Que deviennent les insectes en hiver ?

Où les insectes se cachent-ils en hiver ?

En hiver, on voit souvent beaucoup moins d’insectes. En effet, les insectes ont besoin de chaleur pour pouvoir se déplacer. Et bien que certains puissent survivre au gel, la plupart meurent quand les températures s’approchent ou descendent en dessous de zéros. Où vont les insectes en hiver ? Jusqu’à quelle température peuvent-ils survivre ? Eh bien ça dépend. Les insectes sont extrêmement diversifiés, et différents insectes ont différentes stratégies pour survivre durant les mois les plus froids de l’hiver. Il existe même une espèce d’insecte capable de survivre plusieurs heures à -87°C (voir plus bas) !

Migrer là où ils fait chaud, les insectes migrateurs prennent des vacances au soleil

Certains insectes, chez les papillons [1] et libellules [2] en particulier, sont migrateurs. À la fin de l’été, ils migrent vers des pays plus chauds et plus proches de l’équateur. Cette migration est semblable à celles des oiseaux migrateurs, mais une différence importante est que les insectes meurent souvent assez rapidement après avoir migré. Ce sont leurs descendants qui font le trajet inverse et retournent là où les adultes de la génération précédente se trouvaient au départ [3].

Se cacher hors du gel, en s’abritant dans le bois ou dans les maisons

Lorsque les températures chutent et que la glace commence à envahir les paysages, de nombreux insectes cherchent des abris pour se protéger du froid. Certaines espèces, comme les coccinelles et les punaises, peuvent se réfugier dans les maisons, où la chaleur leur permet de survivre. Enfin, de nombreux insectes se cachent dans des crevasses, des écorces d’arbres ou des feuilles mortes pour échapper aux gelées. C’est le cas par exemple des reines des guêpes et frelons. Celles-ci s’accouplent à l’automne, se cachent dans des souches ou du bois mort, et construisent leur nid au printemps suivant.

Passer l’hiver comme une larve, au chaud dans le sol

Certaines espèces d’insectes passent l’hiver à l’état de larve, enterrées dans le sol. En creusant profondément sous la surface, elles peuvent échapper au gel et profiter des températures relativement stables du sol. C’est le cas des cigales et des lucanes dont les larves vivent plusieurs années sous terre. Les larves d’insectes, ralentissent leur métabolisme avec le froid [4] ce qui leur permet d’économiser de l’énergie et de survivre pendant de longues périodes sans se nourrir.

Passer l’hiver comme un oeuf

Certains insectes pondent leurs œufs à l’automne, souvent dans des endroits protégés, tels que des crevasses dans l’écorce des arbres et des souches, dans la litière des forêts ou directement dans le sol [5]. À l’intérieur de ces œufs, les embryons restent en sommeil jusqu’à ce que les conditions deviennent plus favorables au printemps. Les adultes des insectes qui pondent leurs oeufs à l’automne meurent généralement avant l’hiver. C’est le cas en particulier des pucerons et des papillons de nuit.

Garder le nid au chaud comme les abeilles

Les abeilles survivent à l’hiver en gardant leur ruche au chaud. Pendant les mois d’hiver, les abeilles ouvrières forment une grappe autour de la reine, et génèrent de la chaleur en frissonnant. Elles stockent et consomment de grandes quantités de miel pour avoir assez d’énergie pour frissonner et produire de la chaleur durant tout l’hiver. Cela réchauffe juste assez la ruche pour que les abeilles survivent aux conditions hivernales. Généralement, la ruche est maintenue, en hiver, entre 4 et 10 degrés Celsius.

S’enterrer dans le sol comme les fourmis des bois

Pour se protéger du froid, de nombreuses espèces de fourmis descendent simplement dans leur nid. Le sol ne gèle que rarement à moins de quelques centimètres sous terre. Les fourmis des bois ou fourmis rousses, sont des expertes de la survie en hiver. Ces fourmis creusent des galeries sous la terre, parfois à plusieurs mètres de profondeur, où elles survivent durant l’hiver. Chez ces fourmis, la plupart des ouvrières passent l’hiver tout au fond du nid, mais certaines restent juste sous la surface. Celles-ci risquent de geler, mais avoir des fourmis proches de la surface permet à la colonie de se réchauffer dès les premiers rayons de soleil. Dès que les fourmis qui ont survécu proche de la surface sentent la chaleur du printemps, elles s’activent, vont se dorer au soleil sur leur nid de brindilles, et redescendent plus bas dans le nid réchauffer les autres [6].

Survivre au gel grâce à des protéines anti-gel

Certains insectes peuvent survivre et même rester actifs à des températures inférieures à 0°C en produisant des protéines anti-gel durant l’hiver. Ces protéines spéciales empêchent la formation de cristaux de glace dans les tissus des insectes, ce qui les protège des dommages causés par le gel. Ces protéines sont similaires aux produits ajoutés dans le liquide lave-glace et de refroidissement des voitures pour les empêcher de geler. Les insectes, comme les coléoptères des régions froides, utilisent cette stratégie pour survivre dans des environnements extrêmement froids [7]. L’insecte qui peut survivre le plus au froid est le coléoptère Pterostichus brevicornis [8]. La plupart des individus de cette espèce peuvent survivre 5h à -87°C.


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Notes et références

[1Menz, M. H., Scacco, M., Bürki-Spycher, H. M., Williams, H. J., Reynolds, D. R., Chapman, J. W., & Wikelski, M. (2022). Individual tracking reveals long-distance flight-path control in a nocturnally migrating moth. Science, 377(6607), 764-768.

[2May, M. L. (2013). A critical overview of progress in studies of migration of dragonflies (Odonata : Anisoptera), with emphasis on North America. Journal of Insect Conservation, 17, 1-15.

[3Anderson, R. C. (2009). Do dragonflies migrate across the western Indian Ocean ? Journal of tropical Ecology, 25(4), 347-358.

[4Sinclair, B. J. (2015). Linking energetics and overwintering in temperate insects. Journal of Thermal Biology, 54, 5-11.

[5Bale, J. S., & Hayward, S. A. L. (2010). Insect overwintering in a changing climate. Journal of Experimental Biology, 213(6), 980-994.

[6Cherix D., Freitag A. & Maeder A. (2010). Fourmis des bois du Parc jurassien vaudois. Rossolis, 120p.

[7Graham, L. A., Liou, Y. C., Walker, V. K., & Davies, P. L. (1997). Hyperactive antifreeze protein from beetles. Nature, 388(6644), 727-728.

[8Miller, L. K. (1969). Freezing tolerance in an adult insect. Science, 166(3901), 105-106.



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