Comment le ver de terre se défend-il ? Réponse.

Les vers de terre sont-ils inoffensifs ?

Comment le ver de terre se défend-il ?

Les vers de terre ont de nombreux prédateurs, comme les hérissons ou les oiseaux. Ils peuvent aussi se retrouver bloqués et mourir de dessiccation (mort de soif !) si la terre est trop sèche.

Photographie d'un gros ver de terre australien de couleur brune, rouge ou rose sur un sol de terre. Il appartient probablement à l'espèce Didymogaster sylvaticus, un ver de terre capable de projeter du liquide coelomique à plus de 30cm de son corps.
Ver de terre australien

Pour faire face à leurs problèmes, de nombreux vers de terre ont un moyen de défense très particulier : ils sont capables d’éjecter de leur corps un liquide collant et nauséabond dont l’odeur est parfois comparée à celle de l’ail [1]. Ce "jus de ver de terre" est appelé liquide coelomique, il s’agit du liquide qui se trouve à l’intérieur du corps du ver de terre. Les vers de terre sont en effet dépourvus d’os ou de cartilage, mais lorsqu’ils compriment ce liquide à l’intérieur de leur corps, il devient rigide comme un os ce qui leur permet d’avancer [2]. Le liquide coelomique à d’autres fonctions, il transporte de nombreuses molécules et gaz dans le corps du ver de terre et collecte les déchets de leur organisme. Il pourrait aussi contenir des phéromones d’alarmes que d’autres vers de terre pourraient utiliser pour éviter une zone où un autre vers de terre aurait été attaqué et aurait éjecté du liquide coelomique [3].

Voici une courte vidéo (sous-titres français disponibles) qui montre un ver de terre australien projetant ce liquide collant à plus de 10cm de son corps :

Pour éjecter leur liquide coelomique, les vers de terre disposent de petits pores, généralement sur leur dos. Deux espèces de vers de terre sont championnes dans ce domaine : Megascolides australis, qui peut projeter du liquide à plus de 10cm de son corps, et Didymogaster sylvaticus, dont les jets de liquide coelomique peuvent atteindre 30cm ! Mais ce comportement a été très peu étudié et n’est décrit que chez quelques espèces de lombrics [4]. On ne sait pas non plus si les vers de terre présents dans les composts, lombricomposts et autres "wormfarms" sont capables de projeter leur liquide coelomique sur les pauvres jardiniers qui les nourrissent.

Ce comportement permet également aux scientifiques de collecter l’ADN des vers de terre sans les tuer, simplement en provoquant l’éjection du liquide coelomique et en le collectant [5].


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Notes et références

[1Edwards, C. A., & Bohlen, P. J. (1996). Biology and ecology of earthworms (Vol. 3). Springer Science & Business Media.

[2Chapman, G. (1950). Of the movement of worms. Journal of Experimental Biology, 27(1), 29-39.

[3Ressler, R. H., Cialdini, R. B., Ghoca, M. L., & Kleist, S. M. (1968). Alarm pheromone in the earthworm Lumbricus terrestris. Science, 161(3841), 597-599.

[4Wang, Y. H., Shih, H. T., & Shih, H. T. (2017). Four New Species of Earthworms (Oligochaeta : Megascolecidae : Amynthas) from Taiwan Based on Morphological and Molecular Evidence. Zoological Studies, 56(2017).

[5Minamiya, Y., Ohga, K., Hayakawa, H., Ito, K., & Fukuda, T. (2011). Coelomic fluid : a non invasive source of DNA in earthworms. Molecular ecology resources, 11(4), 645-649.



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