Abeilles solitaires
Insecta, Hymenoptera, Apoidea
La plupart des espèces d’abeilles ne forment pas de colonies, ce sont des espèces solitaires qui construisent leur nid généralement toutes seules. On appelle ces abeilles des abeilles solitaires car elles vivent seules ou en petits groupes contrairement à l’abeille sociale ou abeille mellifère Apis mellifera, qui est la seule espèce d’abeilles présentes dans nos ruches. Près d’un millier d’espèces d’abeilles solitaires existent en Europe, elles construisent de petits nids dans des brindilles, des cavités dans le bois, dans le sol et dans des coquilles d’escargot. La plupart de ces espèces d’abeilles sont très petites, mais il existe de très grandes espèces d’abeilles solitaires comme l’abeille charpentière ou xylocope violacé par exemple.
Quelles sont les différentes abeilles solitaires ?
Il existe environs 1000 espèces d’abeilles solitaires en France réparties dans 6 grandes familles [1] :
– Les Andrènes (Andrenidae) : les andrènes sont toutes des abeilles solitaires, qui transportent le pollen sur les poils de leurs pattes. Elles ont une langue courte et nichent dans le sol.
– Les Halictes (Halictidae) : Les halictes sont parfois solitaires, mais parfois sociales ou semi-sociales car les femelles peuvent avoir des nids communs. Elles transportent le pollen sur leurs pattes, ont des langues courtes, et nichent dans le sol.
– Les Collètes (Colletidae) : Les collètes sont des abeilles solitaires, qui transportent le pollen sur leurs pattes. Elles ont une langue courte. Elles font leurs nids à différent endroits en fonction des espèces.
– Les Mellitidés (Mellitidae) : Les mellitidés sont des abeilles solitaires qui transportent le pollen sur leurs pattes, ont une langue courte et nichent dans le sol.
– Les Apidés (Apidea) : les apidés, dont l’abeilles sociale Européenne (Apis mellifera) et les bourdons, sont des sociales et forment des colonies. Elles transportent le pollen sur leurs pattes, mais contrairement aux autres abeilles elles possèdent des pattes arrières aplaties avec de longs poils qui forment une corbeille où elles peuvent stocker beaucoup de pollen. Elles ont une langue courte, et nichent dans des cavités.
– Les Mégachiles (Megachilidae) : les mégachiles (abeilles tapissières, abeilles coupeuses de feuilles ou abeilles maçonnes) sont solitaires. Elles transportent le pollen sous leur abdomen, contrairement aux autres familles d’abeilles. Elles ont une langue longue et nichent à différents endroits en fonction des espèces.
Comment les abeilles solitaires font-elles leurs nids ?
Ces abeilles sont dites solitaires, mais il existe quelques exceptions. Chez certaines espèces, les femelles partagent le même nid mais s’occupent généralement elles-mêmes de leur propres oeufs. Chez ces espèces d’abeilles, on peut observer différents niveaux de socialité [2]. Certaines construisent par exemple leurs nids dans des galeries creusées dans la terre. Le "nid" a une forme de tube, qui se divise en cellules au fur et à mesure que les abeilles excavent la terre et chaque abeille possède ses propres cellules, mais toutes défendent l’entrée du nid.
Les autres abeilles solitaires construisent généralement des nids faits d’une seule galerie qu’elles divisent en petites cellules. Dans chaque cellule, elles déposent un oeuf et des réserves de nourriture, généralement du pollen et du nectar. Les abeilles construisent de petites cloisons pour séparer les celulles. Certaines utilisent de la terre, c’est le cas des abeilles solitaires du genre Osmia, comme l’Osmie cornue. D’autres utilisent les poils des plantes comme la phacélie pour construire leurs nids, c’est le cas de l’abeille cotonnière ou Anthidium manicatum. Un autre exemple surprenant est celui des abeilles solitaires de la famille des mégachiles, qui découpent des bouts de feuilles ronds dans les plantes, pour construire leurs nids en forme de cigares ! Mais ce ne sont pas les seuls exemples, il existe en effet une très grande diversité dans les matériaux utilisés par les différentes espèces d’abeilles.
Photographie d’un nid d’abeille solitaire dans le sol, le diamètre est inférieur à 1mm
Et une abeille creusant son nid au sol, dans la terre :
Quels sont les prédateurs et parasites des abeilles solitaires
Les abeilles solitaires ont de nombreux prédateurs, comme les oiseaux, les araignées et les lézards. Elles ont aussi de nombreux parasites, qui sont souvent des mouches et des guêpes comme les guêpe coucou du genre Nomada et les chrysides enflammées.
Photo d’une guêpe coucou du genre Nomada :
Comment les abeilles solitaires sont-elles apparues au cour de l’évolution ?
Les ancêtres des abeilles étaient des guêpes piqueuses de la famille Crabronidae. Les abeilles ont évolué à partir de ces guêpes, passant de prédatrices en espèces consommatrices de pollen. On estime que les abeilles ont émergé au début du Crétacé, il y a environ 124 millions d’années, sur le supercontinent de l’ouest du Gondwana. L’analyse génomique suggère que toutes les familles d’abeilles modernes s’étaient déjà divergées à la fin du Crétacé, avec des événements évolutifs ultérieurs conduisant aux diverses lignées d’abeilles observées aujourd’hui.
Le registre fossile offre un aperçu de l’histoire ancienne des abeilles. Cretotrigona prisca, une abeille corbiculée du Crétacé supérieur ( 70 millions d’années), est l’un des plus anciens fossiles d’abeilles non comprimés trouvés dans l’ambre du New Jersey. Melittosphex burmensis, initialement considérée comme une lignée éteinte d’Apoidea collectant du pollen du début du Crétacé ( 100 millions d’années), a été reclassée comme incertae sedis au sein des Aculeata.
Diverses familles d’abeilles sont documentées dans les archives fossiles de différentes périodes géologiques. Les Allodapini (au sein des Apidae) sont apparus il y a environ 53 millions d’années. Les Colletidae n’apparaissent que dans les fossiles de la fin de l’Oligocène ( 25 millions d’années) au début du Miocène. Les Melittidae sont connus à partir de Palaeomacropis eocenicus dans l’Éocène inférieur. Les Megachilidae sont connus à partir de traces fossiles (découpes de feuilles caractéristiques) du Miocène moyen. Les Andrenidae sont connus à partir de la limite Éocène-Oligocène, il y a environ 34 millions d’années, du schiste de Florissant. Les Halictidae apparaissent pour la première fois au début de l’Éocène, avec des espèces trouvées dans l’ambre. Les Stenotritidae sont connus à partir de cellules de couvain fossiles datant du Pléistocène.
La grande diversité des abeilles solitaires sauvages
Les abeilles forment un clade appelé Anthophila dans la super-famille des Apoidea, avec plus de 20 000 espèces connues réparties dans sept familles. Les abeilles solitaires forment un group d’insectes extrêmement diversifié. La plus grande abeille, l’abeille géante de Wallace (Megachile pluto), atteint une longueur de 39 millimètres alors que les plus petites, probablement des abeilles sans dard naines de la tribu des Meliponini, ont des ouvrières mesurant moins de 2 millimètres.
On retrouve aussi cette grande diversité dans leurs modes de vie, en particulier la manière dont les différentes abeilles nichent. Certaines font leur nid dans le sol, d’autres comme les xylocopes et les osmies dans le bois mort, certaines comme les abeilles à bandes bleues préfèrent nicher dans des paroies argileuses, et quelques espèces ne construisent leurs nids que dans des coquilles vides d’escargots.
Quelques photos de différentes abeilles solitaires
Les abeilles solitaires ont des aspects très variés. Il existe une grande diversité de formes et de couleurs chez ces abeilles, voici quelques exemples :
Macrophotographies d’Andrena fulva, une autre abeille solitaire terricole :
Abeille solitaire dans une pâquerette :
Il est important de conserver des fleurs dans les champs et jardins. On peut aussi construire des hotels à insecte avec des branches creuses pour attirer les abeilles dans son jardin.
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Notes et références
[1] Mini-guide d’accompagnement au protocole « Abeilles solitaires ». Observatoire Agricole de la Biodiversité. (2013). 9 p.
[2] Danforth, B. N., Conway, L., & Ji, S. (2003). Phylogeny of eusocial Lasioglossum reveals multiple losses of eusociality within a primitively eusocial clade of bees (Hymenoptera : Halictidae). Systematic Biology, 52(1), 23-36.