Le Couvain Plâtré, maladie du couvain des abeilles : Fiche complète

Ascophérose, ou couvain calcifié, une maladie fongique des larves d’abeilles

Le couvain plâtré ou ascophérose (parfois aussi appelé couvain calcifié, couvain dur, couvain craie, ou mycose de l’abeille) est une maladie fongique du couvain provoquée par le champignon Ascosphera apis.
La maladie du couvain plâtré est une menace significative pour les colonies d’abeilles à travers le monde. Bien que la maladie entraîne rarement la mortalité des colonies, elle affaiblit ces dernières, entraînant une diminution du rendement en miel et une vulnérabilité accrue face à d’autres parasites et maladies.

Un cadre de ruche comportant des cellules de couvain operculées, des cellules évidées et nettoyées, et trois cellules de couvain plâtré blanches ainsi qu'une cellule d'ascophérose noire.
Cadre de ruche typique d’une infection de couvain plâtré

Quels apiculteurs sont concernés par le couvain plâtré ?

Le couvain plâtré est répandu dans le monde entier, y compris en France, Belgique, Suisse et Canada. Cette maladie se développe en particulier lors de changements de température ou d’humidité, tels que des conditions prolongées de sécheresse ou d’humidité [1]. Ce sont particulièrement les conditions humides et froides au printemps qui causent le développement du couvain plâtré [2]. D’autres stresseurs environnementaux facilitent son apparition, comme une mauvaise nutrition ou une mauvaise reine.

Comment identifier le couvain plâtré ?

Le cycle de vie du champignon Ascosphera apis responsable du couvain plâtré commence lorsque les larves ingèrent des spores avec leur nourriture. L’infection se produit lorsque les spores produisent des hyphes qui pénètrent la paroi intestinale de la larve, entraînant la mort par privation de nourriture. Il semble possible que les spores parviennent même parfois à pénétrer la "peau" (cuticule) des larves sans être ingérée. Une croissance fongique blanche et duveteuse appelée mycélium devient alors rapidement visible : le mycélium finit par sortir de la larve, créant des "momies" de consistance crayeuse qui durcissent, adoptent la forme hexagonale de la cellule et passent du blanc au gris-noir. Les larves momifiées produisent des millions de spores capables d’infecter de nouvelles larves hôtes.

Les symptômes distincts du couvain plâtré sont des cellules de couvain operculées dispersées sur les cadres, avec de nombreuses "momies", les larves mortes et devenues blanches ou noires avec un aspect de plâtre, visiblement déposées sur la planche de vol. On observe aussi des opercules de cellules perforées et des momies dures, rétrécies et semblables à de la craie à l’entrée et autour de la ruche.

Comment le couvain plâtré se propage-t-il ?

Vous l’aurez deviné, les spores se retrouvent rapidemment partout dans les ruches. Les abeilles ouvrières qui touchent les momies pleines de spores contaminent d’autres ouvrières ainsi que le couvain encore sain. L’accumulation de momies au-delà de ce que les abeilles ouvrières peuvent gérer entraîne une contamination généralisée de la ruche. Plus il y a de spores, et plus les larves meurent rapidement [3], ce qui augmente le risque de contamination généralisée.

Bien que les symptômes ne soient souvent visibles que par temps froid et humide, les spores fongiques viables persistent dans et autour de la ruche pendant jusqu’à 15 ans [1]. Les spores se propagent entre les ruches par le comportement de dérive des drones et des abeilles ouvrières, ainsi que par le comportement de pillage entre colonies d’abeilles.

Comment prévenir et traiter la maladie du couvain plâtré ?

La maladie est généralement gérable dans les colonies en bonne santé. Les apiculteurs doivent donc simplement adopter de bonnes pratiques de gestion des colonies pour empêcher cette maladie de prendre le dessus. Le remplacement des rayons de miel malades par de nouveaux cadres et le nettoyage régulier des larves momifiées à l’entrée de la ruche et sur la planche de vol réduisent efficacement les sources d’infection. Pensez à vérifier les systèmes qui capturent les varroas ou les petits coléoptères de la ruche pour vous assurer de retirer toutes les momies.

Placer les ruches dans des zones bien ventilées et sèches avec des entrées exposées au soleil contribue à atténuer les conditions environnementales favorables à la maladie. Surélevez un peu l’arrière de la ruche pour aider les abeilles à sortir les momies. Assurez-vous que la ruche est propre et n’accumule pas d’eau. Si vous avez un réducteur d’entré, considérez la possibilité de le retirer temporairement pour qu’il ne bloque pas le nettoyage des momies par les abeilles.

Le traitement aux rayonnements gamma est efficace pour stériliser du matériel apicole contaminé, d’anciens cadres et des rayons de miel [1]. Peu développé en France, cette technique est un standard apicole en Australie et dans d’autres pays du monde.

Des races d’abeilles dites hygiéniques peuvent aussi aider à contrôler le couvain plâtré dans les régions où cette maladie est problématique. Les abeilles hygiéniques ont été sélectionnées pour leur capaciter à éliminer rapidement les momies avant la formation des spores.

Confusions possibles entre le couvain plâtré et les autres maladies de l’abeille

Les symptômes du couvain plâtré ressemblent à d’autres maladies des abeilles, telles que la loque américaine, la loque européenne ou le virus du couvain sacciforme. Cependant, l’absence d’un fil filandreux lors du test de filosité et les caractéristiques spécifiques des momies velues puis rigides aident à distinguer le couvain plâtré des autres infections. La principale confusion possible est avec le champignon du couvain pétrifié (aspergilloses de l’abeille) qui cause des symptômes presque identiques au couvain plâtré. Le couvain pétrifé est cependant beaucoup plus rare, et les momies produites sont jaune ou brun verdâtres et dures, alors que celles du couvain plâtré sont noires ou blanches et ont la texture d’une éponge.


Partager cet article pour soutenir Myrmecofourmis.fr:


Articles liés

Notes et références

[1Aronstein, K. A., & Murray, K. D. (2010). Chalkbrood disease in honey bees. Journal of invertebrate pathology, 103, S20-S29.

[2Flores, J. M., Ruiz, J. A., Ruz, J. M., Puerta, F., Bustos, M., Padilla, F., & Campano, F. (1996). Effect of temperature and humidity of sealed brood on chalkbrood development under controlled conditions. Apidologie, 27(4), 185-192.

[3Jensen, A. B., Pedersen, B. V., & Eilenberg, J. (2009). Differential susceptibility across honey bee colonies in larval chalkbrood resistance. Apidologie, 40(5), 524-534.



Poser une question:

Votre message
Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.