
Le crapaud accoucheur, Alytes obstetricans
Amphibiens, Anoures, Alytidae, Alytes obstetricans
mercredi 16 décembre 2015 à 22:54 par
Le crapaud accoucheur ou alyte accoucheur, Alytes obstetricans, est un crapaud aux moeurs très particulières : après avoir fécondé les oeufs, le mâle les garde fixés sur son dos jusqu’à leur éclosion !
Où vit le crapaud accoucheur ?
Le crapaud accoucheur ou alyte accoucheur (Alytes obstetricans) est un petit crapaud présent dans presque toute la France (absent de Corse) de manière assez localisée, dans le nord de l’Espagne et du Portugal, dans une partie de la Suisse, et dans le Sud de la Belgique et de l’Allemagne. On le trouve parfois jusqu’à 2000 mètres d’altitude.
Il vit à proximité des mares, des flaques et des étangs et parfois dans les cours d’eau à très faible débit et où il n’y a pas de poissons [1] [2] On le trouve dans les zones où la terre est meuble et où des pierriers et éboulis sont présents en nombre. On le trouve également dans des habitats perturbés ou créés par l’Homme comme les carrières, les abreuvoirs, les fontaines, les murets, les jardins... Le crapaud accoucheur passe sa journée principalement dans le sol, où il utilise des galeries préexistantes ou un réseau de galeries qu’il creuse lui-même pour se cacher et chasser. Les pattes avant sont adaptées à ce mode de vie, elles sont fortes et permettent au crapaud de creuser la terre. Il se sert de sa tête et de ses pattes arrière pour excaver la terre creusée hors du tunnel [3]. Il sort la nuit ou les jours pluvieux pour chasser de petits invertébrés, des insectes, des araignées et des limaces.
Macrophotographie d’un alyte accoucheur prise à Rocamadour dans le département du Lot :
Quel est le mode de vie du crapaud accoucheur ?
Le crapaud accoucheur passe l’hiver à l’abri du froid. L’hibernation prend fin autour du mois de Mars, et la reproduction s’étend de Mars jusqu’à la fin de l’été. Les crapauds accoucheurs peuvent s’accoupler plusieurs fois. Les mâles attirent les femelles en émettant un petit cri qui rappelle une note de flûte à bec.
Lors de l’accouplement, le mâle féconde les oeufs puis les enroule autour de ses pattes arrières. Les oeufs sont liés entre eux par une membrane, comme chez les autres crapauds. Le mâle peut porter jusqu’à trois pontes de différentes femelles en même temps [4]. C’est, en France, la seule espèce de crapaud chez laquelle le développement des oeufs se fait hors de l’eau. Le mâle porte les oeufs sur son dos durant environs un mois, en les humidifiant régulièrement dans des points d’eau. Lors de l’une de ces séances d’humidification, il libèrera finalement les jeunes têtards [5]. Lorsque le moment est venu, il attend calmement que les têtards aient quitté leurs oeufs et soient partis se cacher au fond de l’eau avant de retourner sur la terre ferme (voir la vidéo ci-dessous). Les têtards se développent durant l’automne, passent l’hiver dans l’eau où ils hibernent cachés dans la vase ou sous les souches et galets, puis sortent de leurs mares au début du printemps [6]. La longévité d’un crapaud accoucheur est généralement comprise entre 5 et 10 ans.
Crapaud accoucheur vu de dessus, photographié au bord d’une mare du département du Lot :
Vidéo du crapaud accoucheur pendant la ponte des oeufs, leur fixation sur le dos du mâle et l’éclosion des têtards :
Quelles sont les menaces qui pèsent sur l’alyte accoucheur ?
Ce crapaud est sensible à un champignon [7] du genre Batrachochytrium qui est responsable d’une partie du déclin mondial des populations d’amphibiens actuellement observé. Cette espèce est aussi susceptible de souffrir de la fragmentation et de la destruction de ses habitats. Le comblement des ornières et des fossés réduit considérablement le nombre de sites reproduction disponibles, tout comme l’assèchement de son habitat.
Le crapaud accoucheur est une espèce protégée en France mais aussi dans de nombreux autres pays européens. Sa capture, sa destruction et la destruction de son habitat sont formellement interdits, et les contrevenants s’exposent à de lourdes amendes et à des peines d’emprisonnement. Il figure également dans l’annexe II de la convention de Berne et dans l’annexe IV de la directive Habitats.
Références et définitions
[2] Jacob, J.-P., Percsy, C., de Wavrin, H., Graitson, E., Kinet, T., Denoë l, M., Paquay, M., Percsy, N. & Remacle, A. (2007) : Amphibiens et Reptiles de Wallonie. Aves – Raînne et Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (MRW - DGRNE), Série « Faune - Flore - Habitats » n° 2, Namur. 384 pp..
[3] Brown, L. E., & Crespo, E. G. (2000). Burrowing behavior of the midwife toads Alytes cisternasii and Alytes obstetricans (Anura, Discoglossidae). Alytes, 17(3-4), 101-113.
[5] Márquez, R. (1992). Terrestrial paternal care and short breeding seasons : reproductive phenology of the midwife toads Alytes obstetricans and A. cisternasii. Ecography, 279-288.
[7] Bosch, J., MartÄ±Ì nez-Solano, I., & GarcÄ±Ì a-ParÄ±Ì s, M. (2001). Evidence of a chytrid fungus infection involved in the decline of the common midwife toad (Alytes obstetricans) in protected areas of central Spain. Biological conservation, 97(3), 331-337.