Comment certaines fourmis échappent aux fourmilions en claquant des dents !

Vidéo de fourmis piège à mâchoires, Hymenoptera ; Formicidae ; Ponerinae ; Odontomachus brunneus

Les scientifiques avaient depuis longtemps observé le comportement de fuite des fourmis piège à mâchoires du genre Odontomachus (voir la vidéo : les fourmis piège à mâchoires ont le record de la vitesse !). Lorsque celles-ci se sentent en danger, elles n’utilisent pas leurs mandibules ultra-puissantes pour attaquer leur agresseur mais pour le fuir ! En effet, lorsqu’elles referment leurs mandibules contre le sol, le choc est tellement fort qu’il les projette en arrière.

Si ce comportement était connu dans des conditions de laboratoire, il manquait la preuve que les fourmis utilisaient cette étrange manière de sauter lorsqu’elles rencontraient un prédateur en chair et en os (ou en chitine dans le cas présent). Mais Fredrick Larabee et Andrew Suarez de l’université de l’Illinois aux États-Unis n’avaient pas dit leur dernier mot : après avoir collecté quelques fourmilions), et les avoir installés dans des pots remplis de sable, ils ont regardé si les fourmis étaient capables de s’échapper des entonnoirs creusés par les fourmilions.

Même si dans presque 50% des cas, les grandes ouvrières d’Odontomachus brunneus parviennent à s’échapper en escaladant à toute vitesse les bords de l’entonnoir de sable creusé par le fourmilion, 15% d’entre elles ne parviennent à s’extirper de ces sables mouvant qu’à l’aide de leurs mandibules !

Ce moyen de fuite permet donc aux fourmis d’accroître leur survie de manière non négligeable. Les 35% de fourmis restantes qui ne parviennent pas à s’échapper se font capturer par le fourmilion affamé, qui possède lui aussi -et c’est un comble- des mandibules en forme de piège à mâchoires...

Ce comportement de fuite n’est pas seulement fascinant, c’est aussi un nouvel exemple de co-option offerte à ces fourmis par l’évolution : s’il est certain que ces mandibules ont évolué pour leur permettre de capturer des proies rapides, elles peuvent aussi s’en servir pour s’enfuir [1]. Cet exemple peut être comparé à l’évolution des plumes chez les animaux : si au début celles-ci servaient probablement à retenir l’eau et la chaleur, ou de moyen de communication et de défense, elles n’étaient pas utilisées par les premiers "oiseaux" pour voler ! Ce n’est que par la suite que les plumes ont évolué sous la forme que l’on observe aujourd’hui chez la plupart des oiseaux [2].


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Notes et références

[1Larabee F., Suarez A. (2015). Mandible-Powered Escape Jumps in Trap-Jaw Ants Increase Survival Rates during Predator-Prey Encounters. Plos One.

[2Prum, R. O. (1999). Development and evolutionary origin of feathers. The Journal of experimental zoology, 285(4), 291-306.



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