Les araignées rouges, acariens de la famille des Trombidiidae
Acariens ; Trombidiformes ; Trombidiidae ou acariens de velours
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Les araignées rouges ne sont pas des araignées mais des acariens de la famille des Trombidiidae (que l’on présente ici) ou des Tetranychidae (dont on parlera ailleurs). Les Trombidiidae sont nommés "acariens de velours" en anglais, car leur corps est recouvert, pour la plupart des espèces, de courts poils rouges mats. Les adultes sont souvent de grande taille et ont un corps mou, ils se déplacent rapidement au sol ou sur les feuilles des plantes. La plupart de ces acariens sont des prédateurs et parasites d’invertébrés (dont les insectes et araignées) [1]. Pour cette raison ils sont considérés comme des auxiliaires des jardiniers et des cultures.
Les Trombidiidae, une très grande famille aux espèces difficiles à identifier
La classification de la famille Trombidiidae est très compliquée et les scientifiques ont encore du mal à définir quelles espèces d’acariens en font partie ou appartiennent à des familles proches. Dans tous les cas, il est certain qu’il existe au moins plusieurs centaines d’espèces de Trombidiidae dans le monde [2].
Les décrire et les compter est très compliqué car de nombreuses espèces ne sont connues qu’à partir du stade adulte et d’autres uniquement au stade de larves. Seules quelques espèces sont connues à la fois aux stades larvaire et post-larvaire parce qu’il est difficile de les trouver et de les élever.
De nombreuses espèces restent non décrites et il existe peu de spécialistes de cette famille d’acariens. L’identification des espèces est extrêmement difficile. Cela complique malheureusement l’étude de leur biologie et leur utilisation comme auxiliaire des cultures en lutte biologique.
Quel est le cycle de vie des araignées rouges de la famille des Trombidiidae
Les araignées rouges passent par plusieurs stades de développement : l’œuf, la pré-larve, la larve, la protonymphe, la deutonymphe, la tritonymphe et le stade adulte. Les pré-larves, protonymphes et tritonymphes des Trombidiidae n’ont souvent pas de bouches ni de pattes [3]. Ce sont des stades où ces animaux se développent uniquement sur leurs réserves, ce qui pourrait leur permettre de rentrer en dormance lorsque les conditions ne sont pas idéales dans leur environnement [4].
Les Trombidiidae ne se reproduisent généralement qu’une fois par an. Les mâles et femelles des acariens Trombidiidae réalisent des danses nuptialles, durant lesquelles certaines espèces tapotent le dos de leur partenaire avec leurs pattes. La fécondation est indirecte, comme chez les pseudoscorpions : Le mâle dépose des spermatophores (sacs contenant des spermatozoïdes) que la femelle récupère par la suite [5].
Les œufs sont pondus en amas dans le sol, l’humus, la litière ou le sable. Les Trombidiidae pondent entre 60 et 100 000 œufs en fonction des espèces [3]. Dans les régions tempérées, les œufs sont pondus entre mars et juillet et éclosent après 1 à 2 mois, en fonction des espèces, de la chaleur et de l’humidité. Les larves des Trombidiidae restent groupées quelques jours près de l’endroit où les œufs ont été pondus avant de se disperser et de trouver un hôte à parasiter. Les larves s’attachent à leurs hôtes pendant une à deux semaines avant de se laisser tomber et de s’enfouir dans le sol. Les protonymphes calyptostatiques se développent à l’intérieur de leur cuticule de larve. Les deutonymphes émergent en été ou en automne et se nourrissent sur la surface du sol ou sur les plantes puis s’enfouissent dans le sol. Les tritonymphes calyptostatiques se développent dans la cuticule des deutonymphes enfouies dans le sol. Les adultes émergent généralement en automne, mais certaines nymphes ne parviennent pas à maturité la même année et complètent leur cycle de vie en deux ou trois ans. Certaines espèces pondent leurs œufs en automne, mais les adultes hibernent généralement dans le sol durant l’hiver.
De quoi se nourrissent les acariens rouges de la famille des Trombidiidae ?
Les araignées rouges de la famille des Trombidiidae sont des parasites à l’état larvaire ou des prédateurs à l’état adulte qui se nourrissent d’autres arthropodes. On ne sait pas précisément de quoi se nourrissent la plupart des espèces, mais on les trouve attachés à de nombreux ordres d’insectes dont les Homoptères (pucerons etc), Lépidoptères (papillons) et Coléoptères (scarabées et coccinelles), Orthoptères (grillons, criquets etc), Diptères (mouches), Hyménoptères (guêpes, fourmis etc), Hémiptères (punaises) et à des arthropodes de la classe des arachnides dont les opilions, araignées, solifuges et d’autres acariens [6].
Les adultes de certains Trombidiidae sont des prédateurs généralistes et se nourrissent probablement de la plupart des petits arthropodes qu’ils peuvent capturer (collemboles, autres acariens, insectes) ainsi que de larves et oeufs d’insectes et d’autres invertébrés.
Où vivent les araignées rouges ?
Les larves de Trombidiidae, lorsqu’elles sont à la recherche d’un hôte, se rencontrent dans le sol, à sa surface, voire sur les plantes. Elles sont souvent attirées par la lumière. Une fois qu’elles ont réussit à s’attacher à leur hôte, elles le suivent forcément partout où il va. Une fois nourries et détachées, elles se laissent tomber et vivent à nouveau dans ou sur le sol, l’humus, la mousse et la litière où elles achèvent leur développement. Certaines espèces vivent même dans les sols sablonneux y compris des zones arides comme les déserts [7]. Les adultes, eux, sont aussi attirés par la lumière et sont actifs à la surface du sol et sur les plantes pendant la journée, particulièrement sous le soleil, mais se cachent pendant la nuit et en hiver dans le sol ou sous des pierres ou du bois mort [3].
L’utilisation des Trombidiidae comme auxiliaire des cultures en lutte biologique
Les Trombididae parasitent ou chassent de nombreux insectes phytophages comme les pucerons, pour cette raison des scientifiques les étudient comme potentiels auxiliaires des cultures. Les larves de ces acariens affaiblissent leurs hôtes, et peuvent même les tuer rapidement si elles sont plusieurs à les parasiter [8].
Les acariens envisagés pour la lutte biologique contre les insectes nuisibles et ravageurs de cultures font généralement partie du genre Allothrombium. Les deutonymphes et adultes de Allothrombium monspessulanum consomment plusieurs pucerons par jour et peuvent attaquer d’autres insectes nuisibles, comme les œufs du charançons Sitona discodeus. En France, on retrouve cet acarien notamment sur les pucerons de la luzerne [9]. Quelques autres espèces d’acariens Trombidiidae ont été étudiées pour le contrôle d’insectes ravageurs des cultures. Ceux de l’espèce Allothrombium pulvinum parasitent le puceron noir de la fève Aphis fabae et le puceron du pois Acyrthosiphon pisum et les tuent même parfois [10] [11]. Ils s’attaquent aussi à Aphis gossypii, le puceron du melon ou puceron du cotonnier. D’autres acariens du même genre s’attaquent aux oeufs de la Noctuelle du chou ou Brassicaire Mamestra brassicae [12].
On retrouve aussi des acariens parasites d’insectes nuisibles dans d’autres genres comme l’espèce Eutrombidium trigonum qui parasite la Criocère des céréales Oulema melanopus [13].
Quels sont les prédateurs des araignées rouges de la famille des Trombidiidae ?
Les acariens Trombidiidae ont très peu de prédateurs naturels. Leur couleur rouge indique peut-être une toxicité et peu d’insectes semblent vouloir les manger. Cependant, les Trombidiidae adultes sont parfois cannibales et sont aussi occasionnellement parasités par des larves de Trombidiidae [3].
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Notes et références
[1] Zhang, Z. Q. (1998). Review Biology and ecology of trombidiid mites (Acari : Trombidioidea). Experimental & Applied Acarology, 22, 139-155.
[2] Makol, 2007 : Generic level review and phylogeny of Trombidiidae and Podothrombiidae (Acari : Actinotrichida : Trombidioidea) of the world. Annales Zoologici (Warsaw), vol. 57, n. 1, p. 1-194.
[3] On dit qu’elles sont calyptostatiques, ce qui signifie que ni leurs pièces buccales ni leurs pattes ne sont fonctionnelles et sont parfois entièrement absentes. Elles ressemblent alors simplement à des boules rouges.
[4] Belozerov, V. N. (2008). Calyptostasy : its role in the development and life histories of the parasitengone mites (Acari : Prostigmata : Parasitengona). Acarina.–2008.–№ 16 (1).
[5] Robaux, P. 1974. Recherches sur le développement et la biologie des acariens ’Thrombidiidae’. Mem. Mus. Hist. Nat., Ser. A Zool. 85 : 1-186.
[6] Felska, M., Wohltmann, A., & Makol, J. (2018). A synopsis of host-parasite associations between Trombidioidea (Trombidiformes : Prostigmata, Parasitengona) and arthropod hosts. Systematic and Applied Acarology, 23(7), 1375-1479.
[7] Tevis, L., & Newell, I. M. (1962). Studies on the biology and seasonal cycle of the giant red velvet mite, Dinothrombium pandorae (Acari, Trombidiidae). Ecology, 43(3), 497-505.
[8] Zhang, Z. Q., & Xin, J. L. (1989). Biology of Allothrombium pulvinum (Acariformes : Trombidiidae), a potential biological control agent of aphids in China. Experimental & Applied Acarology, 6(2), 101-108.
[9] Aeschlimann, J. P., & Vitou, J. (1986). Observations on the association of Allothrombium sp.(Acari : Thrombidiidae) mites with lucerne aphid populations in the Mediterranean region. SER. ENTOMOL. 1986.
[10] Zhang, Z. Q., & Xin, J. L. (1989). Biology of Allothrombium pulvinum (Acariformes : Trombidiidae), a potential biological control agent of aphids in China. Experimental & Applied Acarology, 6(2), 101-108.
[11] Zhang, Z. Q. (1991). Parasitism of Acyrthosiphon pisum by Allothrombium pulvinum (Acariformes : Trombidiidae) : host attachment site, host size selection, superparasitism and effect on host. Experimental & applied acarology, 11(2), 137-147.
[12] Injac, M., & Krnjajic, S. (1990). The role of natural enemies on reduction of the Mamestra brassicae L. population density in the region of Belgrade. Zastita Bilja, 41(1), 111-124.
[13] Heyer, W. (1992). The parasitization of cereal leaf beetles, Oulema spp., in the Halle region. Mitteilungen der Deutschen Gesellschaft für Allgemeine und Angewandte Entomologie, 8(1-3), 87-89.