Publié le 28 octobre 2016 et mis à jour le 18 octobre 2024.
Reines parasites, fourmis à fondation dépendante Chtonolasius
Insecta, Hymenoptera, Formicidae, Formicinae, Lasius (Chtonolasius)

Les fourmis du genre Lasius appartenant au sous-genre des Chtonolasius sont très particulières. Les reines de ces espèces de fourmis sont dites à fondation dépendante : elles sont incapables de fonder leur colonie toutes seules. Pour fonder une colonie, les reines de ces espèces utiliseraient deux stratégies très différentes [1].
La première stratégie est celle des espèces qui essaiment au même moment que leurs hôtes : la reine parasite capture une ouvrière à l’entrée d’un nid d’une espèce hôte, puis tue cette ouvrière à l’aide de ses puissantes mandibules. Elle copierait le passeport chimique de cette ouvrière [2] et profiteraient de la pagaille pour entrer dans le nid hôte. Une fois dans le nid, la reine parasite trouverait la reine de la colonie hôte, la tuerait et commencerait à pondre ses propres oeufs que les fourmis de la colonie hôte se mettent à élever.
La deuxième stratégie serait celle des espèces du sous-genre Chtonolasius parasitant leurs hôtes en hiver ou au printemps, lorsque la température est très basse. Les faibles températures réduiraient l’agressivité des fourmis hôtes, ce qui permettrait aux reines parasites de s’introduire dans le nid plus facilement.
Au fur et à mesure que le temps passe, les ouvrières hôtes meurent et après quelques mois il ne reste plus que des fourmis parasites dans la colonie. C’est pourquoi ces fourmis sont souvent décrites comme des parasites sociaux temporaires : elles parasitent leurs hôtes au début puis les remplacent entièrement au fil du temps.
Certains scientifiques pensent que ce mode de vie très particulier aurait pu évoluer à cause de la compétition entre reines fondant leurs colonies par pléométrose [3], ce qui est très commun chez les fourmis du genre Lasius. La fondation par pléométrose signifie que plusieurs reines s’associent après l’essaimage pour fonder une colonie. Ces reines creusent la première chambre ensemble et s’entraident pour l’élevage des premières larves. La fondation par pléométrose permet aux reines d’élever plus d’ouvrières puisque chaque reine pond de nombreux oeufs et possède ses propres réserves de nutriments. Mais lorsque les premières ouvrières sortent de leurs cocons, les reines entrent en compétition et se combattent, parfois avec l’aide des ouvrières, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une seule reine dans la colonie. Dans de telles conditions, les traits morphologiques rencontrés chez les reines du genre Chtonolasius sont très avantageux. Ces reines possèdent en effet une large tête avec de puissantes mandibules, et n’ont besoin d’emporter que très peu de réserves de nourriture.
Très peu d’informations sont disponibles sur les fourmis du sous-genre Chtonolasius [4] probablement car la plupart de ces espèces sont difficiles à trouver et à élever. La plupart de ces espèces sont également très difficiles à identifier [5].
- Vidéos juste avant un essaimage de Lasius distinguendus, on voit très rarement les ouvrières hors du nid ou les essaimages de ces fourmis :
- Photographie d’une reine de l’espèce Lasius mixtus, une Chtonolasius à fondation dépendante. Lasius mixtus serait une espèce parasite des nids de Lasius flavus [6]. Vosges, Mars 2016 :
- Photographie d’ouvrières et de princesses fourmis de l’espèce Lasius distinguendus, des Chtonolasius à fondation dépendante. Cette espèce parasite probablement Lasius paralienus, Lasius alienus, Lasius platythorax et Lasius niger [7]. Haut-Rhin, Juillet 2009 :
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Notes et références
[1] Dekoninck, W., Boer, P., & Maelfait, J. P. (2004). Lasius platythorax Seifert, 1991 as a host of several Chthonolasius species, with remarks on the colony foundation of the parasites (Hymenoptera : Formicidae). Myrmecologische Nachrichten, 6, 5-8.
[2] Cela signifie qu’elle émet les mêmes odeurs que celles qu’elle a détecté sur l’ouvrière tuée pour que les fourmis de la colonie hôte reconnaissent la reine parasite comme faisant partie de leur colonie.
[3] Janda, M., Folkova, D., & Zrzava, J. (2004). Phylogeny of Lasius ants based on mitochondrial DNA and morphology, and the evolution of social parasitism in the Lasiini (Hymenoptera : Formicidae). Molecular phylogenetics and evolution, 33(3), 595-614.
[4] Antonova, V., Penev, L., Niemala, J., Kotze, D. J., & Chipev, N. (2004). Compound nests and mixed colonies of ant species (Hymenoptera, Formicidae) in Sofia-Bulgaria. Ecology of the City of Sofia. Species and Communities in Urban Environment, Pensoft Publishers, Sofia-Moscow, 423-428.
[5] Seifert, B. (1990). Supplementation to the revision of European species of the ant subgenus Chthonolasius Ruzsky, 1913. Doriana, Genova, 6(271), 1-13.
[6] Schlick-Steiner, B. C., Steiner, F. M., & Seifert, B. (2002). Lasius flavus : A host species of Lasius mixtus (Hymenoptera : Formicidae). Sociobiology, 39(1), 141-143.
[7] Schlick-Steiner, B. C., Steiner, F. M., Seifert, B., & Straka, U. (2002). Lasius platythorax as a host of Lasius distinguendus (Hymenoptera, Formicidae). Insectes Sociaux, 49(3), 299-299.