Les symphyles, de minuscules myriapodes

Myriapoda, Chilopoda, Symphyla

Les symphyles sont d’énigmatiques et minuscules petits myriapodes. Ils ne mesurent que quelques millimètres, sont blancs et aveugles, possèdent des glandes filiaires productrices de soies au rôle inconnu et ont toujours 12 paires de pattes [1].

Photo d’un symphyle de la famille des Scutigerellidae proche de Scutigerella immaculata, trouvée dans une souche en Seine-et-Marne (Ile-de-France) :

Photo d'un symphyle proche du "symphyle des jardins" Scutigerella immaculata, un scutigerellidae. Ces petits myriapodes blancs et aveugles du sol et de la litière sont détritivores et prédateurs, et plus rarement cités comme phytophages s'attaquant aux racines des plantes.
Symphyle proche de Scutigerella immaculata

Ils vivent dans la litière et le sol des forêts, ou dans les vieilles souches. Ils peuvent être extrêmement nombreux dans le sol, avec des densité atteignant près de 22000 symphyles par mètre carré [2]. Leur présence varie en fonction des espèces et de la saison. Certaines espèces remontent en effet plus près de la surface du sol au printemps et en automne [3] [4] [5]. Pour se nourrir, ils chassent de petits arthropodes ainsi que des vers nématodes, consomment probablement la matière végétale en décomposition et des levures et champignons [6]. Leur réputation de phytophages qui s’attaqueraient aux racines des cultures [7], en particulier pour le symphyle des jardins Scutigerella immaculata, doit être relativisée [8]. De plus, les symphyles sont également cités parmi les espèces du sol préférant les sols peu perturbés [9], et il semble qu’une simple rotation des cultures soit suffisante pour faire chuter les populations de symphyles dans les champs [10].

Macrophotographie d'un symphyle, un myriapode blanc qui vit dans la litière et le sol des forêts, proche de l'espèce Scutigerella immaculata.
Symphyle proche de Scutigerella immaculata

Les identifier des autres myriapodes est assez simple. Il existe quatre grandes classes de myriapodes : les diplopodes, les chilopodes, les pauropodes et les symphyles. On distingue les symphyles de l’ensemble des diplopodes (iules, blaniules, polydesmidés) car ils ne possèdent qu’une paire de patte par segment de l’abdomen. On les distingue ensuite des chilopodes car ces derniers possèdent des forcipules (première paire de pattes transformée en crochets à venin). Et enfin, on les sépare facilement des pauropodes qui ont des antennes se séparant en deux aux extrémités, et qui n’ont jamais plus de 11 paires de pattes, alors que les symphyles en ont 12 lorsqu’ils sont adultes. L’identification des symphyles à l’espèce est au contraire très compliquée. Elle est d’autant plus difficile [11] que ce groupe est très peu étudié malgré son omniprésence dans nos sols.
Ils peuvent aussi être confondus avec les diploures de la famille des Campodeidae qui vivent dans le même habitat, mais possèdent des cerques très longs.


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Notes et références

[1Voir la fiche sur les symphyles sur le site d’A. Ramel.

[2Calculé à partir de "Edwards, C. A. (1958). The ecology of Symphyla. Part I : Populations. Entomologia Experimentalis et Applicata, 1(4), 308-319." qui note une valeur maximale de 88 millions de symphyles sur une surface d’un acre, soit 4046 mètres carrés.

[3D’après Edwards (1959), ces variations verticales ou "migrations" sont dues à l’attrait qu’ont les symphyles pour les plantes. Il est probablement plus réaliste de penser qu’elles sont dues aux variations d’hygrométrie et de température, comme pour de nombreux autres arthropodes du sol.

[4Edwards, C. A. (1959). The ecology of Symphyla. Part II. Seasonal soil migrations. Entomologia Experimentalis et Applicata, 2(4), 257-267.

[5Edwards, C. A. (1961). The ecology of symphyla part III. Factors controlling soil distributions. Entomologia Experimentalis et Applicata, 4(4), 239-256.

[6Walter, D. E., Moore, J. C., & Loring, S. J. (1989). Symphylella sp.(Symphyla : Scolopendrellidae) predators of arthropods and nematodes in grassland soils. Pedobiologia, 33(2), 113-116.

[7Umble, J., Dufour, R., Fisher, G., Fisher, J., Leap, J., & Van Horn, M. (2006). Symphylans : Soil pest management options. NCAT ATTRA, IP283, 16.

[8Eltoum, E. M. A., & Berry, R. E. (1985). Influence of garden symphylan (Symphyla : Scutigerellidae) root injury on physiological processes in snap beans. Environmental entomology, 14(4), 408-412.

[9Blasi, S., Menta, C., Balducci, L., Conti, F. D., Petrini, E., & Piovesan, G. (2013). Soil microarthropod communities from Mediterranean forest ecosystems in Central Italy under different disturbances. Environmental monitoring and assessment, 185(2), 1637-1655.

[10Umble, J. R., & Fisher, J. R. (2003). Suitability of selected crops and soil for garden symphylan populations (Symphyla, Scutigerellidae : Scutigerella immaculata Newport). Applied Soil Ecology, 24(2), 151-163.

[11Edwards, C. A. (1959). Keys to the genera of the Symphyla. Journal of the Linnean Society of London, Zoology, 44(296), 164-169.



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