La (très) malodorante punaise verte

Hemiptera, Heteroptera, Pentatomidae, Nezara viridula & Palomena prasina

La célébrité de Nezara viridula, due au fait que cette punaise est présente sur une grande partie du globe (on parle d’espèce cosmopolite) et se nourrit de très nombreuses plantes cultivées, lui a valu de très nombreux surnoms [1]. Elle est ainsi appelée punaise verte puante, punaise verte des légumes, punaise verte de la citrouille, punaise des tomates, punaise verte indienne, punaise du cotton et enfin (ouf !) punaise verte du soja. Cette espèce est parfois confondue avec une autre punaise verte, Palomena prasina [2]. Malgré son surnom de punaise indienne, elle est probablement originaire d’Ethiopie [3], d’où elle se serait rapidement répandue grâce à ses capacités de vols et au commerce international.

Juvénile de punaise verte au dernier stade larvaire (sixième stade). Macrophotographie sur fond blanc.
Nezara viridula

La punaise verte est un insecte volant que l’on trouve dans de nombreux jardins potagers, et qui attaque en particulier les tomates, les aubergines, les poivrons, les haricots, les cucurbitacées (citrouilles, melon, concombre,...) et le soja. Il s’agit donc d’un insecte polyphage et phytophage. La piqûre de la punaise, nécessaire à son alimentation, se traduit par des tâches jaunâtres ou des déformations sur les fruits et légumes. Sur les bourgeons et les feuilles, le prélèvement de la sève dont se nourrissent les punaises vertes peut entraîner des dessèchements et des flétrissements.

Juvénile de punaise verte au dernier stade larvaire. Photo de profil, on distingue le rostre de couleur pâle, situé sous la tête, qui sert à piquer les plantes et légumes pour prélever leur sève.
Nezara viridula

Les adultes passent l’hiver à l’abri, c’est aussi pour cela qu’ils rentrent parfois dans les maisons en automne. Au printemps, dès le mois d’Avril, les adultes commencent à se reproduire. Ils sortent de leurs abris et les femelles commencent à pondre leurs oeufs sous les feuilles de plantes hôtes. Elles les pondent par plusieurs dizaines, en groupe, les uns à côté des autres. Les oeufs sont de couleur blanc cassé. Quelques jours avant l’éclosion, les oeufs prennent une couleur légèrement plus foncée. Les jeunes sortent puis restent quelques heures ou quelques jours sur les oeufs vides avant de se disperser pour rejoindre les plantes dont ils se nourrissent.

Durant les premiers stades, les larves de punaises sont noires avec des taches blanches. Au fur et à mesure de leur croissance, les punaises juvéniles s’éclaircissent et arborent des taches de couleurs rouges, brunes, roses, jaunes, et oranges, comme sur les photos de l’article. Le développement larvaire dure environs un mois, et varie en fonction de la température. Les adultes, eux, sont presque uniformément vert avec quelques ponctuations noires. Ils vivent plusieurs mois.

Juvénile de punaise verte au dernier stade larvaire. Punaise de face en train de se nettoyer une antenne à l'aide de peignes (ou "griffes") présents sur les tarses.
Nezara viridula

La punaise verte dégage une mauvaise odeur lorsqu’elle est dérangée, ou écrasée. C’est pourquoi écraser une punaise verte n’est jamais une bonne solution de s’en débarrasser, sauf si vous souhaitez transporter son odeur sur vos chaussures toute la journée, ou être obligé d’aérer votre appartement pendant des heures...

Punaise verte, Nezara viridula, vue du dos pendant que cette punaise verte monte sur des fleurs de graminées, photo sur fond noir.
Nezara viridula, punaise verte adulte
Didier Descouens (2013) CC BY-SA 3.0

Lorsqu’elles rentrent dans les maisons ou les appartements, la meilleure astuce pour s’en débarrasser est de les capturer à l’aide d’un gobelet et d’une feuille de papier et de les relâcher un peu plus loin dehors.

Larve de la punaise verte au troisième stade larvaire de son développement.
Juvénile de Nezara viridula

La lutte biologique contre la punaise verte peut se faire à l’aide d’une petite guêpe solitaire qui parasite les oeufs de Nezara viridula. Ce minuscule insecte parasitoïde peut être relâché en masse sur les cultures afin de limiter les infestations de punaises vertes dans les champs [4]. D’autres espèces de parasitoïdes moins étudiées appartenant aux genres Ooencyrtus, Telenomus, et Gryon ainsi que certaines espèces de mouches de la famille des Tachinidae offrent actuellement d’autres pistes de lutte biologique contre la punaise verte [5].

Il n’existe pas de traitement chimique efficace qui soit autorisé à la vente [6], mais la capture à la main (avec des gants !) de ces punaises permet de les éliminer efficacement.

Une autre espèce de punaise verte, morphologiquement proche de Nezara viridula. Il s’agit de Palomena prasina, qui appartient elle aussi à la famille des Pentatomidae. Les deux espèces ne sont pas forcément faciles à différencier, mais Palomena prasina n’a jamais de bande jaune à l’avant du pronotum et l’arrière de ses ailes est très sombre (forêt d’Adainville, Yvelines, Île-de-France) :

Punaise verte (hémiptère, hétéroptère, Pentatomidae, Palomena prasina) avec l'arrière de l'abdomen sombre et les antennes rougeâtres, sur une feuille de fougère morte en forêt d'Adainville, Yvelines, Île-de-France.
Palomena prasina, une autre punaise verte

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Notes et références

[1Todd, J. W. (1989). Ecology and behavior of Nezara viridula. Annual review of entomology, 34(1), 273-292.

[2Page sur les punaises vertes et leur identification sur le site aramel.

[3Hokkanen, H. (1986). Polymorphism, parasites, and the native area of Nezara viridula (Hemiptera, Pentatomidae). In Annales Entomologici Fennici (Vol. 52, No. 1, pp. 28-31).

[4Colazza, S., & Bin, F. (1995). Efficiency of Trissolcus basalis (Hymenoptera : Scelionidae) as an egg parasitoid of Nezara viridula (Heteroptera : Pentatomidae) in central Italy. Environmental entomology, 24(6), 1703-1707.

[5Jones, W. A. (1988). World review of the parasitoids of the southern green stink bug, Nezara viridula (L.)(Heteroptera : Pentatomidae). Annals of the Entomological Society of America, 81(2), 262-273.

[6INRA. 2004. La punaise verte Nezara viridula (L.) (Hémiptère Pentatomidae). Edition Ctifl. 4p. PDF


Vos commentaires et questions:

  • Le 5 juillet 2016 par devalle :

    Y a t-il un traitement pour éviter la prolifération de ces punaises qui piquent toutes les tomates ?

    Pour le moment, moi je les écrase avec les doigts mais celà est très difficile.


    • Réponse du 6 juillet 2016 par La fourmi :

      Bonjour,

      voici un document à ce sujet qui devrait vous éclairer pour vos problèmes de punaises vertes sur les tomates :

      h t t p : / / w w w .haute-garonne.chambagri.fr/IMG/pdf/Fiche_punaise.pdf

      Cependant à petite échelle le mieux est probablement de continuer à les chasser à la main. Pour aller plus vite utilisez un gros pinceau et faites les tomber dans une boite.

      Bien cordialement



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