Fourmis et pucerons
Macrophotographies d’interactions entre fourmis et pucerons.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les fourmis protègent les pucerons ? Elles apprécient simplement les pucerons parce qu’ils fournissent un liquide riche en sucres, le miellat. Le miellat des pucerons est en réalité composé simplement de leurs déjections. En effet, la sève des plantes est riche en sucre, mais ces sucres n’intéressent pas vraiment les pucerons qui, parce qu’ils sont généralement immobiles et n’ont donc pas besoin de beaucoup de calories, cherchent plutôt dans la sève des minéraux et protéines pour produire leurs larves ou tout simplement grandir. Les pucerons produisent donc en grande quantité des déjections composées principalement d’eau et de sucre. C’est pour cela que l’on peut souvent observer dans la nature des fourmis autour d’un groupe de pucerons ou de cochenilles sur une plante : elles collectent le miellat sucré des pucerons.
Vidéo à très fort grossissement de la collecte du miellat pour des fourmis dans un jardin :
Il existe des centaines d’espèces de pucerons, souvent spécialistes d’une espèce ou d’une famille de plantes. Les orties n’échappent pas aux pucerons, pour le plus grand plaisir de ces fourmis du genre Lasius (et au grand malheur du photographe résigné).
Macrophotographies de fourmis protégeant un groupe de pucerons des orties.


L’association entre fourmis et pucerons n’est souvent pas obligatoire. Les pucerons ne dépendent généralement pas des fourmis, et les fourmis ont d’autres sources de nourriture que les pucerons. Certaines espèces de fourmis n’élèvent pas de pucerons du tout. Donc vous pouvez trouver dans votre jardin, des fourmis sans pucerons et des pucerons sans fourmis.

Il est aussi important de savoir que certaines espèces de pucerons se font manger par les fourmis, il s’agit souvent d’espèces de pucerons qui rejettent le miellat loin d’eux, pour éviter le développement de bactéries et de champignons qui se développeraient sur la plante (qui est leur garde-manger), comme la fumagine par exemple. Les fourmis les dévorent donc comme n’importe quel autre insecte sans défense qu’elles croiseraient.

Si on reproche souvent aux fourmis de protéger les pucerons, il faut savoir que tous les autres insectes mangeurs et parasites de pucerons ne sont pas forcément bloqués par les fourmis. Souvent les coccinelles se contentent de bouger d’une feuille à l’autre [1].

Il y a aussi d’autres prédateurs des pucerons contre lesquels les fourmis ne peuvent rien faire : les guêpes solitaires. On se posant seulement quelques instants, elles arrivent parfois à tuer un pucerons, pareil pour certaines mouches. Ces insectes pondent en effet leurs oeufs dans les pucerons.

Pour les jardiniers, les fourmis sont plutôt utiles, certaines plantes ont même développé des nectaires extrafloraux [2], dans le but d’attirer les fourmis sur l’arbre.

Macrophotographies de fourmis et pucerons sur un jeune érable :



Macrophotographie de pucerons et fourmis sur un noyer. On peut observer des fourmis en train de réaliser une trophallaxie : les fourmis stockent le miellat dans leur jabot social, puis le régurgitent pour le partager avec les autres ouvrières. Elles échanges ainsi des informations sur la source de nourriture, ou équilibrent le miellat prélevé.



Ces pucerons du noyer sont de l’espèce Callaphis juglandis.



Sur des ronces et sous la surveillance de la fourmi Lasius fuliginosus, fourmis qui sont connues d’ailleurs pour les colonnes impressionnantes qu’elles forment jusqu’aux plantes recouvertes de pucerons :

Ces fourmis sentent la citronnelle, ce qui permet de les identifier facilement.

Des fourmis et des pucerons sous la terre ! Macrophotographie d’une fourmi Lasius flavus récoltant du miellat de pucerons de racines, qui vivent sous les dalles et pierres ou dans les galeries des fourmis, fixés sur les racines des herbes...

Des fourmis du genre Tetramorium avec des pucerons de racines directement dans leur nid avec leurs larves et leurs nymphes, vidéo :
Des fourmis et des pucerons sur des plantes grasses en vidéo :
Quelques photos (extraites d’une vidéo [3]) en pleine nature de cette ouvrière Myrmica cf ruginodis, sur de jeunes pucerons qui apprécient apparemment les ronces. Peu de miellat ce jour là, mais nous avons quand même réussit à prendre les clichés aux moments (avant/pendant/après) la récolte du miellat.
Une petite photo de la fourmi qui surveille les pucerons :

La fourmi a repéré la goutte de miellat :

Elle s’en approche et collecte la gouttelette qu’elle boit :

Enfin, il ne faut pas oublier que sans les pucerons, le miel de sapin n’existerait pas ! De la même manière que les fourmis, les abeilles récoltent le miellat et en font du miel.
