Les courtillières, faut-il s’en débarrasser ?
Le grillon-taupe, Gryllotalpa gryllotalpa, contrôle et biologie.
Accueil / Petits animaux, insectes / Orthoptères : les grillons, criquets et sauterelles
La courtilière, aussi appelée grillon-taupe ou taupe-grillon, est un insecte remarquable souvent rencontré dans les potagers. Sa grande taille, son allure particulière et sa réputation d’insecte ravageur des potagers et jardins suscitent souvent l’inquiétude des jardiniers. Cependant, cet insecte est inoffensif pour les humains, bien que ses très fortes pattes avant soient un peu effrayantes. Les courtilières ne sont pas généralement un problème au jardin non plus, tant qu’il y en a peu.
Comment reconnaître et identifier les courtilières ?
Il existe en Europe et en France trois espèces de grillons-taupes. La plus commune est Gryllotalpa gryllotalpa (auparavant appelée Gryllotalpa vulgaris), mais l’on retrouve aussi Gryllotalpa vineae et Gryllotalpa septemdecimchromosomica. Les différences entre ces espèces sont très subtiles, elles sont principalement génétiques et basées sur le chant. Différencier ces trois espèces de grillons taupes est donc très difficile et dépend principalement de la longueur des ailes à l’arrière du corps [1].
Le point commun entre ces espèces, qui permet de les différencier des autres grillons, est leur adaptation à la vie fouisseuse. Leur pronotom, l’avant du thorax, est très solide et protège l’avant du corps de l’insecte. Les pattes avant des courtilières sont aussi très larges et épaisses, elles ressemblent à celles des vraies taupes. Ces pattes sont très puissantes et plates. Si vous essayez de tenir une courtilière dans vos mains, il est probable que celle-ci soit suffisamment forte pour écarter vos doigts s’enfuir, en vous griffant au passage.
L’ensemble du corps est très allongé, les courtilières mesurent généralement environs 5cm de long et 1cm de largeur à l’âge adulte. Le corps, à l’exception des ailes, a une apparence brune duveteuse car il est recouvert de poils courts. La tête des courtilières est dotée de pièces buccales broyeuses puissantes, essentielles pour se nourrir de racines et de tubercules. La courtilière possède également deux longues antennes filiformes et deux yeux noirs, bien que sa vision soit généralement médiocre.
Les courtilières possèdent de grandes ailes transparentes d’aspect fumées qui dépassent de l’abdomen au repos. Les courtilières volent parfois durant les chaudes soirées d’été pour se déplacer et s’accoupler. Elles sont parfois attirées par la lumière des maisons. Les courtilières possèdent aussi un appareil stridulatoire, très développé surtout chez les mâles, qui produit un son assez grave et presque continu.
Biologie, cycle de vie et écologie des courtilières
La courtilière est un insecte nocturne qui réside principalement dans les sols meubles, humides, légers et frais. On la trouve cependant dans une variété d’habitats, notamment les jardins et en particulier les potagers, dans les prairies et dans les zones humides y compris les plages et tourbières. Cet insecte omnivore a un régime alimentaire diversifié, se nourrissant de racines, de tubercules, de vers de terre et de diverses larves d’insectes du sol.
Les courtilières sont des insectes très communs mais elles ne sortent du sol que durant la nuit et seulement en été. Ce mode de vie discret les rend difficile à observer pendant la journée et c’est pour cela qu’on les observe peu, à moins de creuser le sol. Elles se déplacent donc principalement sous terre, creusant des galeries pour chercher de la nourriture.
Le cycle de vie de la courtilière s’étend sur deux ans. Au printemps ou en été, les courtilières mâles se dispersent et creusent l’entrée de leurs terriers en forme de cône. Cette structure agit comme un mégaphone, permettant à l’insecte de produire un son audible à plusieurs dizaines ou centaines de mètres. Ils émettent un chant strident en frottant leurs ailes pour attirer les femelles dans leurs terriers. Les femelles pondent généralement entre 100 et 400 œufs [2] dans une galerie profonde, généralement à une profondeur de 20 à 40 centimètres. Ces œufs sont regroupés dans un nid en forme de boule et entourés d’une enveloppe de terre dure. Ces étranges nids sont souvent marqués par de petits monticules de terre entourés de débris de végétaux secs.
Les larves de courtilière ressemblent aux adultes mais ne possèdent pas d’ailes. Elles subissent deux mues avant d’entrer en hibernation. Pendant cette période, elles sont inactives et résident dans leurs terriers. Cependant, au mois d’avril de l’année suivante, les larves reprennent leur activité et muent trois fois de plus. Après ces mues, elles atteignent finalement le stade adulte. Après avoir passé l’hiver, les adultes de courtilière sont prêts à se reproduire au printemps suivant. Ils répètent le processus de reproduction en chantant pour attirer les femelles et en creusant des terriers pour la ponte.
Quels sont les problèmes liés aux courtilières dans les jardins ?
Malgré son rôle de prédateur de larves nuisibles dans le sol, la courtilière peut causer des dégâts aux racines et aux semis des plantes potagères. Sa présence peut compromettre la santé de vos cultures en endommageant les racines, le collet des plantes, voire en déracinant certaines plantes lors de ses activités de fouissage.
Les plantes les plus affectées par les courtilières sont les blettes, choux, carottes, choux-fleurs, melons, aubergines, tomates, piments, laitues, épinards, onions, pommes de terre et patates douces et fraises. Identifier les dégâts des courtilières peut être difficile car il sont difficilement visibles. De plus, les limaces et les escargots se nourrissant du collet des plantes peuvent causer des dégâts similaires. Généralement, les plantes affectées ont des traces de grignotage sur les racines ou le collet et ne tiennent plus debout. Elles peuvent avoir une apparence desséchée si la sève ne passe plus des racines à la plante.
Comment se débarrasser des courtilières naturellement et sans insecticides
L’utilisation d’insecticides pour traiter les nématodes est fortement déconseillée en raison des effets probables sur la santé humaine et sur celle des abeilles et autres insectes pollinisateurs et bénéfiques pour les cultures et les jardins. Heureusement, il existe des méthodes pour éloigner les courtilières de vos jardins sans avoir recours aux insecticides nocifs pour l’environnement. Voici quelques solutions :
- Traiter avec des nématodes : Les nématodes (souvent Steinernema carpocapsae) sont de petits vers qui parasitent les courtilières [3] et d’autres insectes du jardin comme les doryphores des pommes de terres. Ils sont disponibles dans le commerce sous forme de produits biologiques pour lutter contre ces insectes, par exemple ici : Nématodes pour le traitement des doryphores et courtilières (lien affilié). Assurez-vous de suivre les instructions d’application appropriées et de commander vos vers en dehors des vagues de chaleur ou de froid. Ce sont des organismes vivants et fragiles. Vous pouvez envisager un traitement au printemps avec des nématodes, généralement les nématodes sont dilués dans de l’eau et dispersés dans le jardin par arrosage, mais cela peut varier en fonction des produits. Il vaut mieux appliquer le traitement le soir pour éviter de les exposer à la chaleur et à la lumière.
- Favoriser les prédateurs naturels : Encouragez la présence de prédateurs naturels des courtilières, tels que les taupes, les hérissons, les musaraignes et les oiseaux comme les pies, les merles et les hiboux, qui se nourrissent de ces insectes. Vous pouvez par exemple installer des nichoirs sous vos toits et des perchoirs dans vos jardins pour attirer les oiseaux, et des tas de branches, paille ou d’herbes sèches pour offrir des refuges aux hérissons et musaraignes.
- Éloigner le compost : Éloignez les tas de compost de vos potagers, car la courtilière est attirée par ces zones riches en matière organique. Un compost fermé est idéal.
- Travailler le sol : Bien que déconseillé car il perturbe les insectes et autres animaux bénéfiques au jardin qui vivent dans le sol, le travail du sol peut être utilisé comme méthode pour perturber les galeries des courtilières. Cela peut être efficace à petite échelle de manière très occasionnelle, en cas d’infestations importante de courtilières. Vous pouvez enfiler des gants, capturer les courtilières dans un seau et les relâcher un peu plus loin.
- Utiliser des pièges à courtilières : Vous pouvez mettre en place des pièges pour capturer les courtilières s’il y en a beaucoup. Par exemple, creusez des grands trous remplis de compost humide et couvrez-les de terre et d’une planche en bois pour les attirer en hiver. Inspectez-les à la fin de l’hiver pour retirer les courtilières qui s’y trouvent.
Articles liés
-
Chasser les fourmis de la maison
Comment se débarrasser des fourmis qui rentrent dans la maison ? voici des conseils et astuces simples qui marchent vraiment pour éviter les problèmes de fourmis dans les maisons et appartements.
-
D’horribles vers qui parasitent les grillons, criquets et sauterelles
Les vers de crin nématomorphes (embranchement des Nematomorpha, proche des nématodes) ne sont pas juste repoussants comme les autres vers. Ils forment un groupe de vers qui possède un cycle tout à fait répugnant : à l’état de larves, les différentes espèces parasitent une grande variété d’hôtes, dont les orthoptères (grillons, sauterelles et criquets), les coléoptères et les mantes qui s’abreuvent dans les flaques. Ils se développent par la suite en dévorant leur hôte de l’intérieur durant (…)
-
E120 ou rouge carmin : vous mangez des cochenilles broyées
Le colorant E120, aussi appelé rouge carmin ou rouge cochenille, provient des cochenilles, des insectes proches des pucerons. Fixées aux Opuntias, des cactus péruviens, mexicains et des Îles Canaries, les cochenilles sont élevées, broyées et l’acide carminique rouge qui en est extrait est ajouté à nos charcuteries, sodas et yaourts.
Notes et références
[1] Bennet‐Clark, H. C. (1970, December). A new French mole cricket, differing in song and morphology from Gryllotalpa gryllotalpa L.(Orthoptera : Gryllotalpidae). In Proceedings of the Royal Entomological Society of London. Series B, Taxonomy (Vol. 39, No. 9‐10, pp. 125-132). Oxford, UK : Blackwell Publishing Ltd.
[2] Weiss, H. B., & Dickerson, E. L. (1918). The European mole cricket, Gryllotalpa gryllotalpa L., an introduced insect pest. Journal of the New York Entomological Society, 26(1), 18-23.
[3] Nouh, G. M., & Adly, D. (2021). Evaluation of the virulence of entomopathogenic nematodes as a biological control agents against Gryllotalpa gryllotalpa (Gryllotalpidae). Journal of Applied Entomology, 145(10), 1050-1056.