Fourmis et pucerons
Macrophotographies d’interactions entre fourmis et pucerons.
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Pourquoi les fourmis protègent-elles les pucerons ?
Les fourmis défendent simplement les pucerons parce que ces derniers leurs fournissent un liquide riche en sucres appelé miellat de pucerons. Le miellat des pucerons est en réalité composé simplement de leurs déjections. En effet, la sève des plantes est riche en eau et en sucre, mais ces sucres n’intéressent pas vraiment les pucerons qui, parce qu’ils sont généralement immobiles et n’ont pas besoin de beaucoup d’énergie. Ils cherchent plutôt dans la sève des minéraux et des protéines pour produire leurs larves ou pour grandir. Les pucerons produisent donc en grande quantité des déjections composées principalement d’eau et de sucre. C’est pour cela que l’on peut souvent observer dans la nature des fourmis autour d’un groupe de pucerons ou de cochenilles sur une plante : elles collectent le miellat sucré des pucerons. Les abeilles font de même sur les sapins : sans les pucerons, le miel de sapin n’existerait pas. Les sapins ne produisent pas de fleurs à nectar, alors les abeilles, dans les forêts de pins et de sapins, récoltent le miellat des pucerons et en font du miel.
Les pucerons causent-ils des dommages aux plantes même en présence des fourmis ?
Oui, les pucerons continuent en effet à se nourrir même lorsque les fourmis sont présentes. Ils causent même probablement plus de dégâts aux plantes étant donné qu’ils sont moins affectés par leur parasites et prédateurs, étant donné que les fourmis essaient de les protéger. Il faut bien noter cependant que la plupart du temps, les dommages causés aux plantes par les pucerons sont minimes. Lorsqu’il y a peu de pucerons, les dommages sur les plantes sont souvent négligeables. C’est lorsqu’une colonie de pucerons parvient à se multiplier rapidement qu’il y a un risque pour la plante.
Les pucerons et les fourmis vont-ils toujours ensemble ?
L’association entre fourmis et pucerons n’est souvent pas obligatoire. Les pucerons ne dépendent généralement pas des fourmis, et les fourmis ont d’autres sources de nourriture que les pucerons. Certaines espèces de fourmis n’élèvent pas de pucerons du tout. Donc vous pouvez trouver dans votre jardin, des fourmis sans pucerons et des pucerons sans fourmis. Il est aussi important de savoir que certaines espèces de pucerons se font manger par les fourmis, il s’agit souvent d’espèces de pucerons qui rejettent le miellat loin d’eux. Cela leur permet d’éviter le développement de bactéries et de champignons qui se développeraient sur la plante (qui est leur garde-manger), comme la fumagine par exemple. Les fourmis attaquent et mangent ces espèces de pucerons comme elles le font avec n’importe quel autre insecte sans défense qu’elles croisent.
Pour les jardiniers, les fourmis, lorsqu’elles ne protègent pas de pucerons, sont plutôt utiles, certaines plantes ont même développé des nectaires extrafloraux [1], c’est à dire des glandes produisant du nectar à la base des feuilles, dans le but d’attirer les fourmis sur l’arbre. Les fourmis défendent les plantes contre les chenilles et les coléoptères qu’elles capturent pour nourrir leurs larves.
Les fourmis bloquent-elles vraiment tous les prédateurs des pucerons ?
On reproche souvent aux fourmis de protéger les pucerons contre les coccinelles, mais tous les autres insectes mangeurs et parasites de pucerons ne sont pas forcément bloqués par les fourmis. Souvent les coccinelles se contentent de bouger d’une feuille à l’autre [2]. Il y a aussi d’autres prédateurs des pucerons contre lesquels les fourmis ne peuvent rien faire : les guêpes solitaires chasseuses de pucerons et les guêpes parasitoïdes de pucerons. Ces dernières sont si petites qu’elles peuvent pondre leurs oeufs dans les pucerons. On se posant seulement quelques instants, elles arrivent parfois à tuer un pucerons, pareil pour certaines mouches. Sur la photo ci-dessous, on voit une petite guêpe prédatrice de pucerons :
Les pucerons sont-ils tous pareils ?
Il existe des centaines d’espèces de pucerons, le site iNaturalist en recense 239 espèces en France [3] et plus de 4700 espèces de pucerons ont été décrites dans le monde [4]. Chaque espèce de puceron est souvent spécialisé sur une espèce de plantes ou au plus quelques espèces proches. Il est donc rare d’observer le passage de pucerons entre différentes espèces de plantes, et il y a donc peu de "contaminations" entre les plantes qui sont différentes comme par exemple des salades et des haricots.
Quelles plantes sont le plus souvent infestées par les pucerons ?
De nombreuses espèces de plantes et même celles que certains considèrent des mauvaises herbes ont des pucerons qui ont évolués avec elles. Au jardin, les pucerons sont souvent présents sur les rosiers, les choux, les haricots et les dahlias, mais on les retrouve en réalité sur de nombreuses espèces de plantes auxquelles on prête souvent moins attention. Par exemple, ils sont aussi très communs sur les pissenlits et les graminées.
Même les orties n’échappent pas aux pucerons, pour le plus grand plaisir de ces fourmis du genre Lasius. Voici quelques macrophotographies de fourmis protégeant un groupe de pucerons des orties :
Macrophotographies de fourmis et pucerons sur un jeune érable :
Macrophotographie de pucerons et fourmis sur un noyer. On peut observer des fourmis en train de réaliser une trophallaxie : les fourmis stockent le miellat dans leur jabot social, puis le régurgitent pour le partager avec les autres ouvrières. Elles échanges ainsi des informations sur la source de nourriture, ou équilibrent le miellat prélevé. Ces pucerons du noyer sont de l’espèce Callaphis juglandis.
Sur des ronces et sous la surveillance de la fourmi Lasius fuliginosus, fourmis qui sont connues d’ailleurs pour les colonnes impressionnantes qu’elles forment jusqu’aux plantes recouvertes de pucerons. Ces fourmis sentent la citronnelle, ce qui permet de les identifier facilement :
Des fourmis et des pucerons sous la terre ! Macrophotographie d’une fourmi Lasius flavus récoltant du miellat de pucerons de racines, qui vivent sous les dalles et pierres ou dans les galeries des fourmis, fixés sur les racines des herbes...
Vidéo à très fort grossissement de la collecte du miellat pour des fourmis dans un jardin :
Quelques photos (extraites d’une vidéo sur la récolte du miellat en vidéo) en pleine nature de cette ouvrière Myrmica cf ruginodis, sur de jeunes pucerons qui apprécient apparemment les ronces. Peu de miellat ce jour là, mais nous avons quand même réussit à prendre les clichés aux moments (avant/pendant/après) la récolte du miellat. La fourmi a repéré la goutte de miellat, elle s’en approche et collecte la gouttelette qu’elle boit :
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Notes et références
[1] Voir l’article détaillé sur les interactions bénéfiques entre plantes et fourmis, appelées myrmécophilie.
[2] Voir l’article sur les relations quelque peu compliquées entre les fourmis et coccinelles.
[3] Site iNaturalist consulté le 16 Septembre 2024 pour le terme Aphididae en France métropolitaine.
[4] Remaudière, Georges, and Marc Remaudière. "Catalogue des aphididae du monde : Homoptera-Aphidoidea." (2006) : 1-484.