La punaise nébuleuse ou punaise grise

Qui est la punaise nébuleuse ?

La punaise nébuleuse ou punaise grise Rhaphigaster nebulosa est un insecte de l’ordre des hétéroptères et de la famille des Pentatomidae. C’est une espèce très commune qui est présente dans les jardins où elle se nourrit de la sève des plantes, sans pour autant causer de réel dégât aux plantes du jardin. Elle passe donc le plus souvent inaperçue, d’autant plus que ses couleurs sont ternes. Comme les autres punaises de la famille des Pentatomidae souvent appelées punaises bouclier ("shield bug") ou punaises puantes ("stink bug") par les anglophones, la punaise nébuleuse possède des glandes qu’elle utilise pour émettre des composés chimiques toxiques et nauséabonds [1]. Attention donc à ne pas lui marcher dessus si vous ne voulez pas garder son odeur toute la journée sur vous.

Comment identifier la punaise nébuleuse ?

La punaise nébuleuse est une punaise de moyenne taille, mesurant de 13.5 à 17mm [2]. Elle est jaune, noire, grise, brune et blanche, avec en particulier des ailes brunes et les bords de l’abdomen rayés de larges bandes noires et jaunes. Les extrémités et joints des segments des pattes sont noirs, alors que le centre de ses tibias et fémurs sont jaunes. Les antennes sont colorées de larges bandes noires et blanches. Le dessous de son abdomen est jaune tacheté de petits points noirs.

Sur cette photo, on distingue les trois critères permettant de différencier la punaise nébuleuse de la punaise diabolique, une espèce invasive présente en France. La punaise nébuleuse possède une épine qui part de la base de l’abdomen et remonte vers la tête (ces épines sont absentes chez la punaise diabolique), ainsi que trois bandes blanches séparées sur les antennes (contre trois dont deux côte à côte chez la punaise diabolique) et la ponctuation sur les ailes visibles au bout de l’abdomen est ronde (alors qu’elle est ovale chez la punaise diabolique) :

On peut également confondre la punaise nébuleuse avec Dolycoris baccarum, la punaise des baies ou punaise des fruits, mais cette dernière possède de nombreuses soies (les poils chez les insectes) et des couleurs généralement roses ou violettes. Enfin, l’espèce Holcostethus vernalis ressemble aussi à la punaise nébuleuse mais est brune et ses antennes sont jaunes, oranges et noires.

Que mange la punaise nébuleuse ?

La punaise nébuleuse se nourrit de la sève de certains arbres caduques, c’est à dire des arbres non résineux qui perdent leurs feuilles en hiver. La plupart de ces espèces sont sauvages, mais certaines espèces dont se nourrit la punaise nébuleuse sont aussi cultivées. On la retrouve en particulier sur les noisetiers [3] où elle peut causer des dégâts mineurs, ainsi que sur les poiriers ou les pommiers où elle semble parfois piquer les fruits. Son alimentation est cependant très peu étudiée, probablement car elle ne cause pas vraiment de dégâts importants aux plantes cultivées. Plusieurs sources indiquent qu’elle peut se nourrir d’insectes morts mais sans fournir de photos ou de preuves. On la retrouverait aussi sur les bouleaux, chênes, hêtres, peupliers et saules [1].

Où vit la punaise nébuleuse ?

La punaise nébuleuse se rencontre dans toute l’Europe mais est particulièrement présente en Europe de l’Ouest, dont la France, la Belgique et l’Espagne [4] à des altitudes inférieures à 1200m. Comme les arbres dont elle se nourrit se retrouvent partout en Europe, cette punaise est très commune. Elle semble être limitée par les hivers froids, mais probablement à cause du réchauffement climatique sa répartition s’est étendue ces dernières années [5].

À quelles saisons trouve-t-on la punaise nébuleuse ?

La punaise nébuleuse est principalement active de Mars à Septembre [3], en hiver, elle se cache dans le bois mort, sous l’écorce des arbres ou dans les maisons. Elle passent l’hiver à l’état adulte, vivant au ralenti jusqu’au retour du printemps lorsque les températures remontent.

Quel est le cycle de vie de la punaise nébuleuse ?

Son cycle de vie est très classique pour une punaise : au printemps, les adultes s’accouplent, se nourrissent de sève puis les femelles pondent des oeufs par petits groupes de 10 à 40 oeufs, sous les feuilles de leurs plantes hôtes. Les jeunes éclosent, muent plusieurs fois avant de devenir adulte au début de l’automne. Ils continuent de s’alimenter jusqu’à ce que l’hiver arrive. Les jeunes punaises cherchent alors à se cacher à l’abri du froid, sous les écorces des arbres, et parfois dans les maisons. Contrairement aux punaises de lit, elles ne sont cependant pas un problème et ne piquent pas les humains. Au printemps les adultes redeviennent actifs vers la fin du moi de Mars ou le début du mois d’Avril. Les punaises nébuleuses qui s’étaient cachées dans les maisons font alors généralement face à un gros obstacle : les fenêtres les empêchent de repartir et elles s’y agglutinent en nombre. Il suffit alors d’ouvrir la fenêtre et de laisser ces insectes partir. On peut éventuellement leur donner un coup de main avec une feuille de papier en les faisant tomber dans un verre avant de les rejeter dans le jardin.

Quels sont les prédateurs de la punaise nébuleuse ?

Parmi ses parasites naturels qui sont principalement des hyménoptères (de petites guêpes parasitoïdes du genre Trissolcus qui pondent dans les oeufs de la punaise [6]) ou des mouches comme Cylindromyia bicolor [7]. On trouve aussi parmi les prédateurs des punaises nébuleuses certaines espèces de nématodes[[<4>].

Comment prévenir les invasions de punaises nébuleuses dans ma maison ?

Les punaises nébuleuses ne sont généralement pas les coupables des invasions de punaises dans les maisons. Il s’agit généralement de sa cousine, la punaise diabolique. Quelle que soit l’espèce, le meilleur moyen d’éviter que les punaises rentrent dans une maison est de bloquer les fissures et les espaces autour des fenêtres et portes avec du mastic ou un joint en silicone. Vérifiez les rebords des fenêtres et des portes et bouchez toutes les fissures.

[1] Durak, D., & Kalender, Y. (2009). Scanning electron microscopic and chemical study of the metathoracic scent glands system of Rhaphigaster nebulosa (Poda, 1761)(Heteroptera : Pentatomidae). Journal of the Entomological Research Society, 11(2), 21-29.

[2] D’après le site du Muséum d’Histoire Naturelle.

[3] Manachini, B., & Landi, S. (2003). New record of Hexamermis sp.(Nematoda : Mermithidae) parasiting Rhaphigaster nebulosa Poda (Hemiptera : Pentatomidae). Bollettino di Zoologia Agraria e di Bachicoltura, 35(1), 91-94.

[4] Données iNaturalist consultées le 4/10/2024.

[5] Karpun, N. N., Borisov, B. A., Zhuravleva, E. N., Borisova, I. P., Nadykta, V. D., & Musolin, D. L. (2022). Range expansion and increasing damage potential of phytophagous shield bugs (Heteroptera : Pentatomidae). Sel’skokhozyaistvennaya biologiya, 57(3), 542-554.

[6] Doganlar, M. (2001). Egg parasitoids of Rhaphigaster nebulosa (Poda)(Heteroptera : Pentatomidae) with description of a new species of Trissolcus Ashmead (Hymenoptera : Scelionidae). Turkish Journal of Entomology, 25(2).

[7] Aksenenko, E. V., Kondratyeva, A. M., & Musolin, D. L. (2021). The first record of Rhaphigaster nebulosa (Poda, 1761)(Heteroptera : Pentatomidae) for Voronezh Region and notes about the host-parasitic relationships with Cylindromyia bicolor (Olivier, 1812)(Diptera : Tachinidae). Russian Entomological Journal, 30(2), 143-145.