Publié le 10 mars 2016 et mis à jour le 5 avril 2024.
La chrysomèle de l’aulne, un coléoptère bleu métallique
Insecta, Coleoptera, Chrysomelidae, Agelastica alni

La chrysomèle de l’aulne ou galéruque de l’aulne glutineux, Agelastica alni, est un insecte de l’ordre des coléoptères (Coleoptera) et de la famille des chrysomèles (Chrysomelidae) comme par exemple, le doryphore de la pomme de terre. Son corps est bleu avec des reflets métallisés, comme chez de nombreuses chrysomèles. On peut cependant le distinguer de la plupart des chrysomèles bleues comme Chrysolina coerulens qui ont généralement des ponctuations moins denses et en lignes sur leurs élytres. Pour la différencier d’autres coléoptères bleus de la famille des Chrysomelidae, dont certaines espèces que l’on trouve sur les aulnes comme Plagiosterna aenea, l’observation de la forme des bords du thorax, des antennes ou des pattes arrières est souvent nécessaire [1], mais peu de coléoptères ont une ponctuation aussi dense que la chrysomèle de l’aulne.
Photographie macro d’une chrysomèle de l’aulne Agelastica alni, observée au parc naturel du Pâtis à Meaux (Seine-et-Marne, Île-de-France), près de Paris :
Cette chrysomèle présente dans une grande partie de l’Europe se nourrit principalement des feuilles d’aulne glutineux (Alnus glutinosa), mais aussi parfois de feuilles de l’aulne blanc (Alnus incana) et du bouleau commun (Betula pendula) [2]. Mais ces arbres ne se laissent pas faire, ils disposent de protections contre les attaques de ces insectes [2], l’aulne glutineux produit par exemple des trichomes, sortes de gros poils à la surface des feuilles, qui compliquent la vie de notre insecte défoliateur [3].
Les adultes passent l’hiver à l’abri sous les écorces des arbres morts dans les forêts d’aulnes. Les mâles et les femelles peuvent se différencier, les mâles étant sensiblement plus petits que les femelles. Ils s’accouplent au printemps et les femelles pondent peu après des grappes d’oeufs jaunes sous les feuilles des aulnes [4]. Chaque femelle pourrait pondre plus de 600 oeufs en une seule saison. Bien sur, toutes n’arrivent pas à terme et nombreuses sont les larves qui serviront de nourriture aux oiseaux et chauve-souris. Les larves qui éclosent de ces oeufs ressemblent à des chenilles. Elles restent groupées et raclent la surface des feuilles qui deviennent brunes ou noires. Il arrive qu’elles percent parfois la feuille, même si ce type de dégâts est généralement imputable aux adultes, qui sont également phytophages. Après quelques semaines passées à dévorer les feuilles des aulnes, les larves s’enterrent dans le sol où elles se nymphosent. Elles sortent de terre à l’état adulte en automne et se nourrissent des dernières feuilles d’aulnes avant d’aller se cacher sous l’écorce des arbres... et le cycle biologique recommence [5].
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Notes et références
[1] Distinction de Plagiosterna aenea et de Agelastica alni sur le forum insecte.org.
[2] Oleksyn J., Karolewski P., Giertych M. J., Zytkowiak R., Reich P. B. & Tjoelker M. G. (1998). Primary and secondary host plants differ in leaf†level photosynthetic response to herbivory : evidence from Alnus and Betula grazed by the alder beetle, Agelastica alni. New Phytologist, 140(2), 239-249.
[3] Baur R., Binder S., & Benz G. (1991). Nonglandular leaf trichomes as short-term inducible defense of the grey alder, Alnus incana (L.), against the chrysomelid beetle, Agelastica alni L. Oecologia, 87(2), 219-226.
[4] Oeufs de la chrysomèle de l’aulne sur le site d’A. Lequet.
[5] La chrysomèle de l’aulne sur le site de l’INRA.