Les larves d’Eristalis ont une queue de rat
Diptera ; Syrphidae ; Eristalinae ; Eristalis tenax

Les vers larves à queue de rat sont les asticots des mouches (ordre des diptères) de la sous-famille des Eristalinae et du genre Eristalis. Ces mouches appartiennent à la famille des syrphes (Syrphidae) que l’on reconnait facilement à leur vol stationnaire lorsqu’elles sont adultes. Une des espèces les plus communes en France est Eristalis tenax aussi appelée Eristale tance, Eristale gluante ou Mouche pourceau.
Photographie d’une syrphe adulte appartenant aux éristales gluantes (Eristalis tenax). Il s’agit d’un mâle (les yeux sont collés), photographié en Alsace sur des fleurs de Verge d’Or du Canada (Solidago canadensis), une plante invasive :
Quel est le cycle de vie des éristales ?
Les mouches du genre Eristalis se nourrissent de pollen et de nectar de fleur à l’état adulte. Elles participent donc à la pollinisation des fleurs de nos jardins. Les adultes sont actifs la plupart de l’année à part pendant les mois les plus froids de l’hiver qu’ils passent cachés à l’abri du froid. Dès le retour du printemps, ils s’accouplent et les femelles pondent leurs oeufs à la surface des eaux stagnantes. Les larves se nourrissent probablement de matière en décomposition et de bactéries. Pour respirer, les larves possèdent un long siphon respiratoire qu’elles laissent souvent affleurer à la surface de l’eau, c’est ce siphon qui leur vaut le surnom de larve queue de rat. Elles passent par trois stades larvaires avant de quitter le milieu aquatique. Elles forment alors une pupe dont la forme est similaire à celle de la larve. Dans ces pupes, les larves se métamorphosent en mouches adultes et s’envolent à leur tour, le cycle de vie recommence.
Photographie d’une larve queue de rat sur le dos, le fond noir permet de mettre en évidence les organes de la larve que l’on devine à travers sa cuticule transparente :
Voici une vidéo d’une larve d’éristale à queue de rat se déplaçant dans l’eau. On note les nombreuses paires de "pattes" et sa capacité à se déplacer collée sous la surface de l’eau. On voit aussi que le siphon respiratoire reste toujours à la surface.
La nage n’est pas très efficace et comme le fond en plastique sur lequel la larve est filmé est lisse, elle a du mal à s’y cramponner !
Où vivent les larves à queue de rat ?
Les larves à queue de rat vivent dans les milieux très humides et riches en matière organique en décomposition. Dans la nature, il s’agit principalement de flaques ou de mares temporaires en forêt. Dans les mares permanentes, les amphibiens et les insectes prédateurs comme les dytiques ou les larves de libellules s’attaquent rapidement aux larves d’éristales qui nagent très mal. Ceci explique pourquoi les vers à queue de rat se rencontrent surtout dans les points d’eau temporaires dans la nature.
On les trouve également dans les réservoirs d’eau de pluie, les bacs contenant de l’eau croupie, les seaux de préparations de purins à base de végétaux ou les fosses à lisiers dans les fermes et les élevages de bétail.
Cet habitat très peu engageant présente des conditions de vie assez contraignantes. Une des principales difficultés est que ce type de milieu de vie est souvent pauvre en oxygène. Le siphon respiratoire des larves à queue de rat est donc essentiel à leur survie. Les larves doivent aussi pouvoir se déplacer dans cet environnement aquatique parfois densément chargé de particules organiques. Pour se mouvoir, les larves à queue de rat possèdent six paires de pattes équipées de soies recourbées en forme de griffes avec lesquelles elles s’accrochent à ce qui les entoure.
Photographie macro d’une larve d’éristale sur fond blanc, on distingue bien les paires de pattes recouvertes de soies recourbées :
Faut-il se débarrasser de ces larves de mouches à queue de rat ?
Les éristales ou larves à queue de rat présentes dans les mares, flaques et réservoirs d’eau de pluie sont inoffensives et il est inutile de les tuer. Elles participent à la dégradation de la matière organique et sont à la base de la chaine alimentaire de nombreux animaux. Si vous souhaitez tout de même ne plus les voir, le mieux et d’installer un couvercle sur vos réservoirs d’eau stagnante pour éviter que des larves de moustiques ne s’y installent. Vous pouvez pécher les larves de votre bassin ou réservoir d’eau en passant une épuisette d’aquarium ou un filet à alevins pour les capturer.
Si vous en trouvez dans vos toilettes, c’est qu’il est probablement grand temps de faire un grand nettoyage et d’utiliser des produits ménagers pour nettoyer les conduits d’évacuation de vos WC. Si l’eau s’écoule mal, il est possible que les larves se développent dans les siphons ou les conduits d’évacuation où l’eau croupie.
Toutefois, de rares cas de myiases intestinales (comprendre le développement de larves de mouches dans le corps humain) liées à Eristalis tenax ou à des espèces proches sont connus des médecins. Ces "myiases" ont lieu principalement dans les pays tropicaux mais également dans des pays européens comme la France et la Belgique. Les médecins semblent insister sur la rareté de ces cas et les qualifient d’exceptionnels. Les causes possibles de contamination du système digestif des humains par ces mouches sont la consommation de viandes crues (tartares, filets américains) ou de légumes consommés crus et non rincés après avoir été arrosés de purins contenant des oeufs et larves d’éristales (ce qui pourrait donc inclure le purin d’ortie ?) [1] [2].
Photographie sur fond blanc d’une larve à queue de rat, de profil. La larve a été observée en Alsace, dans un réservoir d’eau de pluie contenant des feuilles mortes, en compagnie de larves de moustiques et de larves de Chaoboridae :
Une célébrité a été choisie pour donner son nom à une de ces mouches...
Petite anecdote, deux mouches du genre ont été nommées Eristalis gatesi et Eristalis alleni, en hommage à Bill Gates et Paul Allen, les créateurs de l’entreprise Microsoft, pour leur contribution à la science et à l’étude des mouches via le développement de l’informatique [3]. L’hommage ne semble pas être ironique, bien que l’auteur de la description des espèces soit très certainement au courant des moeurs des larves de syrphes du genre Eristalis.
Références
[1] Van Den Berghe, L., & Boné, G. (1944). Cas de myiase intestinale à Eristalis. Ann Soc Belg Med Trop, 24, 69-70.
[2] Dubois, E., Durieux, M., Franchimont, M. M., & Hermant, P. (2004). Un cas exceptionnel en Belgique de myiase intestinale due à Eristalis tenax. Acta Clinica Belgica, 59(3), 168-170.
[3] D’après le scientifique ayant décrit ces espèces, Christian Thompson. Voir Thompson, F. Christian (1997). Revision of the Eristalis flower flies (Diptera : Syrphidae) of the Americas south of the United States. Proceedings of the Entomological Society of Washington.
Messages
1er décembre 2015, 00:08, par Jean007
Beurk beurk beurk, pas très ragoutantes ces larves en effet, je ne suis pas pressé de les rencontrer ! Elles ressemblent un peu à des tardigrades je trouve...
9 décembre 2016, 18:53, par LERAY André
Effectivement pas très jolie cette drôle de bestiole. J’ai failli vider le réservoir d’eau dans lequel je l’ai trouvée. J’ai eu le bon réflexe, je crois, de venir voir dans les entrailles du hibou (mon ordinateur hihihi !!!!)et d’apprendre quel est l’avenir de cette larve. Très joli insecte à venir.
15 décembre 2016, 04:14, par La fourmi
J’imagine qu’elle est effectivement plutot utile dans les réservoirs où elle aide à dégrader les feuilles mortes et fait concurrence aux larves de moustiques !
10 septembre 2020, 10:16, par Moranne
J’ai vu une telle larve dans un seau d’eau de pluie provenant d’une réserve d’eau .J’ai hésité à m’en débarraser me disant que c’était peut-etre une bestiole utile, j’ai bien fait ...
Merci pou l’info.