Un porte-bois terrestre : le trichoptère qui n’aime pas l’eau
Trichoptera ; Limnephilidae ; Enoicyla pusilla
Les trichoptères, aussi appelés phryganes ou porte-bois, sont des insectes formant un ordre parmi lequel on peut trouver l’espèce Enoicyla pusilla. Contrairement aux autres espèces de son ordre, que les pêcheurs et habitués des rivières connaissent bien, le porte-bois terrestre, n’est pas, comme son nom l’indique, un insecte aquatique. En effet, la plupart des larves de trichoptères sont aquatiques et se construisent une maison appelée fourreau à partir de débris végétaux ou de grains de sables et graviers présents dans leur environnement. Ces larves possèdent des structures comparables à des branchies et peuvent respirer sous l’eau. L’adulte n’est pas aquatique, il est normalement équipé d’ailes qui lui permettent de voler. Le porte-bois terrestre se construit lui aussi un fourreau fait de petits grains de sable, de poussière et de terre.
Pour le porte-bois terrestre, la respiration se fait au travers de la cuticule au stade larvaire ! De plus, les femelles de cette espèce sont aptères, ce qui signifie qu’elles n’ont pas d’ailes et sont donc incapables de s’envoler [1] elles attirent les mâles en émettant des phéromones [2]. Les larves se nourriraient de mousses, de lichens et de feuilles [3] [4] [5] [6], ce qui est peu courant chez les insectes...
Les spécialistes des trichoptères notent que ce porte-bois est rare et sensible puisque les femelles de l’espèce sont très peu mobiles. Il ne peut donc pas se déplacer ni coloniser facilement de nouveau territoires [7]. Les scientifiques se questionnent aussi sur son abondance dans les forêts de conifères plantées pour la consommation de bois, mais certains entomologistes ont montré que cette espèce y était tout de même présente. L’essence de pin plantée ainsi que la gestion la plus naturelle possible de la forêt permettrait de maintenir la biodiversité dans ce type de plantations [8].
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Notes et références
[1] Le porte-bois terrestre sur le forum insecte.org.
[2] Kelner-Pillault, S. (1975). Attirance sexuelle chez un Trichoptère : Enoicyla pusilla Burmeister. Bulletin.
[3] Kelner-Pillault, S. (1960). Biologie, écologie d’Enoicyla pusilla Burm.(Trichopteres Limnophilides). Ann Biol, 36, 51-99.
[4] David, J. L. (1999). Chapter ten the terrestrial Caddis enoicyla pusilla. In Ecology, Management & History of the Wyre Forest : Proceedings of a Symposium Run by the Forest Ecology Group, British Ecological Society, on 28-29 March 1994, at the Priorslee Site, University of Wolverhampton (p. 108). University of Wolverhampton.
[5] Harding, D. J. L. (1998). Distribution and population dynamics of a litter-dwelling caddis, Enoicyla pusilla(Trichoptera). Applied Soil Ecology, 9(1), 203-208.
[6] Van der Drift, J., & Witkamp, M. (1960). The Significance of the Break-Down of Oak Litter By Enoicyla Pusilla Burm. 1. Archives Néerlandaises de Zoologie, 13(4), 486-492.
[7] Gérard Masselot et Fabien Dortel. Un "porte-bois" terrestre : Enoicyla pusilla (Burmeister, 1839)(Trichoptère Limnephilidé). Fiche INRA-OPIE.
[8] Lombardero, M. J. (2013). Phenology and abundance of Enoicyla pusilla in conifer stands. Forest Systems, 22(2), 255-258.