Pheidole : les fourmis aux soldates à grosses têtes
Hymenoptera ; Formicidae ; Myrmicinae ; Pheidole pallidula
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Les fourmis à grosses têtes forment le genre Pheidole qui contient plus de 1000 espèces dans le monde. En France, on ne retrouve qu’une seule espèce, la fourmi pâle à grosse tête Pheidole pallidula. En Espagne et en Italie, d’autres espèces de Pheidole invasives (Pheidole megacephala, Pheidole indica) ont été recensées mais elles sont jusqu’à maintenant absentes en France. Pheidole pallidula reste l’espèce de Pheidole la plus commune en Europe et on la retrouve en particulier dans le Sud-Ouest de l’Europe le long de la méditerranée.
Comment reconnaître les Pheidole ?
Les fourmis du genre Pheidole sont généralement petites et brunes ou marrons. Ce qui les distingue facilement des autres espèces est la présence de deux sous-castes, les ouvrières ou minors et les soldates ou majors. Ces deux sous-castes sont très différentes et il n’existe généralement pas de formes intermédiaires. Les soldates ne sont pas juste de grandes ouvrières, leurs têtes sont extrêmement larges et les énormes muscles de leurs mandibules prennent beaucoup de place de chaque côté de leur tête. Bien qu’en France d’autres espèces de fourmis aient des fourmis soldates, comme les fourmis du genre Messor, celles-ci ne sont jamais aussi petites que les soldates de Pheidole pallidula. Les soldates de Pheidole pallidula mesurent tout au plus 6mm. Les fourmis du genre Pheidole ont aussi souvent une cuticule lisse et brillante, et forment des colonies très populeuses sous les pierres.
Quelle est l’écologie des Pheidole et de Pheidole pallidula ?
Les fourmis du genre Pheidole vivent dans les lieux chauds et secs, généralement avec des sols sableux ou caillouteux. Elles apprécient les emplacements très ensoleillés et colonisent rapidement de nouveaux habitats, on les retrouve donc aussi dans les zones perturbées par les activités humaines, en ville ou près des maisons. Ces fourmis sont partiellement granivores, mais collectent surtout de nombreux insectes morts et prélèvent aussi parfois le miellat des pucerons.
Les colonies de Pheidole se trouvent souvent proches les unes des autres et essayent de s’accaparer les ressources le plus vite possible. C’est sûrement pour cela qu’elles ont des soldates. Des chercheurs ont montré que lorsque deux colonies de Pheidole sont placées côte à côte, elles élèvent plus de fourmis soldates [1].
Pheidole pallidula possède un organe stridulatoire qui lui permet d’émettre de faibles sons. Celui-ci est fait d’un plectrum qui en se repliant gratte une partie de l’abdomen couvert de petites rides parallèles, le pars stridens. Le plectrum est situé sur le post-pétiole des fourmis (la fine partie qui relie le thorax et l’arrière de l’abdomen) et le pars stridens sur l’avant du gastre (la partie de l’abdomen juste après le post-pétiole) [2].
En France, la fourmi Pheidole pallidula forme d’immenses colonies qui peuvent être très productives. Il n’est donc pas étonnant de retrouver des les fourmilières de cette espèce de nombreux parasites de fourmis. En particulier, on peut y observer de nombreux acariens, le petit coléoptère parasite Paussus favieri [3] ainsi que des grillons myrmécophiles, comme on peut le voir sur la vidéo et l’image ci-dessous.

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Notes et références
[1] Passera, L., Roncin, E., Kaufmann, B., & Keller, L. (1996). Increased soldier production in ant colonies exposed to intraspecific competition. Nature, 379(6566), 630-631.
[2] Castro, S., Àlvarez, M., & Munguira, M. L. (2015). Morphology of the stridulatory organs of Iberian myrmicine ants (Hymenoptera : Formicidae). Italian Journal of Zoology, 82(3), 387-397.
[3] Fattorini, S., Maurizi, E., & Di Giulio, A. (2021). Interactional behaviors of the parasitic beetle Paussus favieri with its ant host Pheidole pallidula : the mimetic role of the acoustical signals. Insect Science, 28(2), 548-554.