Pourquoi les punaises sentent-elles mauvais ?

Pourquoi les punaises puent ?

Pourquoi les punaises sentent-elles mauvais ?

Si vous avez déjà fait l’erreur d’écraser une punaise, vous vous souvenez probablement de leur terrible odeur. Eh oui, les punaises puent. Elles sentent mauvais pour se protéger contre les prédateurs lorsqu’elles sont attaquées ou lorsqu’elles se sentent stressées. Ce sont généralement les punaises de la famille des Pentatomidae (appelées punaises puantes en anglais) qui émettent cette odeur très désagréable souvent comparée à l’odeur de la coriandre. Les punaises émettent cette odeur via une glande située sous le thorax chez les adultes [1] et sur l’abdomen chez les larves [2]. Ces glandes produisent des composés aldéhydes et acétates [3], des molécules à l’odeur très tenace, et qui puent horriblement. Cette mauvaise odeur a pour effet de repousser leurs prédateurs potentiels [4] et aussi les humains qui veulent les écraser. C’est aussi pour cela que ces punaises possèdent souvent des couleurs très vives, pour signaler qu’elles sont toxiques et apprendre à leurs prédateurs potentiels qu’elles ne sont pas comestibles. Cette association entre couleurs vives et toxicité est appelée aposématisme par les scientifiques. Ces punaises ont d’ailleurs très peu de prédateurs (généralement seules les fourmis les mangent [5]), et c’est probablement ce qui les a aidé à conquérir tous les continents.

Macrophotographie d'une punaise nébuleuse (Rhaphigaster nebulosa) sur le dos. On distingue sur sa face ventrale la présence d'une longue épine qui part de la base de l'abdomen et remonte pour couvrir une partie du rostre.
Punaise nébuleuse, vue ventrale

Ces odeurs ont aussi d’autres fonctions : en plus de repousser les prédateurs, elles alertent les autres punaises qu’il y a un danger [6] et ont aussi un effet anti-microbien et anti-fongique [7].

Comment reconnaître les punaises qui sentent mauvais ?

Toutes les punaises ne sentent pas mauvais, par exemple les punaises de lit ne produisent pas d’odeur nauséabondes. Celles qui produisent des mauvaises odeurs sont généralement des punaises de la famille des Pentatomidés. Les punaises de la famille des Pentatomidés sont difficiles à reconnaître par leur couleur : la punaise du choux (Eurydema ventralis) est noire et jaune, la punaise diabolique (Halyomorpha halys) est beige, brune et noire, la punaise nébuleuse (Rhaphigaster nebulosa) est aussi beige jaunâtre et noire, les punaises arlequins (Graphosoma italicum, Graphosoma semipunctatum) sont rouges avec des traits ou des taches noires et la punaises verte (Nezara viridula), bien que totalement verte à l’état adulte, à des taches blanches, rouges, jaunes et noires à l’état larvaire. Par contre elles sont toutes de taille moyenne, souvent aux alentours d’un centimètre de long et ont un corps en forme de pentagone vu du dessus, d’où leur nom de Pentatomidae. D’autres critères peuvent aider à les identifier : leurs antennes sont composées de 5 articles contre 5 chez les autres familles de punaises de taille similaire (Coreidae et Lygaeidae, qui produisent aussi parfois des odeurs désagréables mais sont moins courantes) [8]. Les Pentatomidae possèdent aussi un scutellum (cette partie triangulaire à l’avant de l’abdomen entre les ailes) beaucoup plus développé que chez les autres familles de punaises.

Les autres punaises qui ne sentent pas mauvais sont souvent plus petites, comme le gendarme ou la punaise masquée.

Une punaise arlequin (Graphosoma italicum), appelée ainsi à cause des rayures noires et rouges que l'on voit sur son corps, se nourrit de graines de fleurs d'apiacées (fenouil?) dans un jardin à Paris.
Punaise arlequin se nourrissant de graines d’apiacées

De quoi se nourrissent les punaises qui sentent mauvais ?

On trouve souvent ces insectes sur les arbres fruitiers, principalement les pommiers et les poiriers. On trouve également ces punaises sur les céréales comme le maïs ou le soja, sur les choux et de nombreuses autres plantes du potager comme les tomates ainsi que les poivrons et les aubergines. Ces punaises se nourrissent principalement de la sève des plantes et parfois de leurs graines, elles prélèvent la sève sur les boutons floraux et le jeunes feuilles, ce qui peut légèrement retarder la pousse des plantes. Il n’existe pas de traitements contre ces punaises. Les insecticides, en plus d’être dangereux pour la santé, les animaux de compagnie et l’environnement, ne sont pas efficaces car ces punaises volent sur de longues distances.

Pourquoi ces punaises rentrent-elles dans les maisons en hiver ?

Pendant les mauvaises saisons, généralement l’automne et l’hiver, les punaises cherchent à se mettre à l’abri du froid en attendant le retour des beaux jours. Elles se mettent à la recherche d’endroits secs et chauds, le plus souvent dans les fissures des maisons, sous l’écorce des arbres et derrières les volets. Dans les vieilles maisons, les interstices au niveau des fenêtres et des portes leur permettent souvent de rentrer à l’intérieur. Et comme ces punaises se rassemblent pour augmenter leurs chances de survivre [9] et attire les autres punaises à l’aide de leurs phéromones, elles arrivent souvent en groupes.

Punaise verte (hémiptère, hétéroptère, Pentatomidae, Palomena prasina) avec l'arrière de l'abdomen sombre et les antennes rougeâtres, sur une feuille de fougère morte en forêt d'Adainville, Yvelines, Île-de-France.
Palomena prasina, une autre punaise verte

Comment se débarrasser des punaises puantes dans la maison ?

Lorsque l’on trouve une punaise dans la maison, mieux vaut éviter de l’écraser. Le plus simple et de la bloquer avec une boite en plastique et de glisser une feuille de papier sous cette boîte pour pouvoir la sortir et la relâcher à l’extérieur de la maison ou de l’appartement. Il faut, pour éviter que ces punaises rentrent à l’intérieur, s’assurer en automne et en hiver que les joints autour des fenêtres sont bien fermés et qu’il n’y a pas d’espace sous les portes et baies vitrées qui pourraient leur permettre de rentrer. Les insecticides, répulsifs et autres "barrages à insectes" ne sont généralement pas efficaces, même s’il est possible que certaines odeurs comme le vinaigre blanc ou le citron les repoussent.


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Notes et références

[1Ho, H. Y., & Millar, J. G. (2001). Compounds in metathoracic glands of adults and dorsal abdominal glands of nymphs of the stink bugs, Chlorochroa uhleri, C. sayi, and C. ligata (Hemiptera : Pentatomidae). Zoological Studies Taipei, 40(3), 193-198.

[2Pavis, C., Malosse, C., Ducrot, P. H., & Descoins, C. (1994). Dorsal abdominal glands in nymphs of southern green stink bug, Nezara viridula (L.)(Heteroptera : Pentatomidae) : Chemistry of secretions of five instars and role of (E)-4-oxo-2-decenal, compound specific to first instars. Journal of chemical ecology, 20(9), 2213-2227.

[3Pareja, M., Borges, M., Laumann, R. A., & Moraes, M. C. (2007). Inter-and intraspecific variation in defensive compounds produced by five neotropical stink bug species (Hemiptera : Pentatomidae). Journal of insect physiology, 53(7), 639-648.

[4Krall, B. S., Bartelt, R. J., Lewis, C. J., & Whitman, D. W. (1999). Chemical defense in the stink bug Cosmopepla bimaculata. Journal of Chemical Ecology, 25(11), 2477-2494.

[5Lockwood, J. A., & Story, R. N. (1986). Adaptive functions of nymphal aggregation in the southern green stink bug, Nezara viridula (L.)(Hemiptera : Pentatomidae). Environmental Entomology, 15(3), 739-749.

[6Lockwood, J. A., & Story, R. N. (1987). Defensive secretion of the southern green stink bug (Hemiptera : Pentatomidae) as an alarm pheromone. Annals of the Entomological Society of America, 80(5), 686-691.

[7Lopes, R. B., Laumann, R. A., Blassioli-Moraes, M. C., Borges, M., & Faria, M. (2015). The fungistatic and fungicidal effects of volatiles from metathoracic glands of soybean-attacking stink bugs (Heteroptera : Pentatomidae) on the entomopathogen Beauveria bassiana. Journal of invertebrate pathology, 132, 77-85.

[9Lockwood, J. A., & Story, R. N. (1986). Adaptive functions of nymphal aggregation in the southern green stink bug, Nezara viridula (L.)(Hemiptera : Pentatomidae). Environmental Entomology, 15(3), 739-749.



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