Publié le 22 septembre 2014 et mis à jour le 18 octobre 2024.
Les Strongylognathus, des fourmis qui parasitent d’autres fourmis
Hymenoptera ;Formicidae ;Strongylognathus testaceus

Le genre Strongylognathus contient des espèces de fourmis qui sont des parasites sociaux de fourmis du genre Tetramorium [1]. Ces fourmis se distinguent en particulier des Tetramorium par leurs mandibules lisses et pointues, en forme de sabres. Trois espèces sont présentes en France : Strongylognathus testaceus, Strongylognathus alpinus et Strongylognathus huberi [2]. Strongylognathus testaceus (sur les photos de l’article) possède une forte échancrure à l’arrière de la tête, ce qui n’est pas le cas chez les deux autres espèces. Les Strongylognathus ont évolué au sein du groupe des Tetramorium, ce qui est courant chez les espèces de fourmis parasites.


Ces fourmis sont, comme les fourmis amazones, des fourmis esclavagistes. Cela signifie que les colonies de Strongylognathus effectuent des raids dans les nids des fourmis du genre Tetramorium pour leur voler des nymphes et des larves. Les Tetramorium adultes issus de ces raids servent alors les Strongylognathus. Peu d’observations ont permis de mettre en évidence l’activité de raids de vol de nymphes et de larves de Tetramorium par les Strongylognathus. En effet, les raids auraient lieu durant la nuit [3] [4].
De plus, il semblerait que S. testaceus n’effectue que peu de raids (il y a peu d’ouvrières S. testaceus dans les nid de Tetramorium, par comparaison avec les autres espèces du genre Strongylognathus). Cette espèce se rapproche donc de certaines fourmis parasites chez qui les ouvrières sont complètement absentes (comme Anergates atratulus ou Teleutomyrmex schneideri) [5].

Malgré le faible nombre d’observations, il semblerait que dans certains cas au moins les reines Strongylognathus testaceus cohabitent avec la reine de Tetramorium [6], tout en l’empêchant de produire des mâles et des femelles reproductrices [7].


Articles liés
-
Chasser les fourmis de la maison
Comment se débarrasser des fourmis qui rentrent dans la maison ? voici des conseils et astuces simples qui marchent vraiment pour éviter les problèmes de fourmis dans les maisons et appartements.
-
Les fourmis presque légionnaires d’Australie
Les fourmis légionnaires chassent en faisant des "raids", où plusieurs dizaines de milliers de fourmis se suivent pour aller chasser au même endroit. Celles d’Afrique et d’Amérique du Sud forment d’immenses colonies et sont bien connues des scientifiques. Mais il existe en Australie des fourmis moins bien connues au comportement semblable. Celles-ci, contrairement aux fourmis légionnaires, ne forment que de très petites colonies. Récemment, des scientifiques ont montré qu’elles seraient proche de la forme ancestrale des fourmis légionnaires. Voici ce que l’on sait d’elles, et de rares vidéos montrant leur comportement.
-
L’isodonte mexicain sème la terreur chez les sauterelles
Il ne s’agit pas d’une nouvelle forme de transport aérien pour sauterelles : l’isodonte mexicain ramène des Orthoptères paralysés dans son nid pour les jeter en pâture à ses larves affamées.
Notes et références
[1] Tinaut, A., Ruano, F., & Martinez, M. D. (2005). Biology, distribution and taxonomic status of the parasitic ants of the Iberian Peninsula (Hymenoptera : Formicidae, Myrmicinae). Sociobiology, 46(3), 449-489.
[2] Casevitz-Weulersse, J., & Galkowski, C. 2009. Liste actualisée des fourmis de France (Hymenoptera, Formicidae). Bulletin de la Société entomologique de France, 114(4), 475-510.
[3] Sanetra, M. & A. Buschinger. 1996. Slave raiding behaviour in socially parasitic Strongylognathus ants (Hymenoptera, Formicidae). Proceedings XX international Congress of Entomology. Firenze. in Tinaut et al. 2005
[4] Sanetra, M. & R. Gasten. 2001. The socially parasitic ant genus Strongylognathus Mayr in North Africa (Insecta : Hymenoptera : Formicidae). Zootaxa, 20:1-20.
[5] Sanetra, M., & Buschinger, A. (2000). Phylogenetic relationships among social parasites and their hosts in the ant tribe Tetramoriini (Hymenoptera : Formicidae). European Journal of Entomology, 97(1), 95-118.
[6] Sanetra, M., Gasten, R., & Schulz, A. 1999. On the taxonomy and distribution of Italian Tetramorium species and their social parasites. Memorie della Societe entomologica italiana, 77:317-357.
[7] Wheeler, W.M. 1910. Ants, their structure, development and behavior. Columbia University Press, New York, 663 pp. in Tinaut et al. 2005