L’incroyable rendez-vous des mannes d’éphémères !
Ephemeroptera ; Polymitarcyidae ; Ephoron virgo


Les mannes (ici Ephoron virgo), aussi appelées éphémères ou mouches de Mai [1]], sont de petits insectes dont le cycle est très particulier. Les larves vivent durant de longs mois sous l’eau. Fouisseuses, elles s’entèrent dans les sédiments et filtrent des débris organiques pour s’alimenter. Puis, au bout de quelques mois, elles se dirigent à la surface. Si elles ne se font pas dévorer, elles muent pour se transformer en un éphémère adulte.

L’éphémère adulte ne se nourrit pas : pas la peine, comme son nom l’indique, il ne vit dans le meilleur des cas que quelques jours. Les mâles et les femelles forment des essaims le long des rivières et des fleuves pour se reproduire. Quand la nuit tombe, ils se laissent attirer par les lampes sous lesquelles ils finissent par mourir.

Ainsi, pendant quelques jours par an, on peut observer cet étrange spectacle de milliers d’insectes attirés par les lumières des lampadaires ou des autres éclairages nocturnes.

Ce sont principalement les femelles qui n’ont pas été fécondées que l’on retrouve sous les lampadaires : les mâles meurent peu après l’accouplement et sont souvent dévorés par les poissons lorsqu’ils tombent dans l’eau.

Les émergences d’éphémères font aussi le bonheur des chauve-souris, des libellules et de tous les prédateurs de bord de rivières.

Ces émergences massives sont très connues, en particulier des toulousains et des habitants des rivières de la Saône et de la Garonne. Si aujourd’hui seuls quelques pêcheurs ramassent les mannes mortes sur le sol, cela était autrefois l’objet d’une importante récolte. Les pêcheurs utilisent ainsi les mannes pour attirer les poissons. Mais ce ne sont pas les pêcheurs qui utilisaient le plus ces femelles d’Ephémères mortes : cette nourriture très riche servait à nourrir les oiseaux de collection et d’ornement. Quelques habitants des bords de rivières utilisaient des pièges lumineux pour attirer les éphémères sur des draps blancs, avant de les faire sécher et de les revendre à des grainetiers. Les insectes étaient alors incorporés à des pâtés pour oiseaux.

Il semble que cette activité ait été abandonnée car elle n’était pas assez concurrente par rapport à d’autres sources d’insectes d’élevages (blattes, criquets, grillons,...) ou également récoltés dans la nature (daphnies, couvain de fourmis). Par ailleurs, les populations d’éphémères auraient fortement régressé, peut-être à cause de la dégradation de la qualité des grands cours d’eau [2]. Dans quelques communes cependant, l’éclairage de nuit est réduit lors des soirs d’émergence pour éviter d’attirer les éphémères : une fois au sol, ils forment une épaisse couche de cadavres glissante et dangereuse pour les voitures.


[1] Voir pour la véritable mouche de Mai, qui vit en Mai : [Michel Brulin. Mouche de mai et grandes éphémères de France. Insectes n° 148, 2008(1):15-18.
[2] Nicolas Césard & Michel Brulin. Les mannes d’éphémères. Insectes n°160 2011(1):7-10.
Messages
28 août 2016, 23:07, par relion
ce jour 28aout 2016 ORCHAMPS jura à 22H une colonie de manne monstrueuse a envahi les lampes de notre camping en qq secondes .c’est immonde et puant le lendemain .Nous sommes régisseur de ce camping c’est la première année (depuis 16ans)qu’il y e a autant .