Publié le 13 mai 2023 et mis à jour le 18 octobre 2024.
Les cochenilles à amphores d’Australie se momifient pour se défendre
Eriococcus coriaceus

La cochenille bleue de l’eucalyptus (Eriococcus coriaceus) est un insecte piqueur-suceur australien, invasif en Nouvelle-Zélande. Elle se protège avec un sac cotonneux, rendant son contrôle difficile. En se nourrissant de la sève des eucalyptus, elle peut causer des dommages importants : ralentissement de la croissance, déformations, et production de miellat qui attire favorise la fumagine, un champignon noir. En Nouvelle-Zélande, des coccinelles prédatrices (Rhyzobius ventralis) ont été introduites avec succès pour réguler cette cochenille invasive.
Eriococcus coriaceus, communément appelé cochenille de l’eucalyptus bleu, est une espèce d’insectes piqueurs-suceurs qui infeste les eucalyptus. Cet insecte est originaire d’Australie et invasive en Nouvelle-Zélande. Cette cochenille est remarquable par sa défense assez unique : elle créé un sac cotonneux et cireux autour d’elle pour que ses prédateurs et parasites ne puissent pas l’attaquer. Un peu l’équivalent humain de s’emballer dans plusieurs dizaines de couches de papier toilette pour se protéger d’un Lion.
Apparence et cycle de vie de la cochenille de l’eucalyptus
La cochenille bleue de l’eucalyptus est un petit insecte ovale qui varie en couleur du rouge-brun au bleu-gris. Les femelles adultes peuvent atteindre jusqu’à 5 mm de longueur et produisent un revêtement fait de soie qui recouvre leur corps comme un sac, à l’exception d’une ouverture à l’arrière pour laisser les déjections (du miellat sucré) et leurs larves sortir.
Le cycle de vie de la cochenille bleue de l’eucalyptus commence par la pontes de centaines d’oeufs par la femelle directement dans son sac. Ceux-ci éclosent et deviennent des larves qui quittent le sac pour l’ouverture et se déplacent sur les branches et s’installent en groupe dans une zone protégée, où elles commencent à se nourrir de la sève de la plante. Les larves subissent plusieurs mues en grandissant avant de devenir adultes. Ce cycle ce répète tous les 50 jours en été et 85 jours minimum en hiver !
Les femelles de la cochenille bleue de l’eucalyptus ne se déplacent pas autant que les larves et trouvent une emplacement dans les premiers jours de leur vie d’adulte où elles s’installent et fabriquent leur sac. Les mâles au contraire possèdent des ailes et se déplacent à la recherche de femelles.
Dommages et contrôle des cochenilles de l’eucalyptus
La cochenille bleue de l’eucalyptus peut causer des dommages aux eucalyptus en se nourrissant de leur sève. Elle a été observé sur au moins 28 espèces d’Eucalyptus [1] ! Bien sur, elles font partie de la biodiversité et ne sont un problème que pour les plantations d’eucalyptus parfois cultivés pour leur bois ou leur huile d’eucalyptus utilisée comme remède contre la toux. Et aussi, en Nouvelle-Zélande où elles sont invasives et ont affecté des forêts d’arbres natifs de ce pays. Elles peuvent ralentir la croissance et causer des déformations des arbres. De plus, l’insecte produit du miellat, une substance sucrée qui peut attirer d’autres ravageurs et favoriser la croissance de la fumagine, un champignon noir qui recouvre les feuilles les empêchant de participer à la photosynthèse.
Le contrôle de la cochenille bleue de l’eucalyptus peut être difficile en raison du revêtement cireux des larves et du sac des femelles adultes qui les protègent des insecticides. Cependant, il existe plusieurs stratégies qui peuvent être utilisées pour gérer ce ravageur. En effet, malgré cette protection assez efficace, 16 espèces de prédateurs ou parasites de cette cochenille sont connus, dans plusieurs ordres d’insectes différents : les névroptères (chrysopes), coléoptères (coccinelles), diptères, lépidoptères et hyménoptères [2]. Une variété d’ennemis assez impressionnante pour une seule espèce de cochenille, qui atteste probablement de son abondance et de sa taille inhabituelle.
En Nouvelle-Zélande, une coccinelle prédatrice de cette cochenille a été relâchée avec succès (Rhyzobius ventralis). Cette coccinelle et sa larve sont capable de dévorer les cochenilles à partir de l’ouverture de leur sac, et contrôlent désormais de manière très efficace cet insecte [3].
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Notes et références
[1] Patel, J. D. (1971). Morphology of the gum tree scale Eriococcus coriaceus Maskell (Homoptera : Eriococcidae), with notes on its life history and habits near Adelaide, South Australia. Australian Journal of Entomology, 10(1), 43-56.
[2] Gough, N. (1975). The ecology of the gum tree scale (Eriococcus coriaceus Mask.), and its natural enemies (Doctoral dissertation, Adelaide,).
[3] cf Gough 1975