Les méloés : des coléoptères bleus parasites

Coléptères ; Méloidae, Meloe


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Qu’est-ce qu’un méloé ?

Les méloés sont les insectes coléoptères du genre Meloe et de la famille des Meloidae. Les méloés adultes sont généralement de couleur noire, bleue ou rose, souvent irisé ou métallique d’apparence. L’espèce la plus courante au printemps est le méloé printanier ou méloé enfle-bœuf (Meloe proscarabaeus), mais il existe de nombreuses espèces en Europe, comme le méloé violet (Meloe violaceus) [1].

Les méloés femelles sont très grandes, mesurant jusqu’à 3cm. Les méloés femelles ont des antennes droites, sans segment recourbé au milieu. Les mâles, au contraire, ne mesurent pas plus d’un centimètre et demi et ont le bout des antennes coudées et à l’aspect presque enroulé. Les méloés mâles ressemblent fortement à de grosses fourmis.

Où vivent les méloés ?

Différentes espèces de méloés vivent à différents endroits, on retrouve 11 epèces en Europe et quelques autres en Amérique du nord. Les espèces Européennes sont Meloe proscarabaeus, Meloe violaceus, Meloe autumnalis, Meloe rugosus, Meloe mediterraneus, Meloe brevicollis, Meloe tuccius, Meloe cicatricosus, Meloe decorus, Meloe scabriusculus et Meloe ganglbaueri.

Le méloé printanier (Meloe proscarabaeus) et le méloé violet (Meloe violaceus), les deux espèces les plus courantes, se rencontrent dans toute l’Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale. On retrouve d’autres espèces, comme le méloé méditerranéen (Meloe mediterraneus) ou Meloe tuccius seulement sur le pourtour nord de la méditerranée. Le méloé rugueux Meloe rugosus se rencontre lui en Europe centrale.

D’autres espèces de Méloés vivent en Amérique du nord, comme Meloe impressus, Meloe campanicollis, Meloe americanus, Meloe laevis, ou Meloe angusticollis

Quand peut-on observer les méloés ?

Les méloés sont actifs hors des nids d’abeilles au tout début du printemps, lorsqu’il s’accouplent et que les femelles pondent leurs oeufs. Ils sortent généralement avant les premières espèces d’abeilles qu’ils parasitent. On peut les retrouver du moi de Février jusqu’à fin Mai, avec un pic d’activité généralement en Mars ou Avril, en fonction des températures [2].

Quel est le cycle de vie du méloé ?

Les méloés sont des parasites d’abeilles solitaires. Leur cycle de vie est complexe. Au printemps les mâles et femelles s’accouplent. Ils s’attachent l’un l’autre par le bout de leur abdomen, un peu comme les punaises ou les papillons. Les femelles ont un abdomen énorme leur donnant l’aspect d’une grosse fourmi bleue métallique ou d’une guêpe sans aile. Elles pondent des milieux d’oeufs dans un trou creusé dans le sol au pied des plantes dont elles se nourrissent.

Ces oeufs éclosent et donnent naissance à des larves de méloés appelés triongulins en raison de leurs pattes se terminant par trois griffes. Ces larves sont parasites d’abeilles solitaires comme les andrènes et les mégachiles. Les larves des méloés se regroupent sur les fleurs que visitent ces abeilles. Une fois en groupe, elles ressemblent vaguement à des abeilles femelles avec leurs abdomens rayés [3] et attirent les abeilles mâles en émettant des phéromones similaires à celles des abeilles solitaires femelles [4]. Les abeilles mâles s’approchent des triongulins pour s’accoupler. Les triongulins se fixent alors sur eux, et lorsque les mâles portant des larves de méloés rencontrent enfin une véritable femelle, les triongulins changent d’hôte et se fixent à la femelle. Les triongulins sont parfois nommés appelés "poux des abeilles” en raison de ce comportement [5]. Les femelles portant des triongulins les ramènent alors dans leurs nids, où les triongulins se laissent tomber et dévorent les réserves de pollen, de nectar et les larves de l’abeille.

Pourquoi les méloés parasitent-ils les abeilles solitaires ?

Les méloés ont probablement évolué comme parasites des abeilles car celles-ci sont très communes. De plus, elles amassent du pollen et du nectar dans leurs nids. Le pollen est très riche en protéines et le nectar en sucre, ces réserves sont donc très nutritives et de nombreux insectes les convoitent. Une fois dans le nid des abeilles solitaires, les triongulins sont aussi protégés par les parois que les abeilles solitaires construisent avec de l’argile, des brindilles, des feuilles ou de la résine. Cela réduit fortement leurs chances de se faire manger par un prédateur.

Les méloés sont-ils des fourmis ?

Non, bien que la forme du corps des méloés puisse rappeler celui d’une reine fourmi, les méloés ne sont pas des fourmis. Les fourmis sont des insectes de l’ordre des hyménoptères, comme les guêpes, alors que les méloés sont des insectes de l’ordre des coléoptères comme les coccinelles et les scarabées. De plus, les méloés sont souvent grands et de couleur bleue métallique, des couleurs très rares chez les fourmis. Seules quelques fourmis d’Australie sont bleue iridescentes, et aucune fourmi présente en France ou au Canada n’est bleue.

Voici quelques macrophotographies d’un méloé femelle parasite des abeilles du genre Anthophora :

Cette photographie macro montre un méloé femelle vu de face. Cet insecte est de couleur noir et bleu métallique, avec de fines ponctuations sur la tête.
Méloé femelle
Meloe proscarabaeus femelle. Cette photo montre un méloé femelle, un insecte noir et bleu métallique commun au printemps qui ressemble à une énorme fourmi. Celui-ci marche sur des feuilles mortes.
Méloé femelle cf Meloe proscarabaeus

Que mangent les méloés ?

À l’état adulte, les méloés adultes sont herbivores. Ils sont considérés comme nuisibles dans certains endroits car ils mangent les cultures de blé, fève, pois, luzerne, oignon mais se nourrissent principalement de plantes sauvages [6]. Les dégâts sont généralement minimes et les méloés sont rares dans certaines régions. Ces insectes sont même protégés en île de France, dans le cas du méloé printanier. À l’état larvaire, les triongulins se nourrissent de pollen, nectar et de larves d’abeilles.

Cette femelle méloé est en plein repas dans la lisière d’une forêt :

Ce méloé adulte mange une feuille dans une forêt.
Méloé adulte
es méloés adultes se nourrissent de feuilles de différentes plantes. La nourriture de ce méloé est une plante forestière non identifiée.
Un méloé mangeant une feuille

Quels sont les parasites et prédateurs des méloés ?

Malgré leur cuticule épaisse, les méloés ont eux aussi des prédateurs et parasites. On peut observer de petites mouches parasites de méloés sur la tête du méloé ci-dessous. On sait très peu de choses des parasites des méloés ou de leur mode de vie :

Macrophotographie d'une mouche parasite sur la tête d'un méloé adulte appartenant probablement à l'espèce Meloe proscarabaeus.
Mouche parasite sur la tête d’un méloé

Les méloés sont aussi probablement mangés par certains oiseaux et les reptiles, ainsi que par certains mammifères omnivores comme les sangliers ou les rongeurs.

Comment se défendent les méloés ? Les méloés sont-ils dangereux pour les humains ?

Lorsqu’ils se sentent en danger, les méloés éjectent par la bouche et les articulations de leurs pattes un liquide contenant de la cantharidine [7]. Ce liquide huileux est à base d’hémolymphe, le sang des insectes. Il est de couleur jaune à orange et il est très irritant pour la peau humaine à cause de la cantharidine qu’il contient et peut causer l’apparition de cloques ou d’ampoules [8]. C’est d’ailleurs ce liquide qui a donné son nom au méloé. En latin, "Mel" signifie miel, et le suffixe "loé" provient probablement du mot latin "oleum" signifiant huile. Le liquide produit par le méloé étant jaune et épais, il est facile de deviner d’où est venu l’idée de l’appeler méloé. Son surnom de méloé enfle-boeuf est lui aussi probablement dû à l’effet de la cantharidine qui pourrait causer des intoxications chez les bovins ainsi que chez les chevaux. Les intoxications sont généralement dues à la contamination de ballots de luzerne, et les animaux qui ont été intoxiqués en mangeant de la luzerne refusent généralement d’en manger après [9].

Les méloés ne sont pas dangereux pour les humains tant qu’on ne les touche pas et qu’on ne les mange pas. Sinon, ils peuvent provoquer des cloques sur la peau et des intoxications. Mieux vaut donc les observer de loin.


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Notes et références

[1Vitali, F. (2012). Les espèces de Meloe L., 1758 au Grand Duché de Luxembourg (Coleoptera Meloidae). L’Entomologiste, 68(1), 49-52.

[2Données iNaturalist du 08/10/2024.

[3Hafernik, J., & Saul-Gershenz, L. (2000). Beetle larvae cooperate to mimic bees. Nature, 405(6782), 35.

[4Saul-Gershenz, L. S., & Millar, J. G. (2006). Phoretic nest parasites use sexual deception to obtain transport to their host’s nest. Proceedings of the National Academy of Sciences, 103(38), 14039-14044.

[5Malgré le surnom de poux des abeilles, les triongulins ne doivent pas être confondus avec les mouches sans ailes du genre Braula qui parasitent les abeilles sociales.

[6Wael, E. E. S., & Ahmed, I. E. T. (2020). The blister beetle Meloe proscarabaeus (Coleoptera : Meloidae) a dangerous pest threatens field crops in New Valley Governorate, Egypt.

[7Ce comportement est parfois qualifié d’autohémorrhée, c’est à dire la libération délibérée de sang ou d’hémolymphe (sang des insectes) hors du corps. On retrouve ce comportement chez le crache-sang.

[8Aussi appelé liquide vésicant.

[9Niles, G. A., Edwards, W. C., & Morgan, S. (2001). Case report : Blister beetle poisoning (cantharidiasis) of dairy and beef cattle. The Bovine Practitioner, 166-168.


Vos commentaires et questions:

  • Le 13 mai 2023 par louise guire :

    Bonjour ! Merci pour les infos tout d’abord, cependant je ne suis pas sûr de la véracité de l’info sur les coléoptères rose ! En tout cas je n’en trouve aucune trace autre part.


    • Réponse du 15 mai 2023 par Théo :

      Bonjour.

      merci pour votre retour. Pas de méloé rose en France mais il en existe des roses ailleurs, en particulier Pseudomeloe magellanicus. Il y en a même des très colorés un peu partout dans le monde, cette page a de nombreuses photos : Méloés sur INaturalist. En France les méloés sont surtout noirs, bleus, ou violets. Il y a quelques espèces brunes ou en partie oranges aussi.

      Bien cordialement



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