25% d’insectes en moins en 30 ans

Disparition des insectes

25% d’insectes terrestres en moins en 30 ans. Voilà le chiffre alarmant que montre du doigt une nouvelle étude parue dans la prestigieuse revue scientifique Science. Une équipe de scientifiques y regroupe des dizaines d’études réalisées sur le long-terme et totalisant 1676 sites répartis dans 41 pays, principalement en Europe et Amérique du Nord. Leurs résultats montrent que la planète perd en moyenne 8.8% du nombre d’insectes terrestres chaque décennie. Cette perte se serait accélérée en Europe depuis 2005.

Photographies d'un coléoptère (scarabée) jaune de l'espèce Hoplia argentea aussi appelé hoplie argenté. Le dessus est jaune doré irisé de vert, le dessous du corps est gris métallique voir argenté.
Scarabée jaune

Les chercheurs pensent que cette estimation est en dessous du nombre réel, parce que les données disponibles proviennent principalement de réserves et parcs nationaux, moins affectés par les activités humaines.

Dans les cours d’eau cependant, le nombre d’insectes aquatiques aurait augmenté de 30% sur la même période, mais les auteurs de l’article indiquent qu’étant donné la faible surface des zones d’eau douce (2.4% de la planète seulement), il ne faut pas trop se réjouir. Ils indiquent que combiner les résultats pour les insectes aquatiques et terrestres donnerait "probablement une mauvaise représentation des tendances du nombre total d’insectes, peu importe l’échelle spatiale". Les auteurs espèrent que l’augmentation du nombre d’insectes en eau douce reflète un rétablissement de la qualité de l’eau durant ces dernières années. En Europe notamment, les directives de protections de l’eau limitant les dégâts causés par l’agriculture intensive (limitation des engrais et traitements le long des rivières et fossés) ont probablement aidé.

Cybister lateralimarginalis (dytique vert à côtes bordées de jaunes sur les bords des élytres). Ce coléoptère aquatique possède un corps entièrement vert avec deux traits jaunes sur les bords de l'abdomen vu de dessus.
Grand dytique vert bordé de jaune, Cybister lateralimarginalis

Dans leur étude, les tendances de la disparition des insectes sont très stables au niveau global, mais les tendances du nombre d’insectes peuvent être très variables localement. Il est donc possible que certaines zones géographiques aient vu une augmentation du nombre d’insectes, mais de manière générale ce nombre diminue très fortement.

L’étude pointe en partie du doigt l’urbanisation, possiblement en raison de la pollution lumineuse et chimique associée aux activités humaines. Les insectes sont très sensibles à ces types de pollution et se trouvent facilement désorientés par la lumière et la pollution en général [1] [2].

Des centaines d'Ephoron virgo, l'éphémère vierge ou mannes blanches éparpillés au sol.
Manne d’éphémères

Les chercheurs concluent que protéger et restaurer les habitats pourrait aider à ralentir la disparition des insectes.

Cet article n’est pas le premier à démontrer les effets des activités humaines sur les insectes [3] et en particulier des abeilles [4]. L’utilisation généralisée et prophylactique des pesticides, la destruction des habitats naturels par les constructions humaines et le réchauffement climatique doivent dans les années à venir être les cibles essentielles de nos efforts si nous voulons ralentir les changements drastiques en cours dans notre environnement.


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Notes et références

[1Dominoni, Davide M., et al. "Why conservation biology can benefit from sensory ecology." Nature Ecology & Evolution (2020) : 1-10.

[2Klein, Simon, et al. "Why bees are so vulnerable to environmental stressors." Trends in ecology & evolution 32.4 (2017) : 268-278.

[3Sánchez-Bayo, F., & Wyckhuys, K. A. (2019). Worldwide decline of the entomofauna : A review of its drivers. Biological conservation, 232, 8-27.

[4Goulson, D., Nicholls, E., Botías, C., & Rotheray, E. L. (2015). Bee declines driven by combined stress from parasites, pesticides, and lack of flowers. Science, 347(6229), 1255957.


Vos commentaires et questions:

  • Le 26 avril 2020 par Regis :

    Tout cela est également de faute des mairies, qui font tondre systématiquement les pelouses avant même que la moindre fleur n’apparaisse.
    Pendant le confinement tout est fleuri, et on revoit même des papillons (révélateurs de la santé de la nature). Malheureusement quelques tondeuses sont déjà en action, comme si c’était LA chose qui pressait !
    Comme dans tous articles sur la diminution du nombre d’insectes, on oublie cette raison alors qu’il s’agit des plus évidentes...et la plus faciles à éviter !
    Interpelez vos mairies sur ce fléau ridicule !


    • Réponse du 27 avril 2020 par Algenib :

      Sur la tonte, je suis très content de lire ce commentaire car on en parle trop peu. Je ressens la même chose. Combien de fois j’ai été sidéré de voir toutes ces fleurs, ces insectes et le lendemain tout était rasé. Et certains me disent c’est propre comme ça !

    • Réponse du 17 septembre 2020 par dillot :

      Mais la population n’est toujours pas prête !!! ils font pressions sur les élus car ils paient des impôts, ça fait plus "propre" et on peut rouler plus vite !


  • Le 17 septembre 2020 par dillot :

    Bonjour,
    Je suis désespéré par la situation : chaque année les papillons paon du jour, pondent leur oeufs sur les orties en face de chez moi.
    il y a 2 ans (le jeudi 9 aout) il y avait 785 chenilles "visibles "or on continue à tondre les bas cotés et les talus plusieurs fois par an et principalement au printemps et en été. (ces papillons se reproduisent de juin à octobre).
    après cette tonte, il ne reste plus rien car ceux qui n’ont pas été broyés sont morts étouffés.
    On parle de fauchage tardif ? mais ce n’est plus le cas ...
    Nous sommes en train d’éradiquer ces espèces de papillons mais bien d’autres insectes...et tous les prédateurs de ces chenilles et insectes.
    cela fait maintenant 2 ans (2ème été cette année) que je n’ai plus 1 seule chenille.
    J’espère que ce mail servira un jour ...peut être que ce fauchage pourrait être effectué uniquement dans les virages. Que faire ! mon petit garçon me dit que nous ne faisons rien ....il n’a pas tord ...mais que faire ? j’ai écrit de nombreux mails à la mairie ...au département ...mais je ne sais pas comment arrêter ce massacre nous avons eu cette année une fausse joie, car nous avons repérer début aout beaucoup de chenilles (paon du jour) à 1,5 km de chez nous ...mon fils été ravit mais un peu inquiet à l’idée de partir en vacances. je l’ai rassuré car ce village est "écolo" mais en revenant de vacances( une semaine plus tard) ; les gardes champêtres avaient tout coupé ! plus aucunes chenilles et chrysalides visibles. bref vous n’imaginez pas la peine qu’a eu mon petit garçon...il m’en a voulu et je le comprends parfaitement !!! mais que faire ??? si vous avez une idée je suis preneuse ! car cela me désespère.
    Cordialement
    Virginie




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