La Loque Européenne : fiche pratique
Melissococcus plutonius, maladie des larves d’abeilles
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Causée par la bactérie Melissococcus plutonius, la loque européenne est une maladie contagieuse des larves d’abeilles découverte dans les années 1900 [1]. La loque Européenne peut être traitée en maintenant de bonnes pratiques apicoles.
Symptômes de la Loque Européenne
La loque européenne infecte certaines larves lorsque elles ingèrent de la nourriture contaminée. Une partie des larves peuvent être porteuses de la maladie sans montrer de symptômes [2]. La Loque Européenne tue généralement les larves vieilles de quatre à cinq jours. La mortalité varie fortement entre différentes souches de loque Européenne. De 5% à 95% des larves infectées meurent en fonction des souches [3] [4]. Les infections surviennent particulièrement lors de conditions stressantes telles que le déplacement de ruches, des conditions météorologiques défavorables pour les abeilles ou une nutrition inadéquate, en particulier si les abeilles manquent de pollen. La loque Européenne peuvent apparaître, avec une incidence plus élevée au début du printemps lors du recrutement intensifié des abeilles butineuses. Les manifestations de la loque Européenne incluent l’émergence d’un couvain irrégulier et des cellules non operculées abritant des larves tordues sur elles mêmes et de teintes brunes ou jaunes. La persistance de la bactérie dans le miel, la cire et l’équipement en fait une maladie hautement contagieuse.
Détection de la Loque Européenne
Les ruches infectées ont des cadres de couvains avec de nombreuses larves âgées de couleur jaunâtres ou brunâtres. Une odeur semblable à l’ammoniac accompagne les larves mortes ou mourantes. Les larves apparaissent tordues dans les cellules ou allongées le long de la paroi [5]. La détection nécessite un examen méticuleux des cadres de couvain pour repérer des motifs irréguliers, des larves décolorées et des écailles sombres dans les cellules non operculées. Les larves infectées meurent généralement avant l’operculation des cellules. Si l’on insère une brindille dans les cellules avec des larves malades, après avoir touillé un peu, les larves ne forment pas de longs filaments mais plutôt un amas visqueu lors du retrait de la brindille.
Les échantillons peuvent être envoyés en laboratoire pour confirmer la maladie, qui est identifiable au microscope ou par examen génétique. Des tests similaires à ceux utilisés pour détecter le virus du COVID sont parfois disponibles en magasin apicole en fonction des pays [6]. Les autres tests et diagnostics de terrain, comme le test de l’allumette ou de la brindille, ne sont jamais fiable à 100%. De plus, la loque Européenne est souvent présente dans les ruches en même temps que la loque américaine.
Confusions possibles de la Loque Européenne
- Avec la Loque Américaine : Les larves infectées par la loque Européenne succombent en majorité avant l’operculation, contrairement à la mortalité intervenanr généralement après l’operculation pour la loque américaine, qui cause des motifs de couvain operculé irréguliers et des opercules affaissés et perforés. Au test de l’allumette, la loque américaine forme des filaments bruns qui s’étendent sur plus de 2cm de long alors que la loque Européenne forme un amas blanchâtre sur la brindille qui se sépare de la cellule après au maximum 1,5cm.
- Avec le virus du couvain sacciforme : Les larves infectées par le virus du couvain sacciforme sont molles et présentent une apparence en forme de poche blanchâtre remplie de liquide transparent, alors que celle infectées par la loque européenne deviennent caoutchouteuses, de couleur jaunâtre à brunes et peuvent former une masse filandreuse lorsqu’un cure-dent ou une allumette est inséré dans la cellule.
- Avec le couvain plâtré : la mortalité dûe au couvain plâtré intervient généralement après l’operculation, les larves deviennent dures et sèches avec une apparence poudreuse et une couleur blanche ou noire.
Prévention et Gestion de la loque Européenne
De bonnes pratiques apicoles doivent être suivies pour diminuer et gérér la loque européenne. Il faut en premier atténuer la propagation de la loque Européenne en donnant aux abeilles des repères pour limiter la dérive des abeilles ouvrières, et nourrir ses colonies lorsque nécessaire ainsi que fournir des grilles d’entrées aux petites colonies pour éviter le pillage des ruches. Nettoyer rigoureux l’équipement et éviter d’échanger des cadres entre les ruches sans les vérifier minutieusement au préalable est crucial pour minimiser les risques.
Des stratégies de réduction du stress, telles que le maintien des ruches dans des lieux bien ventilés et secs, et la supplémentation en pollen ou protéines en cas de disettes sont importants pour limiter cette maladie.
Pour les infection sévères, les cadres malades doivent être détruits et remplacés par de nouveaux cadre. Une reine issue d’une lignée hygiénique, dont les abeilles nettoient mieux et plus rapidemment les cellules peut-être achetée pour remplacer l’ancienne reine. Les lignées hygiéniques peuvent être particulièrement utiles pour les ruchers exposés régulièrement à la loque Européenne en raison de la présence d’essaims sauvages ou de ruches abandonnées ou mal gérées à proximité.
Dans certains pays du monde, comme l’Australie et les États-Unis, l’Oxytetracycline hydrochloride (OTC) est un antibiotique autorisé pour le traitement de la loque Européenne. Cet antibiotique n’est pas autorisé pour le traitement des abeilles en France.
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Notes et références
[1] White, G. F. (1912). The cause of European foul brood (No. 157). US Government Printing Office.
[2] Forsgren, E., Lundhagen, A. C., Imdorf, A., & Fries, I. (2005). Distribution of Melissococcus plutonius in honeybee colonies with and without symptoms of European foulbrood. Microbial ecology, 50, 369-374.
[3] Takamatsu, D. (2023). Atypical Melissococcus plutonius strains : their characteristics, virulence, epidemiology, and mysteries. Journal of Veterinary Medical Science, 85(9), 880-894.
[4] Arai, R., Tominaga, K., Wu, M., Okura, M., Ito, K., Okamura, N., ... & Takamatsu, D. (2012). Diversity of Melissococcus plutonius from honeybee larvae in Japan and experimental reproduction of European foulbrood with cultured atypical isolates. PloS one, 7(3), e33708.
[5] Forsgren, E. (2010). European foulbrood in honey bees. Journal of invertebrate pathology, 103, S5-S9.
[6] Milbrath, M. O. G., Fowler, P. D., Abban, S. K., Lopez, D., & Evans, J. D. (2021). Validation of diagnostic methods for European foulbrood on commercial honey bee colonies in the United States. Journal of Insect Science, 21(6), 6.