer dans la machine.

Systèmes de traitements thermiques contre le Varroa disponibles et en développement (prototypes)

Si vous connaissez ou développez d’autres systèmes et prototypes pour le traitement thermiques des ruches, je vous invite à laisser un commentaire en bas de cette page. Vous pouvez suggérer un lien vers votre site internet et j’essaierai d’établir une liste à jour des produits disponibles et prototypes en développement.

Myrmecofourmis.fr n’a pas testé ces systèmes et ne peut pas garantir leur efficacité ou sureté, pour les humains ou les abeilles :
 Varroa Controller, développé par ECODESIGN, disponible à la vente ( 2800 euros).
 Cadres chauffants, développés par Vatorex, en développement.
 Varroa Terminator, développé par HiveT, disponible à la vente ( 450 euros).
 Thermosolar Hive, développé par Apis Innovation, disponible à la vente. Mais le site n’est pas entièrement traduit ( 590 euros).
 Autres prototypes divers qui ne semblent pas avoir été commercialisés
 Mighty Mite Killer, par BeeHiveThermalIndustries, le projet semble avoir été abandonné, le site internet n’est pas accessible (septembre 2023).


Articles liés

  • La morphologie et l’anatomie de l’abeille

    Voici toutes les explications nécessaires pour comprendre de quoi est fait le corps de l’abeille, avec un schéma simplifié de la morphologie de l’abeille et un dessin complet de son anatomie.

  • Ces abeilles naturellement résistantes au Varroa destructor

    Certaines colonies d’abeilles sont naturellement résistantes à Varroa destructor, un acarien parasite de l’abeille. Des recherches récentes nous en disent plus sur les mécanismes qui permettent à ces abeilles de limiter le développement des varroas.

  • Comment les abeilles contrôlent-elles la température de la ruche ?

    Les abeilles maintiennent la température de leur ruche entre 32 et 36°C. Pourquoi les abeilles contrôlent-elles la température de la ruche ? Comment font-elles ? Quelle est la température optimale d’une ruche ? Voici tout ce que vous voulez savoir sur la température des abeilles.

Notes et références

[1van der Steen, J., & Vejsnæs, F. (2021). Varroa control : A brief overview of available methods. Bee World, 98(2), 50-56.

[2Tihelka, E. (2018). Effects of synthetic and organic acaricides on honey bee health : a review. Slovenian Veterinary Research, 55(3).

[3Faber, N. R., Meiborg, A. B., Mcfarlane, G. R., Gorjanc, G., & Harpur, B. A. (2021). A gene drive does not spread easily in populations of the honey bee parasite Varroa destructor. Apidologie, 52(6), 1112-1127.

[4Becher, M. A., Scharpenberg, H., & Moritz, R. F. (2009). Pupal developmental temperature and behavioral specialization of honeybee workers (Apis mellifera L.). Journal of Comparative Physiology A, 195, 673-679.

[5Tihelka, E. (2016). History of Varroa Heat Treatment in Central Europe (1981-2013). Bee World, 93(1), 4-6.



Poser une question:

Votre message
Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.