
Le dytique utilise ses ailes pour vivre sous l’eau !
Insecta ; Coleoptera ; Dysticidae ; Hydroporus cf palustris
lundi 3 mars 2014 à 19:56 par
Les dytiques sont des insectes aquatiques de l’ordre des coléoptères et de la famille des Dytiscidae. Ils sont prédateurs d’autres insectes, d’arthropodes et de petits amphibiens à l’état de larves et d’adultes. Ils nagent à l’aide de leurs pattes arrières, et respirent en capturant de l’air sous leurs élytres. Ils font partie des insectes les plus courants dans les mares, les étangs et les bassins où il n’y a pas de poissons.
Les dytiques (ou Dysticidae) forment une famille de coléoptères (le même ordre que les scarabées ou coccinelles par exemple) en partie aquatiques. Les adultes se nourrissent de petits invertébrés aquatiques et les plus gros dévorent même des têtards et autres larves d’amphibiens.
Mais comment faire pour rester actif dans l’eau sans se noyer ? Un peu à la manière des premiers oiseaux qui ont détourné l’usage des plumes pour le vol (initialement utilisées pour tenir chaud...), les dytiques se servent de leurs ailes pour survivre sous l’eau. Ils remontent régulièrement à la surface de l’eau pour piéger une bulle d’air sous leurs élytres (la première paire d’ailes très solide qui protège la seconde, utilisée pour le vol). Une fois la bulle piégée, le dytique dispose d’une petite réserve d’oxygène. Cette réserve peut lui permettre de rester plusieurs minutes sous l’eau. On peut observer les dytiques s’accrocher aux plantes pour se maintenir immergés et ne pas être ramenés à la surface à cause de la pression de l’eau.
Mais ce n’est pas tout : les pattes des dytiques sont également adaptées à la nage ! Les pattes arrières possèdent de longues soies formant une pagaie et sont relevées pour faciliter les mouvements sous l’eau.
Les dytiques vivent souvent dans de petites mares, alors pour rencontrer d’autres individus de la même espèce ou trouver de nouvelles sources de nourriture, il leur faut pouvoir se déplacer de mares en mares. Cela peut arriver de manière occasionelle lors d’inondations qui connectent les mares entre elles, mais ces évènements rares ne concernent pas toutes les mares. Le reste du temps, les dytiques doivent quitter l’eau et s’envoler pour trouver des partenaires et se reproduire ! Ils sont donc capables de nager, de voler et de marcher au fond de l’eau.
Les larves des dytiques sont aquatiques et se nourrissent elles aussi d’insectes et de petits invertébrés aquatiques. Elles sont visibles dans la vase et les débris végétaux au fond des mares.
Les dytiques sont mal connus en France en Belgique et en Suisse. Pourtant, ils pourraient servir de bioindicateurs de la qualité de l’eau [1] (c’est à dire, renseigner sur la qualité de l’eau par leur présence et leur état). L’identification est relativement difficile et certains dytiques doivent être disséqués pour être correctement identifiés. En attendant, voici quelques photos de différentes espèces de dytiques présentes en France :
- Acilius sulcatus, l’acilius à sillons. Ce dytique est une des espèces les plus communes dans les mares et les points d’eau temporaires. La femelle se distingue du mâle par les côtes ou sillons plus marqués sur ses élytres. Photographié à Toulouse (Haute-Garonne, Midi-Pyrénées) :
- Dytique dans un étang
- Dysticidae
- Dytique vu de dessus
- Accouplement dytique
- Agabus sp. Espèce proche de Agabus biguttatus et Agabus bipustulatus avec les deux marques rouges sur le haut de la tête. Les dytiques de ce genre sont proches de ceux du genre Ilybius, et très difficiles à déterminer. Ils sont entièrement noirs et ont souvent un corps couvert de petites rides appelées réticulations. Observé en Seine-et-Marne, Île-de-France :
- Agabus sp cf biguttatus ou bipustulatus
- Dytique noir du genre Agabus
- Cybister lateralimarginalis, dit dytique ou cybister à côtes bordées. Ce très grand dytique se trouve dans les mares, les étangs et les bassins, où il chasse des larves d’amphibiens et des arthropodes. On le reconnait facilement à sa grande taille, à sa couleur verte et aux bordures jaunes présentes sur les côtés des élytres. Contrairement au dytique bordé (Dytiscus marginalis), les pourtours du pronotums ne sont pas bordés de jaune chez Cybister lateralimarginalis.
- Cybister lateralimarginalis, grand dytique vert à côtes bordées
- Grand dytique vert bordé de jaune, Cybister lateralimarginalis
- Colymbetes fuscus, un dytique sombre avec de nombreuses stries réticulations sur les élytres qui lui donnent un aspect ridé (Seine-et-Marne, Île-de-France). Ces dytiques sont brun ternes avec une tâche sombre diffuse sur le pronotum, difficile à déterminer d’autres espèces du genre comme Colymbetes striatus [2]. Le dernier article des palpes des Colymbetes fuscus est très sombre, ce qui permet de le différencier facilement de Rhantus suturalis par exemple :
- Dytique Colymbetes fuscus
- Colymbetes fuscus, dytique brun strié
- Colymbetes fuscus
- Dytiscus marginalis, le dytique bordé ou grand dytique. Il se rencontre comme le dytique à côtes bordées dans les mares, les étangs et les bassins, mais aussi dans les petits cours d’eau où le mouvement de l’eau est lent. On le trouve au milieu des plantes, il est plus facile de l’observer de nuit.
- Dytique bordé, Dytiscus marginalis
- Dytique bordé, Dytiscus marginalis
- Dytiscus marginalis, le grand dytique bordé
- Hydroporus palustris (?). Petit dytique (coléoptère) aquatique fixé à une algue sous l’eau. L’espèce photographiée ici est probablement Hydroporus palustris [3]. Cette petite espèce de coléoptère aquatique vit dans des eaux riches en nutriments (dites eutrophes), comme les mares, les étangs, les flaques mais aussi les petites rivières à faible courant, tant qu’il y a un fond de feuilles mortes et de détritus [4]. Ces "déchets" permettent à de nombreuses proies des dytiques de survivre et de se reproduire, et assurent aux dytiques des cachettes nombreuses. Photographié à Toulouse (Haute-Garonne, Midi-Pyrénées) :
- Hydroporus pubescens (?). Macrophotographies d’une autre espèce de dytique aquatique du genre Hydroporus, photographié dans une mare temporaire. Cette espèce se rapproche de Hydroporus pubescens et Hydroporus planus mais il s’agit d’un groupe dont l’identification est très complexe, voir impossible sans tuer l’insecte. :
- Hydroporus pubescens
- Hydroporus pubescens
- Hydryphus ovatus. Photo d’un dytique du genre Hydryphus (deux espèces dans ce genre présente en France, seule H. ovatus est présente dans le Nord de la France). Les dytiques de ce genre ont un corps très arrondi, globuleux, avec des couleurs brun sombre sur les élytres et le reste du corps brun clair ou roux sans taches. Vit dans les eaux calmes avec beaucoup de plantes et des fonds de vase et de débris végétaux. Photographié en Seine-et-Marne (région Île-de-France) :
- Hydryphus ovatus à la surface de l’eau
- Hydryphus ovatus, dytique ovale
- Hyphydrus ovatus, prise d’air en surface
- Hygrotus confluens. Très petit dytique facilement reconnaissable à ses élytres presque entièrement blanches avec seulement quelques lignes noires à l’arrière. On le trouve dans les ornières et les mares. Espèce décrite du Sud de la France mais remonte à l’Ouest et jusqu’à Paris (trouvé dans une mare eutrophisée, proche d’une écurie et d’une compostière en Seine-et-Marne, Île-de-France) :
- Hygrotus confluens, petit dytique aux élytres blanches
- Hygrotus impressopunctatus. Petit dytique des eaux calmes, stagnantes. Elytres noires avec des bandes blanches surtout à l’avant, nombreuses ponctuations noires sur toutes les élytres. Photographié en Seine-et-Marne (région Île-de-France) :
- Hygrotus impressopunctatus, petit dytique
- Face ventrale de Hygrotus impressopunctatus
- Ilybius cf fenestratus. Macrophotographies d’Ilybius cf fenestratus, un dytique noir aux pattes rouges foncées de taille moyenne. La détermination du genre est très compliquée et régulièrement remanié avec le genre Agabus qui est très proche :
- Dytique de l’espèce Ilybius fenestratus
- Rhantus suturalis, un dytique aux élytres jaunes claires mais recouvertes de minuscules points noirs qui lui donne un aspect globalement sombre (Seine-et-Marne, Île-de-France) :
- Dytique Rhantus suturalis
- Rhantus suturalis
Références et définitions
[2] Clé en ligne des Dytiscidae de Belgique et autres coléoptères aquatiques.
Mots-clés
- Coléoptère
- Dytique
- Les notonectes : punaises prédatrices des mares... et piscines !
- Le défi de l’Hydrophile : être adapté à la course, au vol et à la nage en apnée !
- Les Noteridae, des coléoptères aquatiques proches des dytiques
- Coléoptères nageurs : le dytique a des rames à la place des pattes
- La larve de dytique, terreur des étangs
- Elytres
- IBGN
- Macrophotographie
- Prédateur